{22} La Clef En Or

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Jean se tenait sur le seuil de la porte. Quand Mikasa lui ouvrit, il écarquilla ses yeux noisettes d'inquiétude. 

— Mikasa, qu'est-ce qu'il t'arrive ? se précipita-t-il en la prenant par les épaules.

La jeune fille passa sa manche sur ses yeux larmoyants.

— Rien, rien… Mais toi, que fais-tu ici au lieu d'être à ta fête ?

— Je m'inquiétais pour toi, tu ne répondais pas au téléphone !

Mikasa tourna la tête en se remémorant la tristesse qu'elle avait ressentit quand Eren n'avait pas décroché. D'autres larmes coulèrent sur ses joues alors qu'elle se réfugiait dans les bras de Jean.

— Je suis désolée… hoqueta-t-elle. Je suis sincèrement désolée !

Jean la serra contre lui en lui disant qu'elle n'avait pas à l'être pour un simple appel manqué. Mikasa se retint de lui avouer que ce n'était pas pour cela qu'elle s'excusait, mais plutôt à cause de ses sentiments qui n'étaient pas réciproques...

En s'écartant, elle s'attarda enfin sur le costume de Jean. Il était affublé d'une armure, d'un casque et même d'une côte de maille. Mikasa esquissa un sourire éphémère et releva les yeux vers lui.

— Je le savais, déclara-t-elle.

— Depuis longtemps…? bredouilla Jean.

— Depuis ta seconde lettre. Tu essayais de te rapprocher de moi en même temps, j'ai bien vite fait le lien.

— Et tu n'as rien dit ?

Des rougeurs apparurent aux joues de Mikasa et redonnèrent par la même occasion couleurs et lumière à son triste visage.

— C'est que, mine de rien… Je les aime beaucoup, tes lettres.

Jean sentait son petit cœur s'envoler à ces paroles. Mikasa quant à elle, jeta un coup d'oeil à l'heure, et demanda soudain :

— Il n'est pas trop tard pour venir à ta fête ?

— Elle n'attend que toi ! s'exclama Jean, plein d'espoir.

La jeune fille plissa ses yeux de gratitude en lui disant de l'attendre, qu'elle ne serait pas longue. Elle partit alors en direction de la salle de bain pour essayer d'arranger son allure. Ses courts cheveux n'était qu'un amas d'épis tandis que son visage, dépourvu de maquillage, semblait bien trop fatigué. Elle n'avait rien de la Mikasa Ackerman que tous connaissaient au lycée, radieuse au possible et en toutes circonstances, semblable à une jolie poupée. 

Voilà ce dont elle avait l'air, au final : une poupée, bien apprêtée, bien coiffée, bien maquillée. Tous ces artifices, Mikasa s'en servait pour plaire, pour paraître « féminine », pour faire comme les autres filles. Mais au fond, avait-elle une seule fois pris du plaisir à se lever si tôt le matin dans le but dérisoire de se barbouiller la face de fond de teint, de poudres et de fards ? Pourtant elle redoublait chaque jours d'effort pour se faire belle, car lorsque l'envie lui prenait d'arrêter, une horrible voix lui murmurait qu'on la rejetterait.

Et que disait-elle, cette voix, aujourd'hui ?

Plus rien. Elle s'était tu à l'instant même où Jean avait posé son regard bienveillant sur Mikasa.

Finalement, lui s'en moquait bien de ses cernes, ses yeux rouges et gonflés, ou encore de ses points noirs sur le nez. Face au miroir auparavant accusateur, Mikasa souleva ses joues dans un sourire, pour se donner du courage. Un jour peut-être, elle enverrait tout valser. Un jour où elle se sentirait pousser des ailes, un jour où Jean Kirstein serait là pour le lui rappeler…

𝐿𝑎 𝑆𝑦𝑚𝑏𝑖𝑜𝑠𝑒 𝚅𝚎𝚛𝚜𝚒𝚘𝚗 🅢︎🅝︎🅚︎ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant