Dans un monde où tout est régit par l'amour, Mikaela n'a pas d'autre choix que de se plier à son destin. Pour une fille qui ne croit pas en l'amour ou du moins qui n'aime pas se plier aux bons vouloir des autres, à ses 17 ans elle doit pourtant croi...
La brune s'était penchée pour ramasser le cahier devant le regard inquiet de la nouvelle. Elle avait regardé le croquis d'elle-même lisant un livre plusieurs minutes alors que tous ses camarades avaient déjà quitté la salle de classe. Neal, derrière elle, regardait par-dessus son épaule en lâchant un juron. Les yeux de la jeune femme s'étaient écarquillés alors qu'elle entreprenait de tourner les pages du cahier qu'elle s'autorisait à être un carnet de dessin.
La nouvelle ne disait rien, se contentant de rester à l'écart. Mikaela relevait plusieurs fois le regard vers cette dernière, se demandant si elle devait avoir peur et s'énerver ou au contraire trouver ça flatteur et la féliciter pour son talent. Parce que, oui, il fallait bien avouer que la jeune femme aux cheveux noirs de jais avait un excellent coup de crayon. Les croquis se succédaient et aucun n'avait l'air trop "intime" bien qu'ils aient été fait à son insu. La plupart avaient été dessinées quand elle lisait, qu'elle mangeait ou encore quand elle était en classe. Il y en avait même certains sortis tout droit de l'imagination de la nouvelle, capturant l'essence de Mikaela en plusieurs créatures surnaturelles.
Un "putain de merde" bien distinct s'était fait entendre par-dessus l'épaule de la brune quand elle était tombée sur le croquis de Neal. Son ami lui avait pris le carnet des mains, regardant ce dessin de plus près avant de se rapprocher vers la nouvelle et de lui plaquer ce dernier sur son buste assez violemment.
- C'est quoi ton problème ?!
La nouvelle avait baissé les yeux, ne disait rien, encore une fois. Mais, contrairement à plus tôt dans la journée, elle n'avait même pas pris la peine de s'excuser. Mikaela avait perdu ses mots et était fatiguée de s'être énervée aujourd'hui. C'était sans un mot ni un regard qu'elle passait devant sa camarade, attrapant la main de son meilleur ami pour se diriger vers la sortie. Elle avait du le tirer plusieurs fois avant que ce dernier ne se laisse emmener hors de la classe. Mikaela n'avait pas dit un mot, écoutant à demi son meilleur ami s'énerver à côté d'elle.
- Elle se prend pour qui ?! C'est quoi son problème ?! Qui lui a permis de faire des trucs comme ça !!
Elle ne savait pas quoi lui répondre. Bien sûr, elle partageait son point de vue, elle n'avait pas à faire ce genre de chose, c'était... Flippant. Mais, d'un autre côté, elle dessinait très bien, même si ce n'était pas réellement le sujet à cet instant. Les deux amis ne comprenaient pas sa façon de penser, pourquoi elle faisait ça, si elle était dangereuse ou non. Après tout, pour le moment elle se contentait de portrait fait de loin mais, que se passait-il si elle en avait marre et qu'elle voulait des portrait plus... Intime ? Si jamais elle voulait dessiner Mikaela dans son sommeil, est-ce qu'elle serait prête à entrer par effraction chez elle ? Est-ce que les deux amis devaient parler de tout ça au proviseur ou à leurs parents ? Ce n'était pas comme si la mère de Mikaela allait croire de toute manière.
- Attends tu te fous de moi ? Ce matin encore t'étais prête à la démolir devant le lycée entier et là tu voudrais que je laisse tomber ?
- Oui mais justement ! Et c'est toi qui m'a dit de laisser tomber !
La jeune femme s'était arrêtée d'un coup sec, se situant devant son ami, l'air sévère. Elle ne savait pas comment réagir face à ce genre d'évènement. Mais elle savait que, même si elle s'énervait par rapport à ça, elle ne s'arrêterait pas de dessiner pour autant.
- On ne fera rien contre elle tant qu'on ne sait pas ce qu'elle veut
Neal avait passé la main droite dans ses cheveux en soufflant, signe qu'il était agacé mais, finalement, il abdiquait. Après un léger signe de la tête, il commençait à avancer. Son bras avait entouré Mikaela alors qu'ils commençaient à rentrer chez eux.
Ils s'étaient séparés devant leurs maisons respectives après une longue étreinte qui se développait tant de bien à Mikaela. La mère de la brune n'était pas là, comme d'habitude. La jeune femme fermait la porte à clé et se précipitait dans sa chambre où elle attrapait son journal intime et commençait à noter tous les événements de la journée allongée sur son lit.
Mordillant le bout de son stylo, couchée sur le ventre, son esprit divaguait. Elle se remémorait l'intensité des yeux bruns d'Adriana, sa douce voix apeurée, ses longs cheveux raides. Ces images ne doivent pas s'envoler de sa mémoire. C'était comme si ces détails s'étaient immiscés au plus profond de son être.
Après un long soupir, la brune refermait son journal et allait s'asseoir sur le rebord de sa fenêtre, regardant le ciel d'un air rêveur. Elle se demandait si cette jeune femme n'était pas là pour une bonne raison. Peut-être que c'était son nom qui était censé figurer sur le carton qu'elle avait reçu quelques temps plus tôt. Mais, si c'était le cas, pourquoi était-il vierge ? Pourquoi aucun nom n'avait été écrit ? D'ailleurs, Mikaela n'avait jamais été créée par les femmes. A vrai dire, elle n'avait jamais été créée par qui que ce soit. Sauf peut être...
Son meilleur ami.
Elle ne l'assumerait pas à voix haute bien sûr mais elle s'était déjà demandée à plusieurs reprises ce que ça fonctionnait s'ils se mettaient ensemble, s'ils décidaient de faire leurs vies à deux. Ne jamais se lâcher. Sauf que ça leur était impossible. Ca faisait maintenant 60 ans que le système des âmes sœurs était et personne opérationnelle ne pouvait y échapper. Il n'y avait que les arrière-grands-parents de la jeune fille qui avaient plus lui raconter comment était la vie amoureuse avant ça. Bizarrement, pendant leurs récits, Mikaela se surprenait à rêver d'une romance comme dans les livres sans jamais se l'autoriser à cause de son manque de confiance et sa méfiance.
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