Chapitre 1 - Un nouveau voisinage

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C'est parti mon kiki !

Chapitre 1 : Un nouveau voisinage

— Neelam, est-ce que tu pourrais venir m'aider ? répété-je d'une voix agacée.

Une petite tête brune apparut derrière le canapé, encore chargé dans le camion. Un coffre à jouets aussi gros qu'elle dans les mains, elle zigzagua entre les nombreuses piles d'objets qui se trouvaient sur son passage et sortit me rejoindre. Elle sauta tant bien que mal sur le trottoir et s'arrêta, les bras tendus. Je regardai autour de moi, saisit un des cartons les plus légers et le posa au-dessus de sa boîte. Sans tarder, elle repartit vers la porte de la maison ouverte pour un énième aller-retour. Je m'assurai qu'elle ne se trompait pas de chemin, et repris la fouille minutieuse de ce qu'il reste à décharger.

Mes mains agrippèrent un miroir poussiéreux. Je passai une main sur sa surface où mon reflet parvenait à peine à apparaître. Le nuage de poussière qui vola tout autour me fit éternuer. Foutues allergies. Je devrais faire avec. La majorité de ce que contenait ce camion sentait le vieux, le renfermé et la poussière. Ce n'était pas idéal, mais c'était un début. Ce déménagement, c'était la chance d'une nouvelle vie. Heureusement, celle-ci serait meilleure que celle que nous avions connu avant. Après quinze années compliquées, j'avais décidé de nous offrir mieux. Enfin, à la hauteur de nos moyens.

Notre nouvelle maison ne payait pas de mine. La façade était abîmée, il manquait des tuiles sur le toit et le vendeur nous avait dit qu'il y avait une fuite dans les toilettes. Ce n'était pas pour rien qu'elle était la moins chère du quartier. Ebott City proposait des réductions aux humains qui voulaient s'installer dans le quartier historique de la ville, au plus proche de la montagne. Comme toujours, il n'y avait pas eu foule au portillon. Cette partie de la ville était peuplée en majorité de monstres, contrairement aux banlieues, plus mixtes. Les humains étaient frileux de se mêler à cet autre peuple. Pour ma part, je n'avais rien contre eux. Ils étaient là depuis plus de huit ans maintenant, il était temps que les râleurs se fassent une raison.

Et puis, je devais la vie à ces monstres. Les dernières années, je les avais passées avec une femme lapin et de ses dix-sept garnements. Dans le cadre de l'insertion des monstres à leur sortie de la montagne, un programme de famille d'accueil avait vu le jour. On avait refilé tous les orphelins « invendables » pour libérer de la place. Orpheline à l'âge de treize ans, je faisais partie de ceux-là. Personne ne voulait d'une adolescente. On préférait les nourrissons, comme Neelam à l'époque, ma petite sœur. Oh, ils avaient essayé de nous séparer, mais j'ai toujours refusé. Ne sachant que faire de nous, ils nous ont laissé au soin d'une de ces familles d'accueil nouvelle génération. Comme le disais ma « maman d'adoption », deux de plus ne pouvaient pas faire de mal. Dès que j'ai eu vingt-et-un ans, le mois dernier, j'ai décidé de prendre mon indépendance. Fière de moi, elle avait insisté pour payer le loyer jusqu'à ce que je trouve un travail et de m'offrir quelques vieux meubles dont elle ne se servait plus pour aider. Je lui en étais extrêmement reconnaissante. Elle avait été d'un grand soutien toutes ces années, bien plus que l'avait été ma propre mère en treize ans.

C'était elle qui m'avait aiguillé vers cette maison. La rue était tranquille et se terminait en cul-de sac. J'avais trois voisins : une maison à gauche de la mienne, une autre qui fermait la rue, et celle en face de chez moi. Il y avait même un petit parc avec un étang. Les monstres construisaient grands, si bien que chaque habitation était pourvue d'un grand jardin et d'un étage. C'était plus que ce que j'espérais, peu importe l'état de l'intérieur. Le panorama n'était pas non plus des plus désagréables : nous nous trouvions à seulement quelques mètres de la montagne. Le sentier qui permettait de monter vers les Souterrains, dont j'avais tant entendu parler, commençait au bout de la rue. J'espérais trouver le temps d'y aller. Depuis le temps que Neelam le réclamait. Je n'avais jamais osé demander à ma tutrice de nous y emmener, de peur qu'elle le prenne mal. De ce que j'avais compris, certains monstres refusaient de mentionner quoi que ce soit de leur vie d'avant, comme si mentionner le nom de la montagne pouvait raviver les mauvais souvenirs. Quelque part, je pouvais comprendre. Moi-même avait de nombreux mauvais souvenirs que j'espérais enfouir à jamais.

Souviens toi des jours heureux | Fanfiction UndertaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant