[ Rideau ]

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À: milky
De: tsukichimakei
ENVOYÉ LE 29/01 À 17H24
Objet: Hey

Salut Kageyama,
Bon, j'imagine que tu dois me détester, ce qui serait logique étant donné les circonstances. Je ne sais même pas par où commencer avec tout ça, alors je vais tout simplement démarrer par des excuses. Même si je sais que le terme est inapproprié, et peut-être devrais-je le faire en personne, mais tu n'as sans doute pas envie de voir ma gueule alors c'est comme ça.

Bref. Je n'arrête pas de repenser à notre conversation sur le parking et à ce que tu as dis sur ce dont je t'ai privé. Et j'ai vraiment la sensation de t'avoir pris quelque chose d'énorme. Je crois que je refusais de l'assumer à ce moment, mais maintenant avec le recul, je n'arrive pas à croire que j'ai pu te faire ça. Tout ça. Le chantage, car tu as raison c'était du chantage. Et le post sur Tumblr. Je ne sais pas si tu t'en es rendu compte, mais c'est moi qui l'ai retiré avant que les modérateurs aient pu s'en occuper. Je sais que ça n'arrange rien, mais je tenais à ce que tu le saches. Je me sens coupable à en crever, et je ne vais même pas te demander de me pardonner. Je veux seulement que tu saches combien je regrette.

Je vais essayer de tout t'expliquer, mais ça te semblera sans doute stupide, probablement parce que ça l'est. Il faut d'abord que tu saches que je ne suis pas homophobe, et que je pense sincèrement que les gays sont géniaux ou normaux ou tout ce que tu veux. Donc voilà, c'est cool et tout.

Bref. Mon grand frère a fait son coming out cet été, juste avant de repartir pour l'internat, et ça a fait toute une histoire dans ma famille. Mes parents essaient d'en faire quelque chose d'exceptionnel, du coup la maison est devenue une sorte de paradis gay. Ce qui est très bizarre, puisque mon frère n'est même pas là, et qu'il n'en parle jamais, même quand il rentre à la maison. Avec mes parents, ont est allés défiler à la gay pride cette année, il n'était même pas avec nous. Et quand je lui en ai parlé après, il m'a juste dit « euh okay, cool » comme si c'était un peu too much. C'était peut-être le cas. C'était le week-end juste avant que je ne me connecte à ta boîte mail. C'était une période un peu bizarre pour moi.

Mais tout ça, ce ne sont sans doute que des prétextes, parce que peut-être qu'après tout, le vrai point de départ, c'est que j'en pinçais pour une fille et que je me sentais désespéré. Et que j'étais jaloux qu'une fille comme Yachi ai décidé de sympathiser avec toi, alors que tu as déjà des tas d'amis - et je crois que tu ne t'en rends même pas compte à quel point c'est énorme. Ce n'est pas pour te prendre à partie ni t'insulter. C'est juste que ça me semble si facile pour toi, et qu'il faut que tu saches que tu as vraiment de la chance.

Alors voilà, je ne sais pas si tout cela tient la route, tu as sans doute arrêter de lire depuis longtemps, mais je tenais à vider mon sac. Enfin, le bruit court que tu files désormais le parfait amour avec Shoyo Hinata, et je voulais te dire que je suis heureux pour toi. Tu le mérites, tu es un mec extraordinaire Kageyama, et c'était cool de faire ta connaissance. Si c'était à refaire, je te ferais du chantage pour que tu deviennes mon ami, et je m'en tiendrais là.
Extrêmement sincèrement,

Tsukichima Kei.

—— Tu veux voir ma chambre ?

Il esquisse son sourire malicieux. Peut-être est-ce typique de lui, finalement. Peut-être ne sais-je pas encore tout de lui.

Des photos encadrées ornent le mur le long de l'escalier, et Shoyo s'arrête pour regarder chacune d'entre elles.

—— Le fameux costume de poubelle, commente-t-il.

—— Miwa dans toute sa splendeur, dis-je. J'avais oublié que tu étais au courant.

𝗟𝗼𝘃𝗲, 𝗧𝗼𝗯𝗶𝗼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant