Acte Final • L'Épreuve Insurmontable

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Scène I

De: milky
À: baiko
ENVOYÉ LE 25/01 À 09H27
Objet: Nous.

Baiko,
J'ai passé mon week-end à écrire, effacer, puis ré-écrire cet e-mail, et je n'y arrive toujours pas. Mais il faut que je le fasse, alors je me lance.
Il y a longtemps que je ne t'ai plus écrit, je le sais. Ces derniers jours ont été bizarres. Sans toi.

Tout d'abord, je tiens à te dire ceci : je sais qui tu es.
Bien sûr, je ne sais toujours pas ton nom, ni à quoi tu ressembles, ni tout le reste. Mais il faut que tu comprennes cela : je te connais vraiment. Je sais que tu es attentionné, original et drôle. Parfois un peu idiot, aussi. Mais je t'adore comme ça. Tu es à l'écoute sans te montrer indiscret. Tu es sincère. Tu te fie à ton instinct, et tu n'as jamais peur de masquer la vérité. Et tu dis toujours, toujours exactement ce qu'il faut.

J'ai passé beaucoup trop de temps à penser à toi, relire tes mails, mais jamais vraiment à te dire les choses clairement, à prendre des risques, et à mettre mon cœur dans la balance.

Ce que j'essaie de te dire, c'est que tu me plais. Non, c'est plus que ça. Quand je flirte avec toi, ce n'est pas pour rire, et quand je dis vouloir te connaître, ce n'est pas simplement par curiosité. Je ne vais pas prétendre savoir comment tout ça se terminera, et je ne sais pas si c'est possible de tomber amoureux par mails. Mais j'aimerais vraiment te rencontrer, Baiko. J'ai envie de tenter le coup. Et je n'arrive pas à élaborer de scénario dans lequel je ne suis pas pris d'une furieuse envie de t'embrasser dès que je te vois.

Histoire que ça soit parfaitement clair.

Il y a une fête foraine sur le parking du centre commercial ce soir, et apparemment, c'est ouvert jusqu'à 21 heures. Pour ce que ça vaut, j'y serai à 19 heures. Et j'espère t'y voir.

Je t'embrasse.

Love, Tobio.

Scène II

Je tape l'encoche "envoi" sur mon téléphone tout en déverouillant le cadenas de mon casier. Je dois faire vite, la représentation est dans une demie heure, et je ne suis absolument pas prêt. Au fond de moi, j'espère que Baiko verra mon mail. Et assistera à la comédie musicale, qui sait.

Je claque la porte, mon costume sous le bras, quand tout à coup, un tissu apparaît dans mon champ de vision. Je plisse les yeux. Il dépasse légèrement par l'interstice. Intrigué, j'ouvre à nouveau mon casier, et un vêtement glisse à terre.

Je me penche pour le ramasser. Et, en le regardant de plus près, mes yeux s'écarquillent. Un t-shirt. Un simple t-shirt noir, avec écrit ULTRAVIOLENCE en lettres capitales blanches.

Mon souffle s'écourte. Ce n'est pas possible. Il n'y a qu'une personne qui a saigné cet album tout autant que moi.

Baiko.

Je serre le tissu contre moi en rougissant. Sans réfléchir, ni me poser de questions, je viens retirer ma veste et mon sweat-shirt, afin d'enfiler le présent par dessus mon col roulé blanc. Je me regarde dans le reflet des casiers, flou. Parfait. Il est juste parfait. Mais quelque chose me gratte.

Un truc rigide entre mes omoplates, ce fameux endroit qu'on n'arrive jamais tout à fait à gratter. Je glisse un bras sous le t-shirt. Un bout de papier est scotché à l'intérieur du tissu. Je l'attrape et tire dessus.

Un message, écrit sur un papier canson. Lettres rondes, traits dynamiques, une écriture ensoleillée. Je le lis, les mains tremblantes.

« J'adore cette façon que tu as de sourire comme si c'était une épreuve insurmontable. J'adore tes cheveux perpétuellement tombant. J'adore cette façon que tu as de soutenir le regard des gens un poil plus long que nécessaire. Et j'adore tes yeux bleus nuit. Alors, si tu crois que tu ne me plais pas, t'es vraiment le Roi des crétins.
Baiko. »

𝗟𝗼𝘃𝗲, 𝗧𝗼𝗯𝗶𝗼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant