Chapitre II [TW]

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[TW : violence]

Les pas des chevaux étaient assourdis par le sol mouillé et encore recouvert par endroits de neige salie. Bien que la route était dégagée depuis les premières lueurs du jour, les sentiers restaient difficilement praticables. Il n'était pas rare que les roues des calèches restent coincées dans la boue.

Assis en tailleur sur le toit de la voiture noire et dorée, un homme observait les alentours. Ses longs cheveux noirs et légèrement ondulés étaient relevés en une queue de cheval haute qui virevoltait à chaque mouvement de tête. Une de ses mains gantées enserrait un arc noir et argenté, tandis que l'autre faisait tourner entre ses doigts une plume de corbeau.

Il avait envoyé Nox depuis longtemps déjà, et il espérait que la réponse lui parviendrait bientôt. Même s'ils étaient en mouvement, c'était son corbeau le plus fidèle et intelligent. Il les retrouvera sans problème. Soudain, la calèche s'immobilisa brusquement, le faisant basculer en avant. Les chevaux s'agitaient et le cocher avait toutes les peines du monde à les calmer. L'homme sauta à terre, salissant son pantalon de toile noire et ses bottes une fois de plus. Il poussa un profond soupir : une des roues s'était encore enlisée à cause de la boue. Il entreprit de la dégager quand il entendit la porte de la calèche s'ouvrir.

- Que se passe-t-il Akira ?

- La roue s'est encore coincée monsieur le comte, répondit l'homme. Je me dépêche de régler le problème.

Il s'affaira d'autant plus. Les flèches de son carquois s'entrechoquaient. C'était un bruit rassurant qui le poussait à la concentration, là où d'autres auraient été agacés. Il releva la tête quand il aperçu des bottes brunes près de lui.

- Je ne vais pas te laisser tout faire seul. Oscar est bien occupé avec les chevaux. Laisse moi t'aider.

Le comte Ran Eoghan était connu pour sa grande gentillesse et sa générosité sans borne. La preuve : aussitôt qu'il avait appris que la neige tombée la nuit dernière risquait de mettre en difficulté les paysans, il avait demander à sauter dans sa calèche dès qu'il fut levé. Les petites gens le lui rendaient bien et le couvraient de cadeaux autant qu'ils le pouvaient et à chaque occasion. C'était aussi grâce à ces actions qu'il avait pu devenir gouverneur du Pays du Gévaudan assez jeune. Si certains pouvait y voir l'appel du pouvoir au lieu de la pure empathie, ceux qui le côtoyaient au quotidien pouvaient balayer ces accusations d'un revers de la main.

Il était parfois difficile de le suivre, car il avait beaucoup d'énergie à revendre. Akira était heureux de pouvoir servir sous ses ordres depuis plus d'une dizaine d'années déjà. Son âme jumelle et lui-même lui devaient la vie.

- Monsieur, ce n'est pas à vous de vous occuper d'une telle tâche, répondit-il d'une voix douce. Remontez dans la voiture, vous risquez d'attraper une vilaine maladie.

- Arrête tes sottises, répondit le comte avec un sourire franc qui illumina tout son visage.

Il s'accroupit près d'Akira. Ses cheveux blonds qui tombaient de chaque côté de son visage jusqu'à son bouc soigneusement travaillé le gênaient. Il entreprit de les attacher. Pendant ce temps Akira et Oscar dégagèrent la roue, les chevaux étant calmés répondaient de nouveau aux ordres. Quand le comte s'aperçut qu'il avait était dupé par son personnel, il leur lança un regard chargé de reproches.

- Ne faites pas cette tête, les rides au milieu du front ne vous vont pas du tout, lança Akira avec un sourire qui se voulait lumineux sous son cache-nez.

Le comte poussa un soupir tout en riant de sa réplique.

- Tu devrais enlever ce tissu qui recouvre ton visage. On ne sait jamais à quoi tu peux bien penser.

La légende du GévaudanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant