Qυαη∂ νιєη∂яα ℓ'Aυвєᵀᵃᵉᵏᵒᵒᵏ

ℍ𝕒𝕡𝕡𝕪

ᴰᵃʸ ⁴ˑ¹

☾

✧19.03.2020☆

☆7h49✧

☼

Les voix qui faisaient écho dans la pièce semblaient sorties de l'étage le plus profond des enfers.

Elles résonnaient si fort sur les murs blancs, et semblaient être tant de fois amplifiées par le plafond fissuré qui les renvoyait jusqu'à lui, garçon à la peau livide et aux fissures bien plus larges que celles qu'avaient refusé de faire réparer le propriétaire, qu'elles auraient été considérées chimériques par n'importe qui.

Pourtant, elles étaient bien réelles.

Et les lippes dont elles s'échappaient aussi.

Ce n'était que ce silence, ce silence étouffant qu'il faisait vivre autour de lui, en lui, qui donnait cette impression que ces quelques mots murmurés avaient été mis en abyme dans un cadre aux disgracieux accords et à la bien trop bruyante mélodie.

Les voix avaient pénétré ses tympans avec tant de violence et s'étaient mises à marteler son crâne avec tant de force qu'il s'était réveillé en sursaut, pantelant et le cœur battant la chamade, son maigre corps dénudé pris de spasmes que ses poumons en détresse induisaient à leur enveloppe charnelle. Il avait pris un moment à retrouver son calme, et donc une respiration normale qui lui avait permis de se rendre compte que ces voix n'étaient en réalité que des murmures. Elles n'avaient rien de démoniaque, elles étaient parfaitement humaines, ce n'était que ce silence immonde qui faisait d'elles des champs sataniques qui lui avaient collé la chair de poule.

Finalement tout ça ne venait que de lui.

Acculé dans le fond de son lit, corps complètement dénudé et en proie aux larges rayons du soleil, il se sentit soudainement terriblement gêné. Comme exposé à la vue du monde, comme propulsé injustement au milieu de la beauté du Jour avec tout son sac de laides choses qu'il portait sur ce corps que son âme envoyait au front en guise de bouclier.

Sa peau blanche, beaucoup trop pâle, dépossédée de la moindre couleur depuis que sa santé avait été ravagée par l'alcool et par la nicotine qu'il avait fini par arrêter, sa peau brûlée, coupée, couverte de traces qu'il s'était lui-même infligé, son corps, tout entier, souffrant des misères de son âme ; il ne supportait pas de les voir ainsi exposés au monde, et à ce petit papillon qui virevoltait toujours dans le ciel sous son regard tétanisé.

La couverture noire que Jungkook lui avait donnée était roulée en boule par terre, dans un coin de la pièce. C'était certainement lui qui l'avait éloignée de son corps, parce qu'il ne voulait plus croire en ce garçon et en toutes ces belles choses qu'il pensait imaginer, parce qu'il avait peur de trop s'attacher à des choses qui ne feraient que disparaitre subitement, comme tout le reste, comme Jin et comme la vie qui s'en était allée avec lui.

Il regarda le morceau de tissu qui trainait par terre, l'entièreté de son âme la réclamant avec toute l'ardeur du monde. Il crevait d'envie de sentir sa chaleur, son odeur de pêche et de rose, sa douceur inégalée, s'enrouler lentement autour de son corps. Il voulait la poser sur sa peau, pour qu'elle fasse taire la douleur dans son avant-bras et pour qu'elle cache ce corps qu'il détestait à ce monde qu'il n'avait jamais voulu enlaidir de sa présence, ainsi toujours caché derrière ses volets bien fermés.

Il voulait juste l'attraper. S'en servir et se perdre dans ses contours noirs,

Pour se rapprocher de Jungkook.