ᴾʳᵒˡᵒᵍᵘᵉ
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☆ 15.03.2020 ✧
✧ 19h37 ☆
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Quelque part dans les décombres d'une ville usuellement bondée, se hâtait une âme fatiguée. Les reflets gris de son être semblaient atténuer toutes les couleurs environnantes, englobant les quelques rayons rosés de la fin du jour pour les transformer en une couleur étrangement sombre et terne; décrivant relativement bien sa perception de la vie.
Pourtant, tout autour de lui respirait le printemps ; ce tableau de couleurs et d'effluves que lui offrait le monde n'aurait pu être plus scintillant qu'il ne l'était actuellement.
Le soleil qui semblait vouloir s'enfuir à l'horizon apparaissait en une semi-sphère relativement harmonieuse au bout de la ruelle, dispersant ses nombreux rayons multicolores sur les résidus de pluie qui jonchaient les pavés. Les murs en brique de ces quelques maisonnées semblaient aussi avoir accepté de refléter avec douceur les teintes rosées du ciel, rechignant leurs couleurs naturelles pour accueillir avec bienveillance la fin du jour.
Les plantes qui grimpaient le long des façades de certaines maisons pour aller recouvrir le toit de celles-ci de leurs majestueuses ailes étaient fleuries des plus belles corolles blanches, et elles offraient à quiconque s'aventurerait dans leur sillage la plus enivrante des effluves. Des pétales s'échappaient par-ci par-là de ces fleurs d'ivoire et virevoltaient dans l'air gracieusement, offrant la plus magique des danses aux Âmes perdues qui s'aventureraient dans cette fameuse ruelle, avant d'aller se poser avec douceur dans les cheveux d'ébène du garçon qui marchait tête baissée.
Une étrange mélodie laissait trainer ses ondes dans l'air, baignant l'endroit dans une douce atmosphère chaleureuse qui semblait vouloir apaiser les cœurs endoloris de ces âmes vagabondes. Il était presque impossible de déterminer d'où provenait cette fluette musique, ni même de déterminer de quel genre d'instrument elle était extraite tant elle était spéciale, unique en son genre, comme lui.
Par conséquent, tout ici hurlait à la douceur. Tout émanait la vie, la beauté, la chaleur ; c'était un tableau grandeur nature de la beauté du monde. Et rien ne gâchait ce tableau de claires couleurs, pas même les quelques chats noirs dont les vibrisses frémissaient au rythme des pas du jeune homme.
Rien, à part lui.
Lui, et ses vêtements baignés de suie. Lui, et sa peau pâle qui refusait pertinemment de refléter les douces teintes du soir, semblant dénuée de couleurs tant la fatigue la consumait. Lui, et ses longs doigts de pianiste dont les ongles rongés au sang laissaient perler quelques gouttes rougeâtres étonnamment ternes sur les pavés joliment colorés.
Il était la vulgaire touche de noir et blanc sur ce tableau de vives couleurs ; il était la légère effluve désagréable qui venait gâcher la douceur déroutante d'un parfum. Et dans son sillage ne restait qu'une odeur âcre de tristesse et une trainée de suie qui venaient briser la douceur de ce paysage printanier.
Et si quelqu'un avait eu la présence d'esprit de l'arrêter dans sa course folle et de poser son regard dans ses iris noirs, l'aurait-il sauvé de ces lueurs malsaines qui dansaient dans son âme? Lui aurait-il épargné le tango du désespoir et la valse de la fatigue qui ravageaient son être?
Et si quelqu'un était venu lui demander ce qu'il faisait ici en cette heure tardive, aurait-il seulement été capable d'y répondre ? Aurait-il simplement été capable de poser des mots sur ce qu'il le ronge? Certainement pas ; il ne le savait pas lui-même. Perdu dans un flot d'émotions bien trop étouffantes, effrayé par toutes ces ombres qui semblaient le poursuivre, ce jeune homme cherchait simplement la porte de sortie de ce labyrinthe teinté de gris dans lequel il s'était engouffré.
Mais savait-il seulement qu'il était le seul à accueillir l'obscurité dans ce doux paysage floral et capiteux? Savait-il qu'il était le seul et l'unique à être capable de s'orienter dans ce labyrinthe dans lequel il pensait s'être perdu ? Avait-il la moindre idée d'à quel point le monde était chaleureux lorsque l'on faisait l'effort de redresser la tête ?
Savait-il seulement qu'actuellement, il était celui dont émanait le Crépuscule ?
Non, il ne savait rien de tout ça.
Tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'en pouvait plus, et que ça faisait déjà bien trop longtemps que c'était comme ça.
Bien trop longtemps que son âme gelée bien incapable de garder la chaleur de son corps rendait tout bien plus difficile lorsque venait la fin du jour et l'air glacial de la nuit. Bien trop longtemps que le feu autrefois brulant de son âme d'enfant n'était plus qu'une malheureuse flamme prête à se faire dévorer par n'importe quel coup de vent un peu trop puissant du crépuscule.
Bien trop longtemps que le monde et la vie lui semblaient si cruels.
Alors il allait faire comme chaque jour depuis des années maintenant lorsque s'annonçait le crépuscule et que recouvrait le monde ce grand aigle aux ailes d'ébène ; il allait marcher jusqu'à ce que son corps cesse, jusqu'à ce qu'il ne sache plus ni où il se trouve, ni pourquoi il s'y trouve ; jusqu'à ce que son cœur doucement se taise. Il allait marcher jusqu'à ce que ses pensées bien trop lourdes doucement s'éteignent et ne laissent plus place qu'au silence insupportable de la nuit qui l'emmènerait bien malgré lui dans les bras d'une Morphée étrangement sanglante.
Ce soir encore, ce garçon aux cheveux d'ébène marchait dans les ruelles de Busan à la rencontre des décombres de son âme et de tous les restes incroyablement douloureux de son être.
Ce soir encore il rejoignait sa tristesse au coeur même du Crépuscule.
Ce soir encore il implorait l'attention de la Nuit et du Jour.
Ce soir encore il pleurait en attendant qu'une des deux prenne une décision.
Ce soir encore il leur hurlait de le prendre avec lui une bonne fois pour toute.
Parce que ce soir,
Il haïrait encore un peu plus
le Crépuscule et son affreuse
odeur de pomme.
Je vous présente notre personnage principal^^ A votre avis, qui se cache derrière cette apparence bien sombre? :)
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Qυαη∂ νιєη∂яα ℓ'Aυвєᵀᵃᵉᵏᵒᵒᵏ
Fanfiction"Et en cette Aube, Je me donnerai la Mort, Si seulement elle pouvait m'aider, A retrouver la Vie."