Qυαη∂ νιєη∂яα ℓ'Aυвєᵀᵃᵉᵏᵒᵒᵏ

𝕃𝕚𝕜𝕖

ᴰᵃʸ ²ˑ¹ 

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✧17.03.2020☆

☆6h49✧

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Et c'était enroulé dans une couverture qui ne lui appartenait pas, que Taehyung se réveilla ce matin-là.

Les volets étaient grands ouverts, et tous les rayons du soleil semblaient se battre pour s'engouffrer dans cette petite pièce et avoir le privilège incertain de réveiller ce jeune homme aux cheveux d'ébène.

Les nombreux rayons de l'astre du jour caressaient sa peau sur toute sa longueur, de ses pieds nus étonnamment propres qui dépassaient de la couverture à ses bras et son visage barré d'une grimace face à l'intensité de la lumière qui vint titiller ses rétines.

Le noiraud se redressa et se recula le plus possible dans le fond de son lit pour ne plus avoir à supporter les lueurs bien trop fortes du jour. Et lorsqu'il eut finalement le dos collé contre le mur et que son visage rejoignit les ténèbres, il soupira de bien-être et ouvrit difficilement les yeux.

Son esprit noyé dans les tréfonds d'un épais brouillard prit un temps infini à remettre en place les éléments de la veille et les quelques indices qui auraient pu lui permettre de déterminer pourquoi il se réveillait ainsi dans sa chambre alors qu'il s'était évanoui sur une plage au sable fin et pourquoi tant de choses étaient anormales.

Il y avait définitivement quelque chose d'étrange en cette Aube.

Elle était bien trop douce.

Mais il avait beau chercher dans les recoins les plus biscornus de sa mémoire, il ne se rappelait de rien de spécial. La seule chose qui lui revint plus ou moins clairement, c'était cette étrange odeur et cette voix infiniment douce qui avait résonné dans son crâne avant que l'obscurité ne l'emporte pour de bon dans le sable fin. Mais après ça, il n'y avait plus rien. Rien d'autre que ce néant habituel et pourtant quelque peu étrange lui aussi, car il était bien moins lourd que d'habitude.

Il ne se rappelait même pas avoir fait de mauvais rêve. Pourtant, ses rendez-vous avec Morphée se finissaient en général toujours de la même manière ; soit dans un bain de sang, soit dans un silence qui aimait à torturer son âme jusqu'à ce que vienne l'Aube, le laissant en proie à d'horribles angoisses lorsqu'un nouveau jour en venait à se lever.

Taehyung n'aimait pas vraiment le Crépuscule, parce qu'il signait toujours le début d'une Nuit entière en proie à ces ombres qui semblaient bien plus féroces sous la lumière des étoiles. Mais le Crépuscule, lui au moins, avait le mérite de ne pas le bercer dans des illusions malsaines. Ses intentions étaient noires, et noires se dérouleraient ses Nuits ; le Crépuscule n'était pas un menteur.

Mais l'aube elle, elle était traitre. Et Taehyung la détestait plus que tout. Il la haïssait même. Parce qu'elle se présentait souvent comme une entité chaleureuse et colorée, mais ce n'était qu'un masque qui essayait tant bien que mal de lui faire oublier que ses jours étaient accompagnés des mêmes démons que ceux de la Nuit. Et parfois ces démons étaient encore plus violents sous la lumière du soleil.

Mais aujourd'hui, il avait vraiment envie de la croire, cette Aube, quand elle lui disait qu'elle prendrait soin de lui.

C'était bien la première fois qu'il ne se réveillait pas sous les regards oppressants des ombres qui se cachaient dans le coin de sa chambre. C'était bien la première fois que ses démons n'étaient pas les premiers à l'accueillir avec leurs rires affreux au bon matin. C'était bien la première fois que la chaleur des premières lueurs du jour le réveillait et non la froideur de ses démons qui l'obligeaient à retourner affronter la vie lorsque venait l'Aube.

Le noiraud fronça les sourcils et son regard se posa sur la fenêtre et ses volets qui étaient grands ouverts. Ça aussi ce n'était pas normal ; Taehyung fermait toujours ses volets. Il détestait le bruit de la ville et la façon dont le soleil venait violer son intimité dès le début du jour. Il détestait le monde et cherchait à s'en éloigner, alors il fermait toujours les volets, peu importe à quel point il avait bu, peu importe à quel point il était occupé, peu importe à quel point il était triste et songeait à en finir; jamais Taehyung n'oubliait de fermer ses volets.

Mais là ils étaient grands ouverts.

Il pensa d'abord qu'il avait certainement oublié par mégarde de le faire, mais lorsque son regard dévia sur le reste de la chambre et qu'il y découvrit un parquet étincelant et un bureau étonnamment rangé, il sut qu'il y avait eu quelqu'un d'autre dans cette pièce, à un moment quelconque.

Il se leva doucement de son lit, toujours enroulé dans cette couverture qu'il ne savait pas encore ne pas être sienne, ses idées à présent claires ne lui permettant toujours pas d'expliquer que tout autour de lui soit miraculeusement propre. Il sentit son corps se plaindre de ce réveil un peu trop brutal, et il trouva que ça aussi, c'était étrange.

Il fit le tour de sa chambre, à la recherche de ces innombrables feuilles blanches qui peignaient plutôt bien l'intérieur de son cœur et de son âme, à la recherche de ces centaines de photos qu'il avait de lui et de son frère lorsqu'ils étaient gosse et qu'il était encore un vaisseau de la lumière du monde, à la recherche de ces carcasses de verre dans lesquelles il noyait sa tristesse bien trop collante à son goût, mais il ne trouva plus rien.

Pris d'un élan de panique, il se mit à fouiller dans tous les tiroirs de son bureau à la recherche de ces morceaux de papiers qui restaient le seul point d'ancrage de Taehyung dans ce monde un peu trop vaste, et il finit par les retrouver dans le dernier tiroir qu'il décida d'ouvrir.

Tout y était ; feuilles blanches, dessins torturés, photos abimées et découpées, morceaux de lettres jamais envoyées, écrits commencés et jamais terminés, mots à jamais scellés.

Il souffla de bien-être à la vue de ce trésor de souvenirs, avant de se rassoir sur son lit avec une photo de son frère, Jin et lui dans la main gauche, la drôle de couverture noire toujours enroulée autour de son corps sans cesse fatigué. Et c'est là qu'il se rendit compte que cette couverture aussi, elle était étrange ; ce morceau de tissu noir qui entourait son corps conservait bien mieux sa chaleur corporelle que n'importe quelle autre couverture qu'il n'ait jamais eue.

Elle en avait presque l'air magique.

Il tira légèrement sur un coin de celle-ci et le porta à son nez, soudainement pris d'un doux pressentiment, et il ne put que le confirmer lorsqu'il sentit cette étrange odeur de pêche et de rose traverser son corps et embaumer son cœur d'un doux voile de bien-être.

Les connexions se firent rapidement, son cœur reconnaissant cette odeur qui lui avait déjà fait du bien la veille, et son visage se radoucit légèrement tandis qu'il laissait sa tête reposer contre sa main où se trouvait toujours le morceau de tissu.

Il la trouvait affreusement rassurante, cette odeur.

Bizarrement chaleureuse.

Et ça lui faisait un bien fou, cette petite lueur qui menaçait de troubler la continuelle obscurité de son cœur sous la direction de cette douce odeur.

Qu'importe d'où elle venait, qu'importe qui avait bien pu le ramener hier soir, qu'importe qui avait rangé sa chambre de cette manière, tout ce qui importait c'est que cela lui faisait un peu de bien et qu'il pouvait désormais entrevoir l'esquisse d'un sourire sur son visage terne.

Un léger sourire brisant l'obscurité de ce visage dessiné par Perséphone, le garçon redressa la tête et osa jeter un coup d'œil vers le ciel qui était si beau en cette douce matinée de printemps. Et c'est là qu'il l'aperçut, ce petit papillon qui virevoltait encore devant la fenêtre.

Et à peine eu-t-il posé son regard sur l'insecte aux drôles de couleurs que celui-ci s'enfuyait dans le ciel, ses ailes arborant de nouvelles teintes à chaque fois qu'il franchissait un étage dans les cieux arc-en-ciel.

C'est toi qui es derrière tout ça ?