Toute une Histoire

Prologue

Doucement, sans un bruit, un petit enfant de quatre ans ouvrit avec bien des précautions la porte de la pièce dans laquelle il se trouvait. Son regard vert profond circula doucement, prudemment, de droite à gauche. Voyant que personne ne se trouvait dans le couloir sombre et n'entendant aucun bruit de pas, le bambin se précipita aussi silencieusement que possible dans un dédale de couloirs.

Moins de cinq minutes plus tard, le jeune enfant se retrouva face à une nouvelle porte. La jeune personne se dandina doucement d'un pied à l'autre tout en regardant la porte entrouverte qui laissait passer une fine bande lumineuse ainsi que la mélodie d'un piano.

Prenant son courage à deux mains, le petit enfant poussa la porte et se glissa dans une grande bibliothèque aux lumières tamisées. Toujours aussi silencieusement que possible, le bambin dépassa un premier coin lecture, se laissant guider par les notes de piano et la douce chanson italienne qui avait commencé à se faire entendre.

Après avoir dépassé quelques étagères, il atteignit le deuxième coin lecture et son objectif. La mélodie s'échappait d'un magnifique Bösendorfer noir. Les touches étaient survolées par les mains d'une femme au visage doux. Sa longue chevelure d'un brun éclatant encadrait un doux visage. Ses paupières fermées dissimulaient la couleur de ses yeux alors que ses délicates lèvres se mouvaient doucement pour laisser sa magnifique voix formulée les paroles d'une chanson provenant tout droit de l'Italie natale de la belle brune.

De l'autre côté du piano se trouvait un long canapé confortable sur lequel était allongé un grand homme aux longs cheveux aussi noir que la nuit et aux yeux vert vif qui fixaient d'un regard émerveillé la pianiste, un doux sourire ornant son visage.

Tout en continuant de jouer et de chanter, la belle femme ouvrit ses yeux et darda ses douces iris whisky/miel aux reflets de soleil sur le jeune enfant qui avait saisi une étagère pleine de livre sans s'en rendre compte. L'homme, qui avait suivi le mouvement de la pianiste repéra également l'enfant. Le sourire toujours aux lèvres, il se redressa en position assise et lui fit signe de venir le rejoindre sur le canapé.

Timidement, le petit enfant contourna le piano, gardant ses yeux fixés sur la musicienne qui, tout en continuant à jouer et à chanter, suivait la progression de l'enfant avec un regard et un sourire doux et aimant. Ragaillardi, le jeune être arriva près du canapé et tendit les bras vers l'homme aux cheveux d'ébène qui le souleva avec un grand sourire et le plaça sur ses genoux où il avait maintenant une vue imprenable sur les mouvements complexes et experts des doigts de la femme qui volaient sur les touches d'un blanc immaculé et celles d'un noir profond.

Quelques instants plus tard, la chanson s'acheva et les notes du piano moururent peu après, plongeant la pièce dans un silence apaisant. La femme brune se leva gracieusement et franchit les quelques pas qui séparaient l'imposant piano du long canapé. Elle s'agenouilla devant l'homme pour se retrouver à hauteur d'yeux de l'enfant qui lui ressemblait en tout point à l'exception de la couleur de ses yeux, « Hé bien, tu ne dors pas ? Il fait nuit depuis longtemps.

-Mais j'arrive pas à dormir. », gémit l'enfant avec une mignonne petite voix aiguë, « J'ai essayé, je vous le promets, mais j'ai pas réussi.

-Ça, c'est un vrai problème. », répondit l'homme en hochant la tête avec un sérieux démenti par son sourire amusé, « Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour y remédier ?

-Une histoire !!! », s'exclama joyeusement le petit bambin avant de regarder la femme brune face à lui souriant doucement avant d'ajouter un peu plus calme, « S'il-te-plaît ? »

La belle brune fit semblant de réfléchir sérieusement à la question avant de faire un grand sourire en hochant la tête, « Très bien. Je vais aller chercher une histoire qui devrait te plaire.

-Non ! », gémit l'enfant, « S'il-te-plaît, maman, raconte-moi une vraie histoire, d'une de vos aventures !

-Mi bambino », répondit doucement l'homme, « Ces histoires ne sont pas vraiment de ton âge.

-Mais ce sont les meilleures ! », s'exclama la petite personne, « Et puis je n'ai jamais fait de cauchemar après qu'on me les ai racontées. En plus, je comprends ce que vous me dîtes.

-Pfff, tu es bien l'enfant de ta mère. », se désola dramatiquement l'homme tout en conservant son sourire avant de regarder sérieusement la femme, « Qu'en penses-tu ? Est-ce qu'on lui en raconte une autre ?

-Pourquoi pas ? », répondit la femme, « Installez-vous, je reviens. »

La belle femme disparue pendant quelques minutes pendant que l'homme se rallongeait, en appuyant son dos contre le haut accoudoir rembourré. La musicienne revint avec trois tasses de chocolat chaud. Impatient, l'enfant se redressa d'un coup pour laisser la femme adosser son dos contre le torse de l'homme et allonger ses jambes entre les siennes. Elle distribua les tasses à ses deux compagnons. Une fois sa tasse en mains, la jeune personne se bouina contre le torse de sa mère, se délectant de la première gorgée de sa délicieuse boisson, juste à la bonne température, et sourit en sentant des bras s'enrouler autour d'elle pour la rapprocher.

Une fois qu'elle jugea son enfant bien installé, la brune lui demanda, « Alors, qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

-Je ne sais pas, vous avez vécu tellement de choses incroyables... Laissez-moi réfléchir un peu. », répondit le plus jeune avant de se murer dans un silence profond sous le regard amusé de ses parents.

Le jeune bambin réfléchit pendant plusieurs minutes avant de se souvenir de ce qu'il avait entendu murmurer un de ses oncles un peu plus tôt dans la journée, « Maman, raconte-moi comment je suis née ! »

Les deux adultes manquèrent de s'étouffer avec leurs boissons. La maman répondit, « Tu sais que...

-Non maman, je ne veux pas entendre qu'une cigogne qui m'a amené, que je suis apparue dans une rose ou que maman a mangé une graine. », la jeune personne regarda ses deux parents avec de grands yeux verts innocents, mais les deux adultes pouvaient voir le petit soupçon de malice qui se cachait dedans, « Je voudrais savoir ce qu'il s'est passé pendant que j'étais dans ton ventre. »

La femme fut la première à se reprendre en soufflant de soulagement avec un grand sourire, « Ah, ça ? C'est toute une histoire !

-Tu vas me la raconter ? », demanda l'enfant, en tremblant d'impatience.

L'homme accrocha son menton sur l'une des épaules de la femme en resserrant son bras libre autour des deux autres, « Je ne sais pas. », il demanda à sa compagne, « Qu'en penses-tu ?

-Pourquoi pas... », répondit la femme avec un sourire en s'enfonçant dans l'étreinte de l'homme.

Le petit être sourit et s'approcha encore plus près de sa mère, « Alors ? »

La mère sourit, « Très bien, alors tout à commencé il y a un peu plus de quatre ans... »