Chapitre 12 : L'appel (époque : 2021)

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Au réveil, Célia Notae est toujours là... vivante. Jonathan Stevens est revenu de ses détours nocturnes. Les confidences, sa vie privée, sa nervosité latente lui importent peu : elle l'apprécie simplement. Elle a écouté son histoire, aimé sa voix. Il ne sait que faire. Il la regarde. Il observe cet étrange tatouage d'écrits en forme de croix. Il connaît cette forme, cette croix. Un souvenir d'enfance le gagne, un souvenir profond qu'il ne parvient pas à saisir. Puis il tourne, il cherche le café sans succès, tandis que Célia Notae se douche. Il lui amène ses vêtements, et leur aspect minimaliste le retient. Aucun sac à main, portefeuille, papiers... ?

La cigarette est coincée dans la bouche, les cendres s'accumulent dans sa courte barbe poivre et sel, il cherche à en savoir plus. Rien. Seule information, le téléphone de C. Notae dont le dernier message indique : « Phase 1, OK, Phase 2, Vieille Dame » Envoyé par un « Hart Bietez. » Aucun sens. Quelque chose le gène, il fouille ses propres poches et en sort un tissu tâché de sang contenant des aiguilles.

Il passe devant la fenêtre, jette le tout au loin, regarde la ville, le monde grisâtre qui se meurt. Les jambes qui se balancent dans le vide et la tête perdue, certains se sentiraient bien, lui non. Il se dit que tout pourrait être pire : pas d'images de mort derrière les paupières, pas de vibrations spécifiques, cela tient vraiment à peu de choses. Ça reviendra, comme toujours. Son allure ne change pas pour autant, celle d'un squelette au visage de corbeau et à la cigarette au bec. Il fixe ses poignets abimés et sourit : « Amor fati. » Elle vient à ses côtés.

- A quoi penses-tu ?

- A rien.

- Tu n'utilises plus ton cerveau déductif ?

- Pas cette fois. Il lui propose sa cigarette, qu'elle refuse.

- Ce n'est pas juste tout de même, se reprend-elle. Tu en sais déjà tellement sur moi. J'aime que tu me connaisses comme ça, mais il ne faut pas m'en vouloir s'il m'arrive de penser certaines choses qui ne te conviennent pas.

- Ne t'en fais pas, j'en ai déjà tellement entendu. Le monde est un silencieux bavard.

Le téléphone du psycho-criminologue vibre violement dans son pantalon étalé sur le sol.

- Jonathan Stevens, dit-il d'une voix cassée.

- Dr Stevens, Marta Tabram. Il y a une urgence au 17, rue de la vieille Dame, plein centre. Une prise d'otages. Les pompiers et les locaux sont déjà sur place, ils vous réclament depuis une demi-heure. Ils vous veulent comme négociateur.

- Les fédéraux ?

- Pas encore, mais ils vont certainement devoir venir.

- Le sujet ?

- « Le couturier ».

- Il est sur les lieux... ? dit-il, étonné. Qu'ont-ils trouvé ?

- Nul ne le sait, une lettre a été envoyée au Times, une lettre de menaces et quelques descriptions apparemment.

- Autre chose ? Des éléments psychopathologiques ?

- Psychose, une psychiatre est sur les lieux.

- On avait misé juste alors, rétorque-t-il en jetant son mégot par la fenêtre.

- Les détails vous seront donnés sur place. Les services d'ordre vous laissent peu de temps.


Jonathan Stevens raccroche, enfile son pantalon, sa chemise taupe et se munit de sa ceinture.

- Où vas-tu ? Qui était-ce ? Je ne sais pas lire dans les pensées moi, demande Célia Notae, surprise.

Dr J. Stevens FACE au NEANT [WATTYS21, 2 Watt'Cheers... -Edité-] (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant