Chapitre 34 : Le commissaire (époque : 2021)

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Le commissaire Joe Garidon est débordé par la paperasse. Son commissariat n'est certes pas le plus soigné des locaux des forces publiques, mais ce n'est pas le New Jersey non plus répondrait-il. Après avoir traversé l'accueil et un long couloir cerné de portes interdites au public, le Dr J. Stevens découvre une salle étendue. Il s'agit d'un espace important en open space où chaque inspecteur possède son box respectif.

Les bureaux des supérieurs se trouvent isolés au fond de la pièce. A travers sa vitre, J. Garidon voit le grand et mince psycho-criminologue entrer, avec devant lui un jeune officier qui lui indique le chemin. Il discute avec Juan DeSalva, toujours impressionné par la présence du « Docteur » au regard creusé. Jonathan Stevens se dirige d'un pas affirmé vers le commissaire qui l'accueille brusquement et referme la porte au nez de l'officier hispanique.

- Je tenais à vous féliciter personnellement, dit le commissaire. Le « Docteur »... poursuit-il d'un regard sincère. Je vous en prie, asseyez-vous.

- Ce n'est pas nécessaire, j'effectue mon travail. De plus, Jack Sallow s'est enfui... je ne m'explique pas une telle fuite, malgré mon état de fatigue durant les échanges.

- Certes, mais les otages sont en vie. Pour la fuite, c'est en lien avec votre venue ici, je vous explique. Je vous propose un café au moins, en signe de remerciement.

- Je prends, j'avoue ne pas avoir beaucoup dormi la nuit dernière. J'ai également des choses à vous entretenir.

Le commissaire essaie de se montrer aimable, mais pour un homme dont le seul partage quotidien est celui de l'ordre, ce n'est pas aisé. En face de lui, J. Stevens se tient difficilement. Sa posture est maladroite, fatiguée, nerveuse. Il donne l'impression de manquer de tomber à chaque clignement des paupières. Les joues enfoncées, les cernes prononcés, les cheveux gras en pagaille. Joe Garidon tente de ne pas juger le psycho-criminologue, il tente difficilement et hélas avec peu de succès.

- Le gamin m'a raconté ce qui s'est passé, l'état dans lequel il vous a plusieurs fois retrouvé... raconte J. Garidon en partageant la conversation avec Juan DeSalva, des éléments dont tout le commissariat et la presse parlent depuis l'aube.

De sa voix brisée, Jonathan Stevens explique à son interlocuteur comment ses interventions se passent. Il lui explique aussi la souffrance qui se répercute à son encontre lorsqu'il réalise ce type de prestation. Le néant qui le submerge, et à quel point ce fut douloureux avec Jack Sallow. Le commissaire contemple J. Stevens. Il comprend mieux la particularité de l'homme assis à ses côtés... « le » Docteur.

- Prenez ça comme une chance Docteur, quelques siècles auparavant, je vous aurais certainement envoyé dans les flammes de la place publique !

- Suivant inexorablement les préceptes du Malleus Maleficarum.

- Comment ? dit abruptement Joe Garidon.

- L'inquisition espagnole. Ce n'est rien, j'ai cru que... comme vous parliez de... ce n'est rien.

- Oui. Enfin, finalement c'était plus compliqué que de foncer dans le tas. Le psy barjo était barjo, mais peut-être pas si dingue que ça, répond le commissaire pour détendre le psychologue.

- Surement, rétorque-t-il sans expression, mal en point.

- Je vous ai fait venir pour une autre raison que les remerciements, comme je vous disais. Il m'a été fait part que Jack Sallow a été arrêté ce matin même pendant sa fuite.

- Pardon ? Vraiment ? Dites m'en plus ! s'alerte J. Stevens.

- Il n'est pas ici, il a été arrêté par une autre équipe, une équipe spéciale d'intervention. Il est en garde à vue, le Procureur m'a transmis les informations.

L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 1) [vainqueur des WATTYS21... -Edité-]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant