[Charade]

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- Je crois qu'on va devoir passer la nuit dans la forêt, dis-je sérieusement.

- Tu dis ça parce que tu avais prévu dans tes plans de nous perdre dans la forêt pour me garder une nuit pour toi toute seule.... Dis... Hummmm...

- L'espoir fait vivre mon ami !
Je ne trouvais que ça à répondre.

Je distinguais beaucoup moins où nous étions à vrai dire. Je n'arrivais pas à retrouver le chemin principal. Nous faisions craquer les branches sous le poids de nos pieds et j'avoue que ça créait un sentiment plutôt inquiétant.

Je ne distinguais presque plus Dom et il en profita pour repérer ma main au toucher, glissa ses doigts froids et serra ma main.

- Ne me dis pas que tu as peur du noir ! M'écriais-je quand je pris conscience qu'il s'était attaché à moi.

- Je ne te vois plus très bien, c'est plus pratique qu'on se donne la main.

LA SALE EXCUSE.

Il lâcha ma main quand il aperçut que l'on était tombé sur un petit coin qui avait servi de camps à des gens passés bien avant nous. Ce qui restait de leur feu (rien que des cendres) était délimité par de grosses pierres mais il n'y avait aucun tronc ou souche qui nous permettraient de nous asseoir.

Et je repensais à l'état dans lequel j'avais mis Dom. Il devait avoir au moins la moitié de son jean sale ! Et sa petite chemise n'y avait pas échappé non plus.

- Tu n'as pas froid couvert de gadoue ? Je n'aurais peut être pas dû être aussi méchante... Enfin tu l'as quand même mérité !

J'ôtais quand même ma veste pour lui prêter, j'avais un pull dessous de toutes manières.

- Enfile ça tiens !
C'est moi qui joue l'Homme ! Et j'imitais la voix rauque en me moquant de lui : "T'inquiète Pamela, je te protège des vilains loups de la forêt !" Et je rigolais seule de mon imitation.

- C'est carrément humiliant pour un Homme ! avoua t-il. Mais il prit ma veste elle je vis bien qu'il l'avait humé rapidement avant de l'enfiler.
"Je vais ramener un peu de bois, je crois qu'il serait mieux qu'on essaye de raviver ce feu.".

- Pas de soucis, moi je reste là.

Je profitais de son absence pour sortir un bout de feuille froissé de ma poche ainsi qu'un petit crayon de papier. Je veille toujours à garder de quoi écrire. C'est comme mon appareil photo et je "prend les photos" sur le moment. Ça m'est bien utile pour le blog. Je gribouillai rapidement. Pourquoi l'inspiration vient quand on n'est pas devant son ordinateur ?! Dites le moi ?!

Il revient du bois plein les mains.
Et on aura mis DEUX heures pour faire un feu !
Il était 22h30, on en pouvait plus.
Il n'y avait qu'un caillou pour s'adosser. On a alors choisi qu'il s'adossait sur le caillou et que mon dos se calerait contre ses jambes repliées.

J'étais face à notre feu.
NOTRE PRÉCIEUX FEU.

Et puis un petit scintillement de lumière passa dans notre champ de vision. On demeurait silencieux tandis que le petit insecte suivait sa petite trajectoire.

- On dirait toi, dit-il en un murmure

- Moi je suis une luciole ?

- Ben regarde la, elle est toute discrète, elle ne dérange personne. Elle est seule mais elle sait comment se faire remarquer, et on ne voit qu'elle. Je ne vois qu'elle.

Je n'ai même pas répondu. Y'avait rien à répondre.

Il y eut une pause puis subitement il ouvrit ses jambes et je m'écrasai sur son ventre.

- Ouh ! Gémit-il, ta tête est lourde !

- Mais qu'est-ce que t'as fait aussi ?!

- Remonte toi un peu

Il me prit par les bras et m'aida à remonter et me posa sur son torse.

- Voilà tu me tiens chaud comme ça.

Je rigolais intérieurement parce que j'attendais quelle excuse il allait encore sortir.
Il enleva ma veste et la disposa sur nous. Sous la veste, il me caressait délicatement le bras. Il ne se passait rien et c'est ce qui rendait le moment agréable. "The sound of silence" (de Simon & Garfunkel pour ceux qui ne connaissent pas). C'est indescriptible le silence, et il y a tout dans le silence. Je trouve que Miles Davis en parlait merveilleusement bien : "la véritable musique est le silence, et toutes les notes ne font qu'encadrer le silence".

Le ralentissement de sa respiration m'apaisait et je m'évadais progressivement.

LucioleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant