10° Bon film!

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Tu sens les larmes couler le long de tes joues. Elles arrivent jusqu'à ton menton et tombent au ralenti. Elles s'écrasent sur le torse de Cinq qui, lui, ne bouge pas. Il te sert simplement, ne dit rien. Il passe sa main dans tes cheveux et fait de petits mouvements réconfortants. Lui aussi il pleure, mais seulement parce que toi tu le fais. Il te laisse faire sans un commentaire. Tu te sens bien, mieux. Tu as un sentiment de sécurité quand tu es blottie contre lui. Son cœur bat à rythme régulier et doux. Il est calme et déteint sa sérénité sur toi. Ta respiration qui était il y a quelques minutes interrompue par les pleurnicheries reprend son rythme normal.

Le moment est comme intemporel. Personne autour de vous, pas un autre bruit que les battements du cœur de Cinq. Tout paraît si magique. Tu veux rester là mais tu sais qu'il faut que vous vous en alliez. Si une femme ouvre la porte, elle risque d'appeler la sécurité par pure bienveillance. Il vous faudra alors trouver une explication et ils appelleront certainement les pompiers ou quelque chose du genre. Ce n'est pas dutout le but recherché.

Tu lèves avec incertitude la tête et regardes, d'un regard fatigué, ton frère. Tu n'as même pas besoin de dire un mot qu'il te dit d'une voix posée:

Cinq: On y va?

Il affiche un petit sourire, non pas de pitié, mais d'empathie. Tu lui adresses le même sourire, quoique plus rapide et difficile à voir, en temps que réponse.

Il t'aide à te relever, en prenant soin de ne pas faire de gestes trop brusques. Tu te redresses avec difficulté, les jambes tremblantes. Numéro Cinq prend le temps de te laisser un baiser sur le front. C'est un signe d'affection mais aussi une manière de te dire que ça va aller et qu'il va prendre soin de toi.

Il te tend sa main, toujours avec ce sourire paisible. Tu lui la prends sans poser de question. Vous sortez de la pièce, main dans la main, et marchez sur la belle moquette grise. Tu fais des pas incertains et ta cadence est lente mais Cinq la suit sans broncher. Il te laisse prendre ton temps.

Aucun de vous ne parle. Tu regardes le sol tandis que ton frère examine les indications sur les murs pour trouver votre chemin.

Vous arrivez juste devant la porte de votre salle. Vous vous stoppez prudemment et restez là, dans le silence. Un moment long qui pourrait être désagréable dans d'autres circonstances, mais dans celles-là, c'est un moment plutôt de pause, de repos.

Cinq, cassant cet instant sans bruit: Tu te sens de faire voler notre nourriture jusqu'à nous? On n'ouvrirait que la porte et on n'entrerait pas.

Tu prends le temps de la réflexion. Est-ce que tu as assez de force physique pour le faire? Oui... sûrement. Mais est-ce que tu as assez de force mentale pour le faire? Diego sera présent dans la salle. Il pourrait se retourner et tu croiserais son regard... encore ce regard...

Tu médites sur la question.

Cinq: Je suis là. Tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Tu prends la nourriture et on s'en va.

Tu ne réponds pas, tu sers juste la main de Numéro Cinq plus fort pour te donner du courage et avances à pas décidés dans le sas d'entrée. Cinq suit, il est fier de toi. Ce n'est peut-être rien de très particulier pour vous, d'ouvrir une porte avec une personne derrière dont vous avez botté le postérieur récemment, mais dans ce cas là, c'est un acte très brave de ta part.

Cinq: Prête?

Tu acquiesces, déterminée.

Il entrouvre la porte, tu ramènes ton index vers toi, paume vers le haut, les autres doigts pliés. Une sorte de poussière rouge trace un chemin dans les airs, reliant les snacks à toi. Ton mouvement de doigt est très très peu rapide. Tu mets environ cinq secondes à le ramener au creu de ta main, ce qui est démesuré pour un geste aussi simple. Quand ton index s'arrête, toute la nourriture est autour de toi, elle a suivi le mouvement que tu as fait.

Five and Five •Partie 2/2• "Comment ça s'est fini"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant