𝓣he 𝓒ity 𝓞f 𝓕allen 𝓐ngels | bxb

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒔𝒆𝒑𝒕 - 𝐸𝑣𝑔𝑒𝑛𝑦

Cela fait trente minutes que Stan a quitté la chambre, habillé entièrement de noir, ce qui présage une soirée des plus sombres. Il m'a prévenu des dangers, il m'a mis en garde, comme un parent pourrait le faire. Mais je n'ai jamais été un enfant sage, plus on m'interdit des choses, plus je vais à l'encontre de celles-ci. Et ce soir, je compte bien lui prouver.

Après une douche quelque peu compliquée avec ma blessure, Oksana arrive dans la chambre pour me donner un fauteuil roulant, sous la directive de Stan. Je ne sais pas tellement m'en servir, je pense qu'il suffit d'avoir assez de force pour faire tourner les roues. Et il m'en manque un peu en ce moment. Mais j'acquiesce. Elle est gentille avec moi, elle m'apporte de la douceur au sein de la violence.

Elle m'aide à m'habiller, d'une chemise blanche et d'un jean noir. Puis le reste, je le fais seul. J'applique sur le contour de mes yeux du crayon noir et j'enfile mes bagues, que je n'ai presque jamais quittées. J'y tiens, elles représentent ma vie d'avant. Surtout celle que ma mère m'a offert à mon dix-huitième anniversaire. Il y a écrit « je t'aime » dessus, comme pour me rappeler que c'est toujours le cas, aussi loin qu'elle puisse être. Cette vie d'avant me manque, presque autant que ma mère. Je me demande si elle va bien, si mon père ne la fait pas trop souffrir comme il en avait l'habitude. J'y pense souvent, les étoiles ont le même scintillement que ses yeux, la nuit. Elle brille toujours dans mon cœur et j'espère la revoir le jour où les clans disparaîtront. Même si je sais qu'il n'y a peu d'espoir.

Vingt-et-une heure sonne lorsque je sors de la chambre. Je ne sais pas tellement à quoi m'attendre, mais du bruit résonne déjà à l'étage. Il y a une musique avec beaucoup de basses qui fait trembler les murs. Elle résonne même dans mon corps.

Je ne suis jamais vraiment allé à des soirées. Il y en avait peu en dehors des clans, les gens avaient trop peur. La nuit, personne ne sortait. Nous vivions avec une menace constante. Dans le clan, il y a cette sorte de protection qu'on nous promet, qui n'est que mensonge. Ils ont instauré cette guerre pour ensuite nous dire que nous sommes en sécurité avec eux. Le paradoxe est énorme.

Je me mets à faire rouler mon fauteuil jusqu'à l'ascenseur. J'appuie sur le bouton pour descendre, et je me rends compte que mon cœur est un peu serré. Stan m'a promis un monde différent et sombre et je m'apprête à y mettre les pieds, ou les roues.

En bas, il y a déjà beaucoup de monde. Les gens parlent avec des verres à la main, ça fait un brouhaha qui surpasse presque la musique. Cette musique qui a beaucoup de basses pour l'heure qu'il est.

Je suis accueilli par une femme qui me sourit, et qui me propose une coupe de champagne sur un plateau. Je la prends, je suis ici pour ça après tout. Tout est gratuit dans les clans, c'est bien la seule chose que j'apprécie. En dehors, maman devait enchaîner les petits boulots qui rapportaient misère. Je n'ai jamais connu le luxe et le voir d'aussi prêt dans le palais me procure une certaine joie. Même si je sais que tout cela n'est que pour jeter de la poudre aux yeux, pour cacher les atrocités qui s'y passent.

Je bois quelques gorgées de champagne qui me brûlent la gorge avant d'avancer tant bien que mal jusqu'au buffet. Je pousse deux trois personnes sur mon passage, elles n'avaient qu'à se décaler. La nourriture qu'on y trouve est bien présentée, je pique un toast à l'avocat que j'enfourne directement dans ma bouche. Il est bon, je sens que je vais passer ma soirée devant ce buffet.

Je remarque plusieurs yeux sur moi, comme la fois dans la cuisine. Ce ne sont pas des regards qui inspirent la confiance. Ils me dévisagent en parlant à voix basses. Je peux comprendre que mon fauteuil ne passe pas inaperçu, mais je n'ai rien fait de mal. À part défier Stanislav le jour de mon entrée, mais dans ce cas, ils devraient passer à autre chose. Ça fait un moment déjà.