𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝙙𝙞𝙭-𝙨𝙚𝙥𝙩 - 𝐸𝑣𝑔𝑒𝑛𝑦

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Depuis aussi longtemps que je m'en rappelle, les coups de feu ont toujours résonné dans la nuit noire d'Azarov. Je me souviens me cacher sous mon oreiller sans arriver à fermer l'œil. J'étais petit, trop petit pour comprendre que ça pouvait me tuer. Trop petit pour avoir une notion de la mort. Pourtant, notre innocence est bien vite envolée dans cette ville.

Mes jambes tremblent, tout mon corps tremble et je manque de me laisser tomber contre le bitume fissuré. Cette peur, elle ne cesse jamais. Elle est toujours là, même quand je ferme les yeux.

J'aurais dû regarder plus tôt ma montre qui indique minuit zéro une. Parler du monde extérieur avec Stan m'a fait oublier qu'Azarov ne perd pas une seconde quand il s'agit d'ôter des vies. C'est trop tard.

— Evgeny bordel ! me tire Stan.

Il me tient le poignet pour m'attirer à lui. Il se met à courir, et je n'ai pas le choix que de le suivre. Mes jambes répondent seules, mon cerveau est lui sur pause. Le coup de feu était trop proche, l'homme doit se trouver dans la rue sombre qui monte au sommet. Stan m'avait pourtant dit que personne ne s'aventurait ici. Mensonge.

Il nous fait nous accroupir derrière un muret en béton qui donne sur cette ruelle. Puis il fouille dans les poches de sa veste.

— Ne dis pas un mot, souffle-t-il.

Je ne comptais pas le faire. Je n'en suis pas capable. Ma respiration est haletante, la peur s'est emparée de tout mon être.
Je ferme les yeux, priant pour que cet homme ne nous ai pas vu. Je n'ai pas d'arme, seulement mes mains tremblantes qui ne me serviront à rien. Dans ce moment, je repense à maman. J'espère qu'elle est en sécurité. Je ne peux que prier pour que elle s'en sorte.

À l'instant où je rouvre les yeux, je remarque que Stan tient dans ses mains un espèce de machin rond avec des lames. Si nos vies tiennent à ce truc, nous sommes déjà morts. Ça ne fera pas l'affaire face à l'arme que nous avons entendue.

— Qu'est-ce que...

Je n'ai pas le temps de poser ma question, Stan pose sa main sur ma bouche pour m'indiquer de me taire. Ses yeux gris se posent sur moi et malgré l'air glacial qu'ils m'envoient, ça me rassure. Le fait qu'il soit là, avec moi, me rassure. Tout seul, je serais déjà six pieds sous terre.

— Fais moi confiance, m'intime-t-il. Ne sors pas d'ici avant que je vienne te chercher.

Sur ces mots, il se redresse et regarde par-dessus le muret. Il fait quelques pas, accroupi et finit par traverser le haut de la ruelle pour disparaître. Il n'est plus dans mon champ de vision.

Les secondes me paraissent si longues sans lui. Pourtant, je reste caché derrière ce muret, comme il me l'a demandé. Je ne veux pas mourir. Pas aujourd'hui. Je sais qu'il me reste tant de choses à découvrir, en dehors de cette ville et de sa cruauté.

Trois coups de feu. J'entends trois coups, mon corps se raidit un peu plus à chacun d'eux. Stan n'a pas d'arme à feu, c'est pas lui qui a tiré. Mon souffle se coupe, je manque d'air. Ce n'est pas possible. Il ne peut pas être m...

Je n'ai pas le temps d'y penser plus, parce que du métal froid vient se poser sur ma mâchoire. Un bras encercle mon cou et coupe un peu plus ma respiration. Je ne vois pas l'homme derrière moi, mais je sais que ce n'est pas Stan. Il n'a pas son odeur douce qui contraste si bien avec son personnage.

— Alors, on se balade ? raille une voix rauque et moqueuse.

Tout mon être se raidit. J'essaye de me débattre mais l'homme est trop fort pour que j'arrive à lui retirer le bras qui m'encercle et m'empêche de bien respirer. Je suis foutu.

𝓣he 𝓒ity 𝓞f 𝓕allen 𝓐ngels | bxbOù les histoires vivent. Découvrez maintenant