𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝙫𝙞𝙣𝙜𝙩-𝙚𝙩-𝙪𝙣 - 𝐸𝑣𝑔𝑒𝑛𝑦

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NB : je vous ai mis une vidéo sur tous les chapitres afin de vous mettre dans l'ambiance ! XX Bonne lecture



Je n'ai pas fermé l'œil les trois jours suivants. À chaque fois que j'essaie de fermer les paupières, je revois son visage. Je revois sa poitrine ensanglantée, par ma faute. Je me revois tirer cette balle qui s'est logée en elle. Je suis rongé par la culpabilité à tel point que je n'ai plus la force d'en vouloir à Stan.

Il a voulu que je dorme dans sa chambre le premier soir. Il ne voulait pas me laisser seul. Je crois qu'il s'en veut de m'avoir emmené dans ce hangar. Et c'est bizarre, parce que je ne le connais pas comme ça. Je pensais qu'il voulait faire de moi un soldat. Peut-être que sa soudaine empathie est une façon de me formater. Que tout cela fait partie d'un plan.

J'ai passé les derniers jours dans mon appartement, à ne plus savoir manger ni sortir. Je n'ai pas senti une brise d'air sur ma peau depuis plus de quarante-huit heures. Et là, à deux heures du matin, je crois que ça me manque.

J'enfile une veste, un jogging et je sors de chez moi. Le vent est si froid que je dois rabattre ma capuche sur la tête. Azarov est impitoyable.

Je m'assois sur le banc face au bâtiment délabré qui sert à nous recueillir. Je crois que je n'ai pas encore la force d'y entrer. Les mots me manqueraient devant le bassin. Parce que je devrais dire quoi ? Que je suis désolé ? Que je m'en veux ? Tout cela n'a aucun sens. Bien sûr que je m'en veux, mais parler devant un bassin ne la ramènera pas à la vie, et n'enlèvera pas ma culpabilité. Stan me l'a dit, je ne m'y habituerai jamais.

— Evgeny, c'est ça ?

Un poids se fait ressentir sur la place à côté de moi. Une jeune femme vient de s'y asseoir, comme si elle y avait été invitée. Je reconnais ses traits, des yeux en amande et une peau métissée. Ses cheveux tressés sont tirés en une queue de cheval qui dégage son visage. C'est la nouvelle.

— Polina.

Je ne confirme pas mon prénom, elle le sait très bien. Je n'ai pas oublié qu'elle me connaissait avant même que Irina me présente. Et je n'ai pas oublié cette conversation que je n'aurais sûrement pas dû entendre.

J'ai envie de lui demander ce que ça voulait dire, mais elle me devance en prenant la parole.

— Tu penses quoi d'Azarov ?

Soudain, le froid me prend à la gorge. Sa question me surprend. Je ne sais pas la réponse qu'elle attend, ni pourquoi elle me la pose. Je ne la connais pas. Mais après tout, mon mépris de cette ville n'a jamais été un mystère.

J'hésite quelques secondes à faire retentir ma voix dans la nuit noire. Comme si ma haine d'Azarov était une honte. Comme si on ne m'avait pas donné des milliers de raisons de la détester jusqu'à ce jour.

Et je finis par le faire, élever ma voix, celle qui n'a plus d'importance depuis des années.

— C'est l'enfer sur terre.

Du coin de l'œil, je la vois dissimuler un sourire. Peut-être était-ce la réponse qu'elle attendait.

Elle acquiesce, et poursuit.

— Tu sais, beaucoup d'entre nous le pensent, murmure-t-elle.

La jeune femme commence à jouer avec une de ses bagues ornée d'une pierre violette. De l'améthyste, si je ne me trompe pas. Maman m'a toujours dit que ça apporte la sérénité. Mais Azarov doit annuler tous les bienfaits, je ne vois pas comment on peut se sentir serein dans cette ville, même couverts d'améthyste de la tête aux pieds.

𝓣he 𝓒ity 𝓞f 𝓕allen 𝓐ngels | bxbOù les histoires vivent. Découvrez maintenant