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- La vie d'après -

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- La vie d'après -

C'est très calme, dehors. Paisible, le ciel se pare d'une couleur rosée alors que le crépuscule s'annonce. Il est accordé avec les chênes aux feuilles oranges qui arborent les rues de la ville. C'est le signe que l'automne tombe.

L'automne, quelle belle saison. Ça aura été sa saison préférée longtemps. Les magnifiques couleurs changeantes, les arbres qui se dénudent au fil des jours. Ce temps de l'année où on redécouvre chaque jour sa ville. Akaashi l'avait toujours adoré. Mais plus maintenant. Celle-ci ne lui apportait désormais plus qu'un tas de souvenirs trop précis qui restaient douloureux. Après une année difficile, probablement la pire de toute son existence, la Terre avait presque achevé son cycle et on était bientôt de retour au début de l'hiver, lorsque tout avait commencé.

Point de vue Akaashi.

Je humais une dernière fois l'extérieur, l'air frais et humide du soir me caressant le visage, avant de fermer. Combien de temps étais-je resté là ? À vrai dire, je ne sais plus trop mesurer le temps qui passe depuis... ce qu'il s'était passé. Il m'arrivait régulièrement de regarder par la fenêtre sans bouger ni penser pendant plusieurs minutes. Je contemplais seulement les paysages en me disant combien la nature était belle, quelque soit la saison. Il ne pourrait plus jamais le constater, lui qui adorait s'extasier à propos de tout. Stop. Il faut vraiment que j'aille de l'avant, ça fait bientôt un an maintenant.

Je craquai mon dos en m'étirant, puis m'assis sur mon lit. Je regardai l'heure sur mon réveil :

21:07

Ce n'est pas encore l'heure de dormir. Je me penchai sous mon lit et attrapa mon ordinateur portable. Je n'étais d'humeur à rien faire, alors je cliquai sur "lancer un film aléatoire". Après deux petites secondes de chargement, l'ordinateur afficha le titre du film. Celui qui, parmi des milliers d'autres possibilités, avait été choisi par l'algorithme :

Cloud Atlas

C'en était trop. Je fermai d'un coup sec l'ordinateur et le remis sous mon lit. Pourquoi tout devait me rappeler à lui ? Agacé et chagriné, je m'allongeai sur le côté. Dans cette position, l'eau qui coulait de mon œil s'écoulait dans l'autre. Je pleurais. Encore.
Las, j'essuyai mes yeux rapidement sans bouger, une douleur dans la poitrine, fixant un point aléatoire loin devant afin de ne me concentrer sur rien d'autre que ce que je voyais. Un bureau bien rangé, mon sac au pied de mon siège. Sur le siège se trouvait une épaisse couverture bleu marine roulée en boule. Celle qui, quelques mois plus tôt, avait été adoptée par un grand jeune homme bruyant, fatigué et frissonnant.

Je n'avais pas pu me résoudre à m'en débarrasser. Après tout, c'était une couverture comme une autre et expliquer à mes parents pourquoi j'aurai soudainement envie d'enterrer une couverture aussi douce et confortable aurait été inutilement long et fastidieux. Je ne leur avait rien raconté de ce qu'il s'était passé pendant ce fameux mois où ils étaient absents. Pas envie, pas besoin. J'étais déjà quelqu'un qui m'exprimait peu d'ordinaire, alors ils n'ont pas vu de grand changement - ce n'est pas comme s'ils étaient très présents pour moi de toute façon- alors que du changement, il y en avait eu.

Mais depuis ce changement, plus rien. Le soleil continuait de se lever et de se coucher inlassablement, mais c'était comme si le temps s'était arrêté autour de moi. J'avais arrêté tout ce qui m'occupait habituellement, excepté les longues promenades que je faisais à l'aube ou au crépuscule pour faire le vide, et le volley. Les premières semaines, je n'avais aucune envie de m'y mettre. Mais je s'avais qu'il serait contrarié si je m'arrêtais à cause de lui. Je pouvais au moins faire ça pour lui.

"Merde." laissai-je échapper en constatant que mon oreiller n'était désormais qu'une flaque d'eau salée. Je n'avais aucune envie de bouger, mais il fallait au moins que je me change. Je mis machinalement le pyjama chemise à étoiles que j'avais acheté il y a quelques semaines. Il ressemblait beaucoup à celui qu'il portait la première fois qu'il était venu ici. Je jetais par dessus bord ma couette et pris la couverture bleue à la place. Une fois emmitouflé dedans, je me mis dos à mon bureau. D'ici, je pouvais voir le ciel maintenant sombre, et le grand miroir de ma chambre. Je m'attardais sur mon reflet. Dans ce pyjama et cette couverture , le nez et les joues rouges, une seule chose me venait à l'esprit : je faisais pitié.

Je me mis sur le dos, fermai les yeux et pris une grande inspiration. Une odeur familière m'emplit les narines : une odeur d'agrume, légèrement sucrée. Celle de Bokuto avait disparu depuis longtemps, car après un mois entier à pleurer dans cette couverture, il avait bien fallu la laver. J'avais fait plusieurs supermarchés en écumant les produits de lessive afin de trouver celle qui se rapprochait le plus de la sienne. Ironique de se dire que cette odeur de citron du savon de l'hôpital m'avait d'abord dérangé et mis mal à l'aise, à l'époque.
J'étais fatigué. Je ne dormais pas vraiment bien, depuis que c'était arrivé. Les premiers jours, je ne faisais que des cauchemars et la peur de m'endormir me laissait des heures, les yeux irrités par les larmes et l'écran de mon téléphone sur lequel je relisais toutes nos conversations. Comme je regrette de lui avoir répondu si froidement chaque fois...

Je sens finalement le sommeil m'emporter.

~

Dans mon rêve, j'étais en ville, du côté de la vue. C'est un endroit charmant pour ceux qui aiment observer les couchers de soleil. J'étais assis sur un banc. Mon souffle se condensait en formant un nuage devant ma bouche à chaque respiration : il faisait froid.
Je soupirai.
Un bruit se fait entendre à côté de moi, tout proche.

Par instinct, je me tournai vers le bruit, le cœur serré de peur à l'idée de savoir qui était assis à côté de moi. Il était là. Ses grands yeux me fixaient avec son habituel air étonné et un petit sourire qui cachait une excitation bien plus grande : il était heureux de me regarder.
Bien que faiblement éclairé par la lueur du jour qui s'éteignait, il était lumineux. Ses joues étaient rosies par le froid mais il avait bonne mine. Dieu merci, c'était un rêve heureux.

"Pourquoi tu me fixes comme ça ?

- Parce que tu es beau.

- ...

-Dis Keiji..." dit-il sans me laisser le temps de répondre. " Demande moi pourquoi j'aime tellement Cloud Atlas."

Non.

Pourquoi de toutes les choses qui pouvaient se passer, il fallait que je rêve de ça ?

Je m'entendis répondre, contre ma volonté "Et bien, Koutarou, pourquoi aimes-tu autant Cloud Atlas ?". Mais je ne voulais pas le savoir. Je connaissais ce dialogue par cœur, celui qui tournait en boucle dans ma tête quand j'avais des insomnies. Je ne veux pas l'entendre me l'expliquer de sa vive voix. Bokuto avait continué de parler pendant que j'étais dans mes pensées :

"... J'ai l'impression que je vais avoir une autre vie après celle-ci. Une qui est meilleure, et où je peux réellement me réveiller, et être avec toi...." un sourire joua sur ses lèvres roses pendant que le denier nuage de son souffle condensé disparaissait.

Je ne trouvais, une fois de plus, rien à dire. Je hochais machinalement la tête mais j'étais déjà parti, comme si j'avais été expulsé de mon corps par les mots qu'il avait prononcés.

~

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Voilà, j'espère que ça vous a plu. Je pense poster un à deux chapitres par semaine. Hésitez pas à me faire vos retours, c'est la première fois que j'écris. Et votez si ça vous a plu !
Je vous retrouve rapidement pour le 2e chapitre !

in the other life. (Bokuaka)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant