A fleur de peau

Chapitre 32

En fin d'aprèm je me rends au garage et je trouve Chibs à travailler sur une moto, il est seul car en dehors des heures d'ouverture des simples garagistes.

-        Salut.

-        Oh Ash ça va ? Me dit-il en m'embrassant.

-        Oui et toi ?

-        Ca va. Dit-il en souriant timidement.

Je m'installe sur une caisse et le regarde un peu travailler. Je vois Gemma au loin qui me fait signe de tête en souriant puis ferme la porte séparant son bureau de l'endroit où nous nous trouvons.

-        Je sais pas comment aborder le sujet Chibs.

-        Depuis quand t'as du mal à faire parler les gens ?

-        Les merdes irlandaises m'inquiètent. Lâchais-je.

-        Et depuis quand t'es au courant des histoires du club ?

-        Au courant de rien, mon mec rentre en pleine nuit, je le vois à peine chez nous. Je sais du coup que vous êtes dans une mauvaise passe. Je sais que cette mauvaise passe est irlandaise parce qu'Hap m'a dit que tu étais plus distrait ces temps-ci. J'ai juste eu confirmation de ce que j'ai soupçonné.

Chibs lâche ses outils et vient s'asseoir face à moi. Il met sa tête dans ses mains et ne me regarde pas.

-        C'est la merde Ash putain. Les putains d'irlandais... L'IRA... Ce Jimmy, merde !  Ma Kerriann et Fiona ! Dit-il en étouffant un sanglot.

Il relève la tête, je le vois pleurer. Je suis touchée que Chibs s'effondre comme ça ce n'est pas son genre ça doit vraiment être grave. Je me lève et le prends dans mes bras en le plaquant contre moi. Il a évidemment une rancœur envers les irlandais qui ont Fiona, la mère de sa fille, et Kerri. Evoquer l'IRA, les irlandais et les filles c'est plus que mauvais signe.

-        Chut Filip, chut.  Dis-je doucement en lui caressant les cheveux. Explique-moi simplement ce qui te rend si vulnérable.

-        Les fédéraux m'ont proposé un marché... je livre Jimmy O et ils sortent ma fille et ma femme de là-bas, les mettent sous protection.  Dit-il plaqué contre mon ventre.

Je sais qu'éviter mon regard lui a facilité l'aveu, je le caresse toujours tendrement pour ne pas le brusquer. Mais je suis choquée par la situation. Comme si l'IRA ne suffisait pas, les fédéraux sont de la partie. S'ils proposent un marché c'est qu'ils ont un œil sur les activités.

-        Filip, tu sais que le club arrive à retrouver des témoins ... tu crois que l'IRA ne retrouvera jamais Fiona et Kerriann? As-tu passé l'accord ?

-        Non j'ai écouté ce qu'ils ont proposé. Pas plus et je m'en veux déjà.

-        Va parler à tes frères, ta famille. Explique-leur ce que les feds ont essayé de faire et ce que tu n'as pas fait. Tu n'es pas un traître Filip, tu as écouté ce qu'ils avaient à te proposer, on sait ce qu'ils veulent. Tu t'en veux car tu as songé passé l'accord au fond de toi. Parles-en autour de la table de ça aussi, ils trouveront une solution pour Fi et Kerri. Tu n'as rien fait de mal Pa'. Donne l'avantage à ton club en leur avouant tout, ça dévoile les plans des fédéraux et permet de les contrer.

Filip se lève et s'effondre sur mon épaule. Je lui prends la tête entre mes mains et le regarde droit dans les yeux.

-        Je ne veux pas perdre le seul homme qui a su être mon père. Je ne suis pas Kerri, mais je t'aime comme un père et je sais que tu donnerais ta vie pour ce club. Tes frères t'aiment aussi. Les filles préfèrent sûrement te savoir en vie en étant loin de toi plutôt que se recueillir sur ta tombe.