Le Ravaudeur

3. Sensation

Suite à ce moment plus qu'agréable, le jeune esclave avala difficilement sa salive. Ses yeux azur étaient toujours ancrée dans ceux de son présentement maître et scrutait chacun de ses moindres faits et gestes. Le moins qu'on puisse dire était que l'expérience avait été surprenante et très enrichissante pour les deux partis. En effet, Alefsen savait à présent que le jeune homme était capable de ressentir du plaisir et que par conséquent le ravaudage pouvait continuer en toute tranquillité. Du côté d'Edgar, celui-ci apprivoisait petit à petit de nouveau les sensations de son propre corps. C'était comme réapprendre à marcher, même si là il s'agissait plutôt de réapprendre à réassocier sa conscience et son corps...

-Edgar, est-ce que tout va bien ? Demanda Alefsen avec une mine préoccupé.

Cela faisait environ quelques minutes que son esclave s'était figé après sa jouissance. Etait-il allé trop vite ? Peut-être avait-il choqué Edgar ou pire...effrayé ? Tous ses doutes furent balayés lorsqu'il vit le brun hocher très lentement la tête. Il était heureux de voir une réaction et surtout une réponse, aussi minime soit-elle.

-Bien, je suis soulagé alors. Ne t'en fais pas, si tu es un peu perdu c'est normal. Tu dois apprivoiser de nouveau ton propre corps. Cela prendra autant temps qu'il faudra, d'accord ? Surtout ne te mets pas la pression et délecte toi de chacune des sensations que tu vas redécouvrir. Dit-il d'une voix confiante.

Alefsen se releva ensuite avec un air satisfait tapissé sur le visage puis alla reposer la fiole dans le tiroir de la table à chevet. Une servante frappa à la porte puis déposa le repas sur une table près de la fenêtre où le mage avait contemplé les jacinthes plus tôt. Frappé par la bonne odeur des mets qui semblaient délicieux, Edgar releva très légèrement la tête et fixait la table. Le mage le remarqua et esquissa de nouveau un sourire, appréciant chacune des réactions qu'il trouvait totalement adorable chez le jeune humain. Il ressemblait à un petit chiot qui découvrait les joies de la vie et la beauté du monde.

-Tu peux t'assoir, mange tous ce que tu veux et surtout jusqu'à ta faim Edgar. Autorisa-t-il en venant accompagner l'esclave jusqu'à la chaise.

A en juger par la posture droite du jeune humain, Alefsen supposa que son petit protégé avait eu la vie dure en tant qu'esclave. En effet, il avait les poings fermés sur ses cuisses, le dos droit, la tête inclinée vers le sol et ses yeux fixaient l'assiette fumante de soupe sans bouger. Qu'il était désolant de voir que certains maîtres éduquaient si sévèrement pour des futilités pareilles... Puis il remarqua de léger tremblement de la part du brun et le Ravaudeur n'hésita pas à poser très délicatement sa main sur sa cuisse pour ne pas le brusquer davantage.

-Edgar, nous irons à ton rythme. Mange simplement, tu es autorisé à manger face à moi, assis sur une chaise et jusqu'à ce que tu n'aies plus faim. Tu peux te resservir et utiliser les couverts qui sont mis à ta disposition. Tu n'es plus avec ton ancien maître, tu n'es qu'avec moi et uniquement moi. Il n'y a que toi et moi ici, tu le comprends Edgar ?

Le Ravaudeur attendit que la respiration de son esclave se calme pour retirer sa main. Il prit la cuillère et la mit entre les doigts d'Edgar pour lui indiquer que c'était bon, qu'il n'allait pas le punir et qu'il était autorisé à manger. Parfois, les maîtres plutôt « extrémistes » m'étaient un point d'honneur à faire manger leurs esclaves autre part ou pire, dans des gamelles telles des animaux. Ce genre de pratique était bien évidemment interdite et la réglementation autour des esclaves étaient très stricte et surveillée. Mais ce n'était le cas que pour les esclaves officiels, déclaré légalement. Il subsistait dans tout le monde de Saphemir un véritable marché noir d'esclave principalement humain malheureusement... La plupart perdait leurs libertés suite à une dette non payé à des mages ou différentes espèces. Etait-ce peut-être le cas avec Edgar ?