Voilà qu'une semaine s'était écoulé depuis le miracle de la dernière fois. Oui, ce qu'il s'était passé pouvait être qualifié du miracle puisque peu importe les efforts du Ravaudeur, celui-ci avait été incapable de refaire parler Edgar. Et ça en était horriblement frustrant pour le mage originel. Jamais durant sa profession il n'était arrivé jusque-là. Jusqu'à cet état entre l'abandon et la persévérance de vouloir ravauder cet esclave si particulier. Il y avait bien diverses méthodes et théories qu'il avait eu envie de tester sur Edgar mais Alefsen craignait de trop le brusquer.
Tout d'abord, le Ravaudeur avait tenté de recréer les conditions qui avaient amené le jeune humain à prononcer ces mots encore ancrée en lui : « En..Encore...~ ». Mais ça avait été un incroyable échec, Edgar avait réagi corporellement mais n'avait rien répondu malheureusement. Alefsen avait bien essayé avec différente huiles mais suite à la précédente déprime du jeune homme, il avait été raisonnable avec ces essences. Peut-être que tout cela n'avait été qu'un simple coup de chance ? C'était si peu probable aux yeux du Ravaudeur. La chance n'existait pas. Mais les miracles oui. Le genre de miracle qui amène jusqu'aux rivières de la vérité et surtout jusqu'à des réponses.
Au fur et à mesure que le temps passait, Alefsen doutait. Etait-il qualifié ? Ne s'était-il pas rouillé après tout ce temps ? Après tout, dans la longue liste de tous les esclaves qu'il avait eues... Il y en avait eu un qu'il n'avait pas pu sauver. Alors qu'en était-il pour Edgar ?
Une journée après tous ces questionnements, Alefsen arriva à une conclusion. Si Edgar était incapable d'avancer, était-ce à cause de...
Tout à coup, les portes de la chambre du Ravaudeur s'ouvrir et coupèrent les pensées du mage. Une jeune femme aux courbes plutôt généreuses et à la longue chevelure blanche s'avança vers Alefsen avant de le prendre dans ses bras. Elle était aussi accompagnée d'une femme à la peau mate surmontée de diverses arabesques argentées sur tout le corps. Elle était habillée de deux voiles dorées attachée autour des hanches. Une à l'avant qui cachait son intimité et un autre qui retraçait délicieusement les courbes audacieuses de son fessier. Sa poitrine découverte émettait un léger tintement à cause d'une chaîne en or qui reliait ses deux mamelons. La tête baissé, elle entra avec sa maîtresse et s'inclina respectueusement face au Ravaudeur.
-Alefsen ! Cela fait si longtemps ! Tu m'as terriblement manqué, mon petit dresseur adoré !! S'exclama la femme à la chevelure blanche nichant la tête du Ravaudeur dans sa poitrine.
Virant aux rouges pivoines, le mage se redressa en toussotant et caressa affectueusement l'épaule de sa meilleure amie avec un sourire radieux.
-C'est partagé Arwen. Ou devrais-je dire, princesse et future reine d'Artemias ?
Donnant une tape affectueuse sur l'épaule du Ravaudeur, Arwen laissa son regard voguer dans la pièce avant de remarquer Edgar. Le jeune esclave était simplement assis sur le lit et ne disait rien. L'elfe s'avança soudainement vers lui et posa sa main sur son visage avec un doux sourire.
-Est-ce l'esclave que Lancelot t'a ramené ? Comment avance le ravaudage ?
-C'est exact. Edgar est un esclave qui donne énormément du sien, nous avons fait beaucoup de progrès durant les premiers jours. Mais depuis quelques temps, il est difficile de progresser je t'avouerais. J'ignore si c'est mes techniques qui ne sont pas qualifié ou bien moi qui suis trop rouillé. Confia Alefsen en se passant la main sur la nuque.
Arwen était sa meilleure amie et la femme qui l'accompagnait était Hérys. L'esclave et l'amante de la jeune femme alors il n'y avait aucun problème à parler de ça avec elle. Versant du vin dans quatre verres, Alefsen en donna un chacun. Il regarda Edgar avant de clairement l'autorisé à boire sous les yeux surpris d'Arwen.
-Tu dois lui donner ce genre d'autorisation pour qu'il boive ? Mon dieu... C'est...
-Horrible. Je le sais... Compléta Alefsen avec une mine perplexe.
Arwen fit signe à son esclave de s'approcher et lui demanda de rester auprès d'Edgar. Peut-être qu'en mettant deux esclaves ensembles... le brun allait se sentir plus à l'aise ?
Toutefois, de son côté c'était le brouillard. Edgar n'avait pas vraiment conscience des jours qui s'écoulaient, c'était comme s'il... était loin. Tout en étant là. Il n'arrivait pas à mettre de mots sur son état, c'était si... étrange ! Il sentait tout ce lui faisait Alefsen. Il sentait chacune de ses caresses. De ses baisers sur sa peau laiteuse. Ses murmures aux creux de son oreille. Il souhaitait lever son regard et se perdre dans les yeux clairs du Ravaudeur... Et pourtant... Peu importe à quel point il le souhaitait, il n'y parvenait pas. Il n'y arrivait pas. Peu importe à quel point il s'était acharné ces derniers jours, il n'avait pas prononcé un mot. Il n'avait fait aucun progrès. Il stagnait. C'était si frustrant... Qu'il avait envie d'abandonner. D'arrêter. A quoi bon de toute manière ? Il était cassé non ? Pourquoi le réparer ? Pourquoi Alefsen perdait son temps à le ravauder ?
-Maîtresse ... Edgar... Pleure... ? Murmura la voix stupéfaite d'Hérys.
Brusquement, Alefsen abandonna la conversation avec Arwen et s'élança vers son esclave. Pourquoi Edgar qui semblait si vide depuis ses derniers jours s'étaient mis à pleurer ? Etait-il réellement vide ou bien... Triste ? Si triste qu'Alefsen ne s'était encore une fois, pas rendu compte de l'état de son esclave ? Déposant un fébrile baiser sur les lèvres du jeune homme, le mage essuya ses larmes calmement.
-Edgar, s'il te plaît... ne pleure plus... Chacune de tes larmes est comme une aiguille qu'on plante dans mon cœur... Murmura-t-il au creux de son oreille.
Caressant délicatement la nuque du jeune homme, Alefsen put sentir comme des traces sur sa peau. C'était très léger et surtout bien dissimulé. Lorsqu'Edgar fut calmé, le mage demanda à ce qu'on lui apporte de la glace. Il avait remarqué que le brun aimait les choses sucrées et réagissait plutôt positivement au froid. Il le laissa alors déguster le met avant de se lever et de regarder Arwen avec une mine perplexe.
-A quoi réfléchis-tu Alefsen ?
-Hérys, peux-tu toucher la nuque d'Edgar ? Arwen, je vais avoir besoin de toi s'il se débat.
-Alefsen, ne me dis pas que...
-Nous serons fixé dans quelques instants.
Le Ravaudeur s'avança vers Edgar et le prit dans ses bras avec délicatesse avant de le serrer fermement. Le jeune homme ne montra aucune résistance et Arwen vint se placer à ses côtés pour tenir ses poignets si cela s'avérait nécessaire. Elle fit un signe de tête à son esclave qui s'exécuta en posant très délicatement sa main sur la nuque d'Edgar.
La réaction fut immédiate. Le brun se mit à gesticuler et commença à pousser des cris de douleurs en se débattant, donnant des coups dans le dos d'Alefsen qui récitait des incantations pour calmer la douleur. Le supplice dura dix secondes, dix secondes qui parut une éternité pour chacun.
Lorsqu'Hérys retira sa main, la nuque d'Edgar n'était plus vierge. Elle était parcourue par des arabesques similaires à ceux qu'Hérys avait sur tout le corps.
-Alefsen... Ces arabesques... Souffla Arwen les yeux écarquillés.
- J'ai bien peur que ça soit cela...

VOUS LISEZ
Le Ravaudeur
FantasiAprès avoir été presque brisé, un esclave trouve refuge chez un homme qu'on surnomme le « Ravaudeur ». Un dresseur d'esclave qui aurait le pouvoir ainsi que la méthode nécessaire pour restaurer les esclaves brisés. Mais le long chemin de la restitut...