Darker

8

Il était huit heures du soir, et je n'avais rien fait d'autre depuis ce qu'il s'est passé, à part filer dans ma chambre et y rester le reste de la soirée. Je réfléchissais à ce qu'il pouvait bien s'imaginer en parlant d'en "rajouter une couche". Et je me demande aussi ce qu'il veut dire par "enfer". 

Je suis assise sur mon lit, mon ordinateur sur mes genoux et ma lampe de chevet allumée, éclairant faiblement la pièce. Je cliquai sur le premier kdrama sur ma liste et le mis en route, ne cherchant pas plus loin. J'avais besoin de me changer les idées. Ces derniers temps, mon esprit était tellement agité que je n'eu même pas le temps de me reposer réellement. 

Je m'installai confortablement sous ma couette et replaçai l'écran sur mes genoux. Mais dès les premières secondes de mon épisode, je sentis les images d'aujourd'hui revenir et tourner en boucle dans ma tête. 

Pourquoi semblait-il si confiant ? Était-il vraiment lié à toutes ces activités criminelles ? Est-ce que le fait qu'il se drogue, était en lien avec tout ça ? J'en sais franchement rien, et je ne sais pourquoi je me pose de telles questions si je n'arrive même pas à y répondre. Je souffle, et ferme brusquement mon ordinateur. 

J'ai besoin de vider ma tête, même si ça a l'air d'être une mission impossible pour le moment. Je fais les cent pas dans ma chambre, essayant de trouver quelque chose à faire. Je regarde mon téléphone et l'attrape, avant de composer le numéro de Yujin. J'entends la sonnerie retentir trois fois avant qu'elle ne décroche.

- Yeoboseyo ?

- Salut, ça va ? 

- Nam-Sun, c'est quoi ce ton dans ta voix, qu'est-ce qu'il se passe ? dit-elle d'un ton presque agacé, ça se voyait qu'elle détestait quand je lui cachais quelque chose.

- Quoi ? De quoi tu parles ? Je vais très bien. Je voulais juste t'appeler, on s'est presque pas parlé ce weekend. mentis-je

Je ne pouvais pas lui raconter ce qu'il s'était passé, elle m'anéantirait de questions et commencerait à s'inquiéter, et c'est bien la dernière chose que je veux. Et puis même si je voulais lui dire, je ne pourrai pas. Sérieusement, ce serait comme si je l'appelais et que je disais : 

" Moi, ça va pas trop, j'ai été kidnappé pendant trente minutes par des trafiquants qui voulaient me garder mais Kim Taehyung l'un des connards du lycée m'a sauvé et m'a emmené après avoir totalement assumé devant moi sans le savoir qu'il était lié à toutes ces activités sombres de trafic de drogue et de prostitution. ". 

Ca sonne faux pour moi, en tout cas. 

- Mouais. C'est vrai qu'on s'est pas vu ce weekend. Mais même si on voulais, je n'aurai pas pu venir. J'étais à un anniversaire chez un pote à ma mère, et son fils est magnifique, alors je n'aurai pas pu louper l'occas', tu vois. dit-elle comme si c'était normal

- J'croyais que t'étais à fond sur Jungkook ? 

- Est-ce que j'ai mentionné le fait que j'avais abandonné ? Je ne crois pas, très chère. se défendit-elle 

- Bref, je voulais aussi te demander si Song-Jin t'avais parlé aujourd'hui ou appelé, par pur hasard ? demandai-je

- Heu, non. Je n'ai pas de messages de lui depuis Vendredi j'crois. Même si je doute que ce soit, comme tu le dis, "par pur hasard". ajouta-t-elle

Je ris un peu et elle aussi. Ca faisait du bien, de rire un peu.

- Et sinon, avec Taehyung, ça s'passe ? 

- Je ne lui parle pas, il en fait de même. On ne s'adresse jamais la parole à part pour se passer le sel à table. Tout va pour le mieux, je dirai. 

Mensonge. Cet abruti se fout de ma gueule et me fais chier depuis le début du weekend. 

- Si j'étais à ta place, j'essayerai de me rapprocher de lui. Nan mais sérieux, tu m'expliques comment t'as fait pour résister tout le weekend à sa "handsome face" ?! s'exclama-t-elle au bout du fil

- Rappelle-toi de la première fois où je lui ai adressé la parole, et tu pigeras, va. Bon, j'dois y aller, on se voit demain au bahut ? 

- Yep, bonne nuit chérie. 

- Bisous.

Je raccrochai enfin et reposai le téléphone sur mon bureau. Sacré Yujin, toujours accro aux gars celle-là. J'commence à croire que c'est sa drogue. Tiens, en parlant de drogue.

Je n'eu pas le temps de penser, quand j'entendis quatre courts frappements à ma porte. J'ouvrai et vis celui que je ne voulais pas voir.

 - Dans le jardin, maintenant. me lança-t-il froidement, avant de se rendre à l'extérieur. 

Je n'eu pas le temps de répondre qu'il était déjà en bas des escaliers. Nos parents étaient encore dans la salle à manger, probablement en train de parler de boulot ou de trucs du genre. Je descendis à mon tour et fermai les fenêtres après m'être rendu dehors. Je le vis, assis sur une chaise, au milieu de la terrasse. 

Je m'assis à mon tour en face de lui. Son regard était posé sur les dalles, au sol. Il semblait préoccupé. Je décidai de faire le premier pas.

- De quoi tu veux parler ? dis-je, brisant le silence entre nous.

Il souffla et leva les yeux vers moi. Ses iris noires brillaient dans la nuit, reflétant les lumières venant du salon. 

- D'aujourd'hui, de ce que tu as vu, et surtout de ce que tu n'étais pas sensée voir. répondit-il, sur le même ton que tout à l'heure.

- Si tu veux l'entendre, alors j'ai tout oublié, je me souviens de rien. Content ? 

- Je veux pas entendre ça. Tout ce que t'as à faire là, c'est m'écouter attentivement et la fermer. 

Il prit une pause, attendant une quelconque réponse "débile" ou "agaçante" de ma part, mais je dis rien. 

- Les hommes que tu as vu aujourd'hui, je les connaissais pas. Pour le reste, t'as intérêt à rien dire, parce que je te signale que je suis pas le seul à avoir des secrets, ici. menaça-t-il, son regard perçant le mien.

- Tu ne me connais pas, Kim Taehyung, tu ne sais rien de moi, et tu n'aurai rien à raconter si ça devait arriver. lui lançai-je, un brin d'insolence dans ma voix.

- Tu crois ça ? Et tu crois pas que tes parents exploseraient s'ils savaient que tu faisais le mur, les jeudis soirs ? 

J'ouvrai grand les yeux. Comment sait-il que je sors en cachette le jeudi soir ?! Il m'espionne ? J'avalai ma salive difficilement. 

- C-Comment tu sais ? lui demandai-je.

- Je le sais, c'est tout. Maintenant, c'est loin d'être la seule chose que je connais, à propos de toi. C'est ton choix, mais rappelle toi bien que si tu me balances, je me ferai un plaisir de le faire aussi. Œil pour œil...

Il se leva de sa chaise et se pencha vers moi, me regardant droit dans les yeux. Je pouvais sentir sa respiration sur mes lèvres. Il inclina sa tête davantage, n'étant qu'à quelques millimètres de mon visage.

- ... Et dent pour dent. finit-il, avant de se redresser et de rentrer, claquant la porte coulissante du jardin derrière lui, me sortant complètement de ma semi-hypnose.

Enfoiré.

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