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La nuit fût courte pour Yuuri. Impossible qu'il puisse dormir avant son programme libre. Tout allait se jouer là-dessus et il était conscient qu'il fallait qu'il gagne. Il voulait cette médaille d'or. Il la désirait au plus profond de lui cette première place. Prouver au monde entier qu'il en était capable mais surtout prouver que c'était uniquement grâce à lui-même qu'il allait se tenir sur la première place du podium. Pas de Victor à l'horizon et il aurait enfin sa propre médaille pour lui. Malgré ses ambitieux projets, tout ne s'était pas passé comme prévu, ou du moins des imprévus qui l'avait rendu encore plus nerveux s'était glissé dans son costume. Il ne savait pas comment c'était possible, mais il n'avait jamais vérifié son habit puisqu'il avait confiance au bon soin du pressing dans lesquels ses costumes avaient été lavés. La fine toile qui recouvrait son dos dans cette combinaison noire s'était tout simplement déchiré.

Il avait presque hurlé en découvrant ce trou présent dans son habit. Il n'avait vraiment pas compris comment cela était possible et la chance n'était pas de son côté. Heureusement pour lui, le reste du costume semblait intact. La colère monta en lui, et même s'il n'était pas du genre impulsif, sa main enleva le reste de nylon qui été restait en place. A présent, il n'y avait plus rien au niveau de l'arrière. Il allait patiner dos nu et il sentit une légère gêne après coup. Comme il le pensait, en apprenant la nouvelle son entraîneur lui avait dit qu'il n'aurait pas le temps de le faire réparer à temps avant la compétition de demain matin et dans tous les cas Yuuri avait déjà trouvé une solution. Le seul problème, qui se posait pour ce timide Japonais était qu'au niveau de son bassin, la naissance de ses reins se voyait nettement mieux. Rien de bien choquant soit dit en passant, et en discutant avec ses proches lorsqu'il essaya de nouveau sa combinaison, tout semblait dans les règles. En tout cas, il n'allait pas être disqualifié pour tenue outrageuse.

Les membres de l'ISU avaient été mis au courant de son petit incident et cela avait été toléré. Ce genre d'accident avait déjà eu lieu pour certains compétiteurs et Yuuri savait qu'il ne serait pas désavantagé. Tout cela l'avait rendu davantage stressé et il avait eu du mal à rester calme. Le peu de sommeil qu'il avait réussi à avoir ne lui avait pas vraiment permis de se reposer correctement et tout son corps lui réclamait encore un peu de repos. Comme si cela n'avait pas suffi, par hasard il trouva dans ses affaires, la bague en or, son « porte-bonheur » qu'il avait échangé avec Victor. Il avait l'impression que le destin s'acharnait contre lui et essayait de repousser ses limites. La bague avait été mise autour d'une chaîne que Yuuri avait continué de porter discrètement pendant un certain temps après la fin de sa dernière saison.

« -Et merde..., poussa-t-il. Qu'est-ce que tu fais là toi ? »

Il fît tourner le collier entre ses doigts. Il prit la décision de porter cette chaîne une dernière fois. La bague brillait toujours de mille feux et il allait symboliquement s'en séparer aujourd'hui pour de bon. Ses yeux se fermèrent un instant, il avait besoin de se recentrer. Quand, il ouvrit de nouveau les yeux plus aucune émotion de ne le traversait et l'objet dans ses mains n'avait plus aucune signification pour lui.

Yuuri s'était promis de ne plus autant s'énerver. Surtout pour tout ce qui concernait de loin ou de près Victor. Il se l'était juré et pourtant...pourtant la fièvre de son cœur recommençait de plus belle. Il n'avait plus le droit d'être dans un tel état pour lui. Il ne devait plus être triste, ni ressentir quoi que ce soit d'autre pour le Russe. Une promesse était une promesse. Il devait passer à autre chose, être indifférent, froid surtout à quelques heures de son programme libre.

Pourquoi avait-il fallu qu'il croise Anastasia et Victor main dans la main se souriant et se regardant amoureusement ? Ce que dégageait le couple, leur amour, leurs regards doux l'un envers l'autre, lui avait rappelé la réalité qui se jouait dans son cœur. Une douleur vive l'avait presque fait flancher et il avait dû garder la tête haute pour rester indifférent car Victor l'avait regardé au moment où ils se passaient à côté. La haine, pure, dure, froide avait refait surface comme un morceau d'iceberg qui venait de se détacher mais aussi sa jalousie. Il enviait profondément Anastasia peut importer ce qu'il pouvait bien se dire. Elle était belle, grande, possédait une chevelure d'or et le même regard bleu que Victor.

Yuuri avait bien compris que lorsqu'il avait passé des moments intimes avec Victor, ce n'était qu'un amusement pour le Russe. Tel une furie, il rentra dans sa loge et le mur fît les frais de sa colère. Son poing dans le mur, il ressentit une douleur le parcourir l'avant-bras, mais cela ne le calma pas pour autant. Il retapa autant de fois que nécessaire pour que tous ses sentiments néfastes disparaissent. Sa main tremblait légèrement et il se laissa tomber au sol. De petites éraflures étaient présentes sur son poing. Quelques gouttes de sang commencèrent à perlaient le long de ses doigts. Heureusement, que les manches de son costume possédaient des sortes de mitaines qui étaient accrochés à son majeur. Cela n'allait pas se voir, et il en était rassuré.

Epuisé, il n'avait même pas la force de se tenir sur ses jambes. Quand Phichit rentra dans la loge, il ne lui posa aucune question. Connaissant son ami par cœur, il n'avait pas besoin de demander ce qu'il avait mis dans un état pareil.

« -Donne-moi ta main, ça va s'infecter, ordonna le Philippin. »

Yuuri ne prononça mot, et se laissa faire tel une poupée de chiffon.

« -Regardes ce que je t'ai apporté, lâcha Phichit joyeusement en agitant un petit flacon. »

Yuuri fronça les sourcils, trop fatigué pour se battre contre l'humeur joyeuse de son ami, il n'argumenta pas quand ce dernier lui annonça que c'était du vernis. Il avait eu envie de protester mais voyant l'air sérieux de son ami, il se laisse une nouvelle fois faire.

« -Tu te sens de te faire ton Smoke-eyes avec ta main ?

-ça devrait aller, je pense, tu m'as bien soigné, plaisanta Yuuri en agitant sa main droite bandée.

-Imbécile. Tu devras patiner sans je te rappelle. »

Ses ongles peint en noirs, son maquillage presque prêt, il réussit à se dessiner un trait d'eyeliner le long de ses yeux ce qui avait pour effet de lui donner un regard d'animal sauvage.

« -Tu ressembles à une panthère qui s'apprête à manger sa proie, lâcha Phichit qui avait eu la même pensée que lui. »

Yuuri lui lança un faible sourire et ils se dirigèrent ensemble vers leur dernier entraînement de cette compétition.

L'odeur familière de la glace, le bruit des lames de ses patins qui traversait cet univers glacé, il souffla pour faire descendre la pression qui l'habitait et il enleva sa veste aux couleurs nippone. Il allait rendre hommage et donner la médaille à son pays chez lui. La finale se passant à Tokyo, Yuuri se sentait tout de même en sécurité ici. Remporter la médaille d'or à domicile était un de ses rêves et c'était aujourd'hui ou jamais. Il entendit son nom au micro et il fit de grands gestes au public qui lui répondait de manière chaleureuse. Plusieurs drapeaux Japonais et différentes bannières à son effigie s'agitaient dans les gradins. Il ne pût s'empêcher de sourire et de penser à quel point il aimait se tenir ici, sur la glace.

Il se plaça au milieu et les lumières blanches s'éteignirent pour faire place à des lumières d'un rouge intense. 

Your eyes on MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant