Chap. 15 : La trêve

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Enfin, la trêve avait été annoncée. Chan et Changbin planifiaient leur escapade définitive hors de la guerre et du pays carrément. James était de mèche, le duo allait s'échapper à l'aide de l'avion par lequel il était arrivé.

L'américain avait en sa possession un avion d'observation de quatre places, un Cessna Bird Dog L-19A qui serait parfait pour leur fuite. Malheureusement leur plan était encore défaillant, ils n'avaient qu'un seul parachute mais pouvait se débrouiller pour l'utiliser à deux.

De plus le véhicule manquait cruellement d'essence, le réservoir était presque à sec. James devait faire un discret aller-retour à la ville la plus proche pour rapporter un jerrican de kérosène sur le campement. L'américain en profiterait pour ensuite se poser sur une île avoisinante avant de faire un ultime voyage vers son pays natal.

Ce plan arrangeait tout le monde et le pilote souhaitait les aider également, après toute la bonté dont Chris avait usé envers lui. Il se sentait reconnaissant et serait fier de l'aider à accomplir un tel souhait, celui de s'en aller loin d'ici en compagnie de Changbin.

Leur départ était prévu dans exactement onze jours, ce qui laissait à James le temps de revenir, après quoi les trois compères seraient fin prêts à partir. Chan avait le cœur serré de laisser ses troupes, ses compagnons d'armes ici, sans leur annoncer son envol ni leur dire au revoir.

Peut-être en reverrait-il un jour, mais il aurait alors trop honte de les affronter, après avoir fui lâchement. Ce qu'il ne savait pas c'est que la plupart des soldats auraient été totalement d'accord pour qu'il profite de la pause par sa propre trêve.

Plus d'assauts pour le moment, peu d'hommes dans les tranchées et la plupart étaient en route pour le campement, arrivant dans une douzaine de jours. Ils devaient faire vite.

Changbin était chargé de préparer les affaires, et erraient de tentes en tentes pour récupérer du matériel qui leur serait utile. Son sac et celui du général étaient prêts depuis un moment, patientant dans le coin de leur tente. Ils devaient voyager léger, ne pas s'encombrer de charges inutiles.

James les avaient prévenus du poids maximal que l'avion pouvait supporter et ils s'étaient plié à la contrainte. Une fois au sol ils devraient marcher avec leurs affaires et ainsi porter tout ce qu'ils avaient sur le dos.

Jeongin pour sa part était suspicieux. Son ami n'était pas exactement comme d'habitude, il ne le regardait plus dans les yeux en lui parlant et ressentait une certaine gêne de la part du plus âgé envers lui. Avait-il honte de lui à présent ?

Le soldat n'avait pas d'informations et ça l'angoissait. Changbin en avait peut-être marre de lui, s'était lassé de sa compagnie à nouveau. Puis un soir, alors qu'il ne restait que six jours, il lui expliqua.

Il raconta au plus jeune ce qu'il s'apprêtait à faire en compagnie de Chan, qu'ils allaient fuir ce pays à feu et à sang pour des contrées plus calmes. Il ne pouvait pas lui dire où car il savait que Jeongin allait chercher à les retrouver, et ne pouvait pas risquer de se faire trahir par lui, bien qu'il lui fasse confiance.

Le jeune homme, assit face au grisé, était silencieux. Il allait de nouveau perdre son ami. Une fois leur conversation terminée ils se levèrent, échangèrent une poignée de main et se serrèrent ensuite dans les bras de l'autre.

Une larme roula sur la joue de Jeongin et il l'écrasa aussitôt. Cette image perturba Changbin. Il avait déjà fait pleurer Minho, plusieurs fois, mais pourtant il ne s'en était jamais voulu, de toute façons il n'en était pas capable. Il serra le plus jeune un peu plus fort contre son torse et le laissa repartir.

Un sentiment de culpabilité l'écrasa et il alla chercher du réconfort auprès de Chan.

« - Chris ?.. J'ai tout dit à Jeongin, je suis désolé..

- Hey, c'est pas grave, si tu estimes que c'était la bonne chose à faire c'est que tout est ok. »

Sur-ce le général l'attira dans la tente pour le câliner et le calmer pendant un moment. Quand le grisé n'allait pas bien c'était ce qu'ils faisaient, se câliner et parler longuement pour se changer les idées.

Un beau jour, James revint, les bras chargé de provisions et d'un gros bidon d'essence. Il était épuisé par le voyage et dormi un jour entier. Plus que deux jours avant le grand départ, Chan ne dormi pas cette nuit là.

***

Le jour J arriva, aux alentours de 4 heures du matin les trois hommes se rejoignirent aux pieds du Cessna luisant qui attendait là. Le plein avait été fait, les affaires étaient chargées. Il fallait maintenant se dépêcher afin de ne pas se faire rattraper.

James embarqua le premier, se posta à sa place de conducteur. Il vérifia toutes les commandes, les niveaux de liquides et les éclairages, aucune anomalie visible. Pendant ce temps les deux passagers s'étaient installés tranquillement, le cœur un peu battant.

L'Américain mit le contact et le moteur se mit à vrombir, tandis ce que les hélices tournaient dans un léger ronron. Le souffle court, Chan prit la main de Changbin dans la sienne, l'avion se mit à avancer, puis prendre de la vitesse.

Quelques personnes sortaient des tentes, des mines fatiguées sur le visage. Aucun vol n'était prévu à cette heure, c'était soit des ennemis prêts à bombarder, soit une fuite. Mais puisqu'ils étaient en trêve, cela ne pouvait être que le deuxième cas de figure.

Des hommes saisirent des armes sous les commandements du colonel et commencèrent à tirer un peu à l'aveugle sur l'avion qui prenait enfin de la hauteur dans les ténèbres. Aucun fuyard ne serait laissé vif, c'était une des uniques règles d'exécutions de leurs supérieurs communs.

Jusqu'à la fin de la guerre ils seraient traqués, peu importait où, puis tués sur place publique. La Corée du Sud était un pays fier et ne tolérait aucun manquement à ce niveau là. Changbin l'avait bien comprit et Chan en avait peur, c'était ainsi que leur était venue l'idée de quitter le pays.

Une fois hors de portée des balles, le conducteur se détendit et ses passagers également. Changbin s'endormit contre le torse du général qui entoura ses bras autour de lui.

Le trajet allait durer un moment, et ils allaient traverser des zones dangereuses.

Direction ; le Japon.

Stone Heart [ChanBin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant