behind the stream : Les fissures d'un monde.

Chapitre 14 : Évasion

La pluie ruisselait sur les vêtements du jeune écolier. Encore une journée qui s'achevait. Son bras lui faisait mal, mais ce n'était pas grave. Il avait l'habitude. Il récupéra son sac et reprit la route pour rentrer chez lui. Il était déjà tard, probablement trop pour espérer manger une fois rentré. Il décida de bifurquer pour récupérer de quoi se nourrir à la supérette du coin. Ce qui était bien avec la pluie, c'était que les harcèlements se faisaient moins intenses. À croire qu'ils n'aimaient pas être mouillés.

Il s'aventura dans les ruelles, hésitant un peu sur le chemin à suivre. Ils l'avaient emmené assez loin pour être tranquille et il n'était pas bien sûr de quelle route prendre. C'était probablement ce qu'ils avaient voulu, vu qu'ils savaient très bien que s'il rentrait trop tard, il n'aurait pas à manger. Mais bon, à force, il avait développé des astuces pour survivre. Il enleva sa chaussure et chercha dans la doublure. Il en retira un billet. Juste ce qu'il fallait pour s'acheter un sandwich jambon-beurre.

Des coups de feu retentirent, brisant la quiétude de la fin de journée. Voilà qui n'était pas banal. Et en plus, ils étaient non seulement proches, mais aussi dans la direction vers laquelle il se dirigeait. Le jeune homme croisa les doigts en espérant que ça ne provoquerait pas la fermeture prématurée de la supérette. Il pressa le pas, mais au moment où il allait sortir des ruelles, des sortes de soldats équipés de fusil et traînant une machine étrange surgirent dans la rue. Et ils tiraient sur des gens qui semblaient les poursuivre. C'était bizarre, et la situation n'allait pas en s'arrangeant.

Le jeune homme se cacha derrière une poubelle et regarda l'affrontement. En partie parce qu'il était curieux, mais surtout parce qu'il préférait attendre que la route soit sûre pour sortir. Les soldats se mirent à couvert derrière un étal tandis que plus loin, une hybride-araignée sortit d'une ruelle pour les mitrailler à son tour. Et personne n'utilisait la magie. Enfin, presque personne, parce que derrière l'hybride, il apercevait une femme qui semblait la guérir dès qu'elle se faisait blesser. Et comme si les choses n'étaient pas assez bizarres comme ça, l'araignée attrapa une grenade à sa ceinture et la lança sur ses opposants en hurlant :

− Bande de fils de pute ! Si vous pensez que je vais vous laisser crever notre monde sans rien faire !

La grenade explosa dans une détonation assourdissante qui fit siffler les oreilles du jeune homme. Mais elle n'avait pas fait beaucoup de dégâts, et presque aussitôt, des salves de balles répondirent. Et la police débarqua. C'était surréaliste. D'un côté, il y avait les deux groupes qui utilisaient des armes dépourvues de magie et qui essayaient de s'entre-tuer, et de l'autre, les force de l'ordre avec leur arsenal magique. La suite des événements fut très confuse du fait que le jeune homme ne voyait pas bien tout ce qu'il se passait.

La police se plaça au beau milieu de la bataille, essayant d'incapaciter les deux parties pour les arrêter. Mais l'hybride avait senti la menace et s'était alors déchaînée. Des balles et des éclairs de magie s'étaient perdus, des corps de militaires étaient tombés, et quand enfin les tirs avaient cessé, l'araignée était endormie à l'aide de puissant sceaux de sommeil. Les forces de l'ordre avaient alors quitté les lieux après les avoir nettoyés et le jeune homme put enfin sortir de sa cachette. Il regarda la rue, mais mis à part quelques impacts de balles que la police avait ratés, tout semblait avoir été restauré. L'écolier se dépêcha alors de récupérer son sandwich et reprit le chemin de sa maison, pensif. Tout cela avait été surréaliste. L'armement des soldats, les grenades de l'hybride, sans oublier les mots que cette dernière avait prononcés... c'était...

− Rokusasu ! C'est à cette heure que tu rentres ?

Le jeune homme frissonna. Son père adoptif se tenait devant lui. Il s'était tellement perdu dans ses pensées qu'il n'avait pas remarqué être déjà arrivé chez lui. Il baissa les yeux face au regard autoritaire qui le dévisageait.