2 - Christophe Colomb & Galilée

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Bellamy ne commence pas doucement avec cette histoire de pari. Il n'a jamais rien fait doucement de toute façon, à part se languir de Clarke, bien sûr.

Puisque Murphy l'a mis dans ce pétrin, il n'est que justice qu'il demande de l'aide à son ex-petite amie, Emori. Elle est maquilleuse après tout, et elle aide tout le temps avec les costumes dans leur théâtre local. C'est donc à elle qu'il demande de l'aide pour cela. C'est aussi son amie, donc il s'attend à ce qu'elle ne se moque pas trop de lui.

Il avait tort, bien sûr. Emori est son amie, mais elle était aussi la petite amie de Murphy. Elle n'aurait pas survécu à quatre ans de son humour mortel si elle n'était pas au moins au même niveau de sarcasme.

Elle se moque de lui et de son incapacité à demander à Clarke de sortir pendant toute l'heure qu'elle prend pour l'habiller en Christophe Colomb. Pendant ce temps, Bellamy ne peut s'empêcher de penser qu'il aurait dû se bouger et demander à la jeune femme de sortir avec lui. Juste pour échapper aux moqueries de ses amis.

Mais ensuite, il se rend à l'école et il est un peu en retard donc il ne s'attend pas à rencontrer Clarke dans les couloirs. C'est pourquoi, bien sûr, il tombe sur elle dès qu'il met les pieds dans l'immeuble. Elle ne le voit pas au début, car elle transporte tellement de fournitures d'art qu'elle ne peut même pas voir ses propres pieds. Il lui ouvre la porte, lui souhaite bonjour, lui propose de porter certaines de ses affaires (ce qu'elle refuse, bien sûr). Ce n'est que lorsque le tas dans ses bras tombe sur le sol et qu'ils se dépêchent tous les deux de tout ramasser qu'elle s'arrête et le regarde bouche bée.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?"

Il rougit. Il ne peut pas dire si elle remarque la coloration écarlate de sa peau brune, mais c'est une prof d'art après tout. Si quelqu'un connaît ses couleurs, c'est bien elle.

"Je suis Christophe Colomb."

"Qui ?"

"Christophe Colomb", répète-t-il lentement. "L'homme qui..."

"Non, je sais qui est Christophe Colomb, mais pourquoi es-tu habillé comme lui ?"

Il pourrait mentir. Il pourrait lui dire que c'est uniquement à des fins éducatives. Il pouvait s'épargner l'embarras. Il –

"J'ai perdu un pari."

Elle rit, incrédule, et il jure que c'est le plus beau son qu'il ait entendu aujourd'hui.

"Oh mon Dieu !" s'exclame-t-elle. "Pourquoi ferais-tu ça ? Qu'y avait-il à gagner qui valait la peine ?"

Toi. Il aimerait bien le lui dire, mais c'est un lâche quand il s'agit de Clarke Griffin, et ce depuis le moment où il l'a rencontrée. Et aussi, il ne pense pas qu'elle aimerait être comparée à une "chose" qu'il aurait pu gagner. C'est plus compliqué que ça pour lui de toute façon.

Il n'a pas le temps de répondre. La deuxième cloche sonne et ils se séparent avec un petit signe de pour lui et un sourire de sa part à elle. Un sourire si brillant et si chaleureux que les rires narquois qu'il reçoit des enfants qui l'attendent dans sa classe ne le dérangent même pas.

***

Le lundi suivant, il est déguisé en Galilée, en train de déjeuner, quand Clarke ouvre la porte de leur salle commune. Il sursaute légèrement, met un peu de sa vinaigrette sur sa fausse barbe.

"Alors c'est vrai !" s'exclame-t-elle en s'asseyant à côté de lui.

"Que la Terre est ronde ? Absolument", taquine-t-il, parce que l'état de surprise dans lequel elle se trouve est assez amusant à regarder et parce qu'il adore la faire rire.

"Mes élèves n'arrêtent pas de parler de tes costumes. Tu sais que je les ai juste après toi, n'est-ce pas ? Ils sont difficiles à calmer après ça."

Il fronce les sourcils. Il ne voulait pas lui causer de problèmes. Il est sur le point de le lui dire quand elle pose une main sur son bras.

"Je trouve que c'est génial que tu fasses ça. L'histoire-géo m'a toujours ennuyé à mourir quand j'étais enfant. Si mon professeur avait fait ça, ça aurait rendu les choses intéressantes à coup sûr !"

Il déglutit lentement.

"Merci ?"

Elle est déjà en train d'ouvrir sa boîte de déjeuner et de discuter des enfants et du programme, inconsciente de l'effet qu'elle a sur lui, inconsciente du fait que ses éloges viennent de l'envoyer au septième ciel. Il ne peut même pas s'en attribuer le mérite. Sans Murphy, il ne serait même pas –

"Nous devrions faire quelque chose ensemble un jour."

À ces mots, il s'étouffe avec sa gorgée d'eau.

"Que veux-tu dire ?" demande-t-il après s'être remis.

"Au lieu d'essayer de calmer les enfants après ton cours, je pourrais utiliser leur énergie pour faire quelque chose pour le mien. Je pourrais me concentrer sur la période sur laquelle vous travaillez et leur enseigner les différents arts de cette époque."

"Bien sûr, c'est une bonne idée."

"On pourrait se voir après les cours, ou alors tu peux me donner ton programme. Je pourrais utiliser ta créativité pour réfléchir à certaines de mes idées."

Elle veut le voir ? Après les cours ? Elle pense qu'il a de la "créativité" ? C'est... C'est...

"Ou tu peux simplement donner le programme à Madi si tu n'es pas disponible."

Il doit se racler la gorge pour lui répondre, et les mots qui sortent de sa bouche ne sont pas ceux qu'il veut dire.

"Oui, je vais donner le programme à Madi et tu pourras travailler à partir de ça."

Il trébuche sur ses pieds maintenant, le cœur battant dans ses oreilles, les mains tremblantes de nervosité alors qu'il range son déjeuner à la hâte.

"Fais-moi savoir si tu as besoin de quoi que ce soit."

Il est sorti de la pièce avant même qu'elle ne puisse lui dire au revoir.

La nouvelle prof d'art sexyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant