4 - Faire la paire

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Clarke prend la compétition très au sérieux. Et chaque semaine, elle l'achève un peu plus. Bellamy fait de son mieux pour la surprendre, mais c'est comme si elle avait toujours une longueur d'avance, devinant ce que serait son prochain tour avant même qu'il ne le fasse réellement.

Elle est la Marie Curie de son Pierre. Robe noire conservatrice sous sa blouse blanche pour s'accorder parfaitement avec la sienne. Quand ils en rigolent au déjeuner, il découvre à quel point elle aimait la science. Elle lui explique un peu qui est sa mère, une grande chirurgienne et chercheuse et combien Clarke voulait suivre ses traces quand elle était jeune.

"L'art est assez éloigné de ce choix de carrière", répond-il. "Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?"

"J'ai toujours aimé l'art comme passe-temps. Mais quand j'avais seize ans, mon père m'a emmenée à Paris lors d'un de ses voyages d'affaires. Nous y sommes restés tout un été et chaque fois qu'il avait un peu de temps libre, nous visitions des musées et des galeries. Je suis tombée amoureuse de Montmartre et de la vie que les artistes méconnus vivaient au gré de leur passion, attirant touristes et passants. Quand je suis revenue à Polis, je ne pouvais pas m'imaginer faire autre chose de ma vie.

Elle rit un peu, les yeux perdus au loin, dans ses souvenirs.

"Ma mère s'est vraiment énervée contre mon père à cause de ça, d'ailleurs."

"Mais ton choix était fait", peut-il facilement deviner, car une chose est sûre : l'entêtement est égal au sien.

"Oui. Tu sais, je pense que j'ai encore cette caricature de mon père et moi dans un tiroir quelque part à la maison..."

"Eh bien, si tu peux le trouver et l'apporter ici, je serai heureux de me moquer de toi."

Ses mots ne déclenchent pas le rire qu'il pensait entendre, mais la cloche sonne et leur moment est terminé.


***


Bellamy a attendu ce moment toute l'année. Pour être honnête, il est toujours excité quand il arrive à la partie grecque et romaine antique du programme d'Histoire. Mais il est encore plus excité cette année, car il peut enfin s'habiller comme ses héros préférés pour une bonne raison.

Il va devoir remercier Murphy à un moment donné.

De plus, il est impatient de voir ce que Clarke va porter quand il marchera dans l'école en tant que Paris de Troie. Il n'aime même pas ce costume. Il est la réplique exacte de celui que portait Orlando Bloom pendant le film "Troie" et il déteste ce film. C'est tellement horrible, tellement inexact, tellement –

il s'arrête net au bout du couloir. En face de lui n'est pas Clarke. En face de lui se trouve Hélène de Troie, échappée de ses fantasmes les plus fous.

C'est alors qu'il comprend Paris pour la première fois de sa vie. Si elle était prisonnière d'un mariage malheureux dans un pays étranger. Si Aphrodite elle-même lui avait promis qu'elle serait à lui. Il l'aurait kidnappée. Il l'aurait ramenée à la maison avec lui. Et derrière les murs sûrs de Troie, il l'aurait aimée et adorée. Il aurait affronté les dieux et les héros, et les mille navires, et les armées. Il aurait laissé brûler tout son royaume. Pour elle.

Il est loin d'être concentré pendant la première heure de son cours et, bien sûr, ses élèves le remarquent. Heureusement, il sait tout par cœur. C'est toutes les histoires qu'il a jamais racontées à sa sœur quand elle était jeune. Comme Octavia il y a dix ans, les enfants l'écoutent avec de grands yeux puis prennent les cinq dernières minutes pour le bombarder de questions. À tel point qu'il pense qu'il devra s'habiller en Achille la prochaine fois et leur parler de l'autre côté de la guerre de Troie.

La nouvelle prof d'art sexyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant