8 - Tes vraies couleurs

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Son cœur bat follement dans sa poitrine quand Clarke ouvre la porte de sa classe d'art et les laisse entrer, la fermant derrière eux. Sa paume est moite contre la sienne, mais cela le peine de lâcher prise quand elle va se tenir devant une toile, cachée par un drap blanc taché de peinture.

Elle prend une profonde inspiration, marmonne quelque chose qui ressemble à "d'accord, allons-y", puis elle découvre la toile sans autre cérémonie. Ce n'est pas comme si Bellamy aurait aimé un avertissement, mais il n'aurait pas pu deviner ce qui l'attendait de l'autre côté, même si sa vie en dépendait.

La toile est une représentation de lui-même et pendant une minute entière, il ne peut pas parler. Il observe les détails. La précision de ce portrait le rend sans voix. C'est comme se regarder dans un miroir, mais ce qu'il voit, il ne le reconnaît pas. Sur la toile, il se tient devant sa classe, un petit sourire aux lèvres, ses yeux brillants. Ses mains sont en mouvement, comme lorsqu'il parle de quelque chose d'important pour lui.

Mais il y a des choses ici que Bellamy ne peut pas voir par lui-même. Des choses dont il est inconscient. Il y a des louanges auxquelles il n'est pas habitué et qu'il ne sait pas recevoir. Une douce chaleur émane de lui. Il y a de la douceur dans son sourire. Du feu dans ses yeux. De la passion tout autour de lui. Ce tableau – lui-même – est beau et il ne peut ignorer qu'il est un peu effrayé, de se voir ainsi au travers des yeux de quelqu'un d'autre. Parce que ce qu'il observe ici, c'est de la tendresse, c'est de l'amour... Et ça vient de Clarke. C'est la façon dont elle le voit.

Cela doit signifier quelque chose, non ?

"Clarke..." sa voix se brise, l'émotion se répand dans son âme.

"C'est toi, Bellamy", dit-elle quand il ne trouve pas les mots justes pour expliquer tout ce que cette femme incroyable lui fait ressentir. "Tu m'inspires, me challenges, tu fais ressortir le meilleur de moi-même. Et comme tu ne sembles pas saisir les ouvertures que je t'envoie depuis des mois – "

"Attend quoi ?"

"Je pensais que ce serait suffisant pour te faire comprendre que..."

Elle prend une inspiration tremblante puis "Je t'aime beaucoup, Bellamy. Et si ça t'intéresse, j'aimerais qu'on sorte tous les deux un soir ?"

La réalité s'écrase sur lui. Elle l'aime beaucoup. Elle a essayé de lui faire comprendre qu'elle était intéressée. Pendant des mois. Comment pouvait-il être si aveugle ? Le tableau qu'elle a fait de lui est son ultime tentative, mais chaque fois qu'elle s'habillait pour correspondre au plus grand amour de son personnage, et chaque fois qu'il avait l'impression de se tenir au bord d'une falaise, prêt à sauter à ses côtés... Il aurait dû écouter ses instincts, mais il était tellement déterminé à ne pas être aimé en retour... Quel imbécile.

"Bellamy ?" appelle-t-elle.

Sa voix tremble, ses yeux bleus brillent, ses mains sont serrées à ses côtés et des doutes se dessinent sur son visage. Alors bien sûr, il doit faire quelque chose.

"Je vais t'embrasser, maintenant," prévient-il, juste au cas où Clarke l'aimerait juste bien et voudrait attendre d'atteindre cette étape une fois qu'elle serait à plus l'aise. Au cas où il aurait mal lu les messages qu'elle lui a envoyés et qu'elle ne serait pas tombée amoureuse de lui, tout comme il l'a fait avec elle. Subitement. Profondément. Irrévocablement. De plus en plus avec chaque part d'elle qu'il a appris à connaître.

Mais Clarke hoche la tête pendant qu'il se penche, et quand ses mains viennent prendre son visage en coupe, les siennes s'agrippent à sa chemise. Son souffle se bloque dans sa gorge lorsque leurs lèvres se rencontrent et ensuite, elle se fond dans son étreinte alors que leurs bouches dansent doucement ensemble.

C'est tout ce dont il rêvait et plus encore. Ses lèvres sont douces, mais elle l'embrasse farouchement. Ses soupirs sont comme le vent qui chante dans les arbres, mais elle le fait frissonner à chaque respiration qu'elle prend de lui. Elle est comme l'eau entre ses bras, fluide et indomptable, mais chaque contact de son corps contre le sien le réchauffe de l'intérieur, enflamme sa peau et son cœur.

Finalement, avant que cela devienne trop, ils s'arrêtent. Il ouvre les yeux pour trouver l'océan profond des siens. Il est momentanément aveuglé par l'amour qu'il trouve dans leurs abysses, juste avant de se rappeler qu'ils doivent refléter l'amour présent dans le sien et qu'il n'a plus rien à craindre.

"Je t'aime, Clarke. J'essaie de t'inviter à sortir depuis avant Noël."

"Quoi ? Vraiment ?"

Elle sourit maintenant, ouverte et vulnérable, tout comme lui.

"Oui. J'ai rendu Murphy si fou avec mon béguin pathétique qu'il a parié que je ne pourrais pas le faire à la fête de Noël."

Elle rit, familière, chaleureuse et cela lui rappelle qu'elle n'est plus seulement la nouvelle et sexy prof d'art. C'est son amie, c'est Clarke."

"Oh, alors c'est ça, le pari que tu as perdu."

Elle se souvient. Même si c'était la première conversation réelle qu'ils avaient eue, elle se souvient.

Peut-être que Bellamy n'est pas le seul à se languir depuis un moment.

Elle l'embrasse à nouveau et il sourit contre sa bouche en réalisant à quel point c'est facile et confortable. Mais il savait depuis le début qu'être avec Clarke serait comme ça. C'est pourquoi il ne voulait pas se précipiter. Elle était importante pour lui depuis le début, car Bellamy avait toujours su qu'elle serait celle qui verrait ses vraies couleurs et l'aimerait malgré et à cause d'elles.

"Tu sais quoi ?" dit-il, leurs lèvres se frôlant tandis qu'il forme les mots. "Je n'ai pas du tout l'impression d'avoir perdu."

La nouvelle prof d'art sexyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant