3 - Une reine et son sujet

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Murphy n'était pas dans la pièce quand Bellamy s'est ridiculisé auprès de Clarke, mais quelqu'un devait être là, car quand il le rencontre le vendredi suivant au bar, il ne peut s'empêcher de se moquer de lui.

"Je ne pouvais pas dire oui. J'étais habillé en Galilée. Avec la robe, la jupe et la longue barbe blanche et tout. Emori m'a même fait des rides de vieillesse. Qu'est-ce que j'étais censé faire d'autre ?"

"Tu aurais pu demander à ce qu'elle vienne chez toi ou de vous retrouver dans un bar, crétin."

"Eh bien, je n'y ai pas pensé sur le moment."

"Je ne comprends pas, mec. Tu avais l'habitude de faire des plans à trois. Tu pourrais avoir n'importe qui.

"Je ne veux pas de n'importe qui. Je veux –"

"Ouais, ouais, je sais. Tu veux la nouvelle prof d'art sexy".

Les épaules de Bellamy s'affaissent et Murphy lui offre une autre bière.

"Pourquoi est-ce que tu choisis des tenues aussi ennuyeuses de toute manière ? Tu es tout aussi sexy, pourquoi est-ce que tu n'utilises pas ça à ton avantage ?"

"Murphy, tu penses que je suis sexy ? Je suis flatté."

"La ferme."

Ils passent à un autre sujet après ou, pour être plus précis, Bellamy flirte avec John jusqu'à ce que ce bâtard lui dise d'utiliser ces techniques de drague sur Clarke plutôt que sur lui. Cependant, de retour à la maison, Bellamy réfléchit à ce que son ami lui a dit.

Son prochain costume allait l'habit traditionnel du roi Louis XIV, mais il pense avoir une meilleure idée.

***

Il n'est pas prêt, le lundi suivant, quand Clarke frappe à la porte de sa classe.

"Entrez", dit-il avec désinvolture.

Il est ici tôt pour une fois, et il n'a aucune idée de qui cela peut être. Rien n'aurait pu le préparer à la vision de Clarke dans une superbe robe bleue vintage. C'est comme si elle sortait d'un de ses livres d'histoire sur la royauté et la Cour de France. C'est comme si elle était apparue directement du 17e siècle dans son bureau et il mentirait s'il disait que ce fantasme ne l'excitait pas.

Elle est magnifique, le corsage est serré contre sa poitrine, la naissance de ses seins exposée, et un délicat collier de perles pend sur sa gorge. Ses longs cheveux blonds sont bouclés et tombent sur son dos. Sa jupe se balance délicatement alors qu'elle se dirige vers lui, toujours assis à son bureau. Il est tellement abasourdi par sa beauté et son élégance qu'il n'entend finalement ce qu'elle demande que lorsqu'elle dit son nom et répète sa question.

"Peux-tu m'aider à nouer le corset, s'il te plaît ?"

Il déglutit et saute presque de sa chaise. Il voit un éclair de quelque chose proche de la déception passer sur son visage, mais il n'a pas le temps d'y penser. Pas avec sa présence si près de lui. Pas quand elle sent si bon. Pas quand les boucles qu'il déplace doucement sur son épaule sont si douces. Pas quand il y a toute cette peau crémeuse et appétissante devant ses yeux. Pas quand ce qu'il veut vraiment faire, c'est dénouer le corset.

Le silence emplit la pièce pendant une longue minute durant laquelle il essaie de contrôler sa respiration. Elle finit par s'éclaircir la gorge et dit :

"Je suis surpris que tu ne sois pas habillé en roi."

Oh. Il avait complètement oublié.

"C'est ce que j'avais prévu, en fait."

Il avait demandé à Emori de se pencher sur ce sujet et les vêtements du roi Louis XIV l'attendent toujours dans son appartement, avec toute la palette de maquillage nécessaire pour ressembler à la royauté française.

"Dommage que tu ne l'aies pas fait. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? La jupe, les bijoux et le maquillage ?"

Pour être honnête, tout ça ne le dérange même pas. Après tout, c'est la preuve que les hommes portaient ce qui serait plus tard classé comme vêtements pour femmes il y a longtemps et étaient alors au sommet de la mode. Il pouvait porter une jupe aujourd'hui et ce ne serait même pas parce qu'il a perdu un pari. Il en avait même une quand Ethan s'était fait moquer par ses camarades de classe pour en avoir porté une au début de l'année et il avait fait en sorte que Murphy en porte une aussi.

Et c'était sans parler de sa phase "eye-liner" à l'âge de dix-neuf ans et du fait qu'il peint encore ses ongles pour le fun pendant l'été.

"Non", parvient-il à dire.

"Alors pourquoi ?"

Parce qu'il a opté pour le look "paysan" à la place, voilà pourquoi. Parce qu'il a laissé Murphy le convaincre qu'il serait plus attirant avec des bottes hautes et un pantalon gris et une grande chemise blanche ainsi qu'un manteau ajusté sur ses larges épaules. Quel abruti. Il ne peut pas croire qu'il aurait pu être le roi de sa reine. Et maintenant, il n'est plus qu'un vulgaire paysan.

"Je ne voulais pas que ce soit trop distrayant pour les élèves..." ment-il à moitié.

Professeur Blake habillé comme le roi Louis XIV... Cela aurait sûrement fait rire ses élèves pendant des semaines.

Il en a fini avec le corset maintenant. Quand Clarke se tourne et parle ensuite, elle est si proche de lui qu'il peut sentir son souffle chaud sur son visage et la chaleur de son corps à travers ses vêtements.

"C'est dommage. Tu aurais pu être mon roi. Au lieu de cela, je suppose que tu es juste mon sujet."

Le fait que cela l'excite devrait lui faire remettre en question ses fantasmes à un moment donné. Il y a peut-être quelque chose à explorer ici.

Elle est à la porte avant qu'il ne puisse répondre de manière appropriée et il se demande à nouveau si elle a remarqué comment ses pupilles se sont élargies, la rougeur sur ses joues, sa respiration prisonnière de sa poitrine. Il l'appelle par son nom avant qu'elle ne puisse partir. Elle se tourne vers lui et peut-être qu'il imagine des choses, mais il lui semble que ses yeux sont emplis... d'espoir ?

"Oui ?"

Ça y est. Il va lui demander. Il va dire les mots. Il –

"Et toi, en qui es-tu habillée ?" prononce-t-il à la place, des insultes volant dans sa tête.

"Je suis Madame de Montespan, bien sûr", répond-elle avec une petite révérence, un sourire aux lèvres.

Elle laisse la porte se fermer après elle et il ne sait pas ce qui le choque le plus.

Son accent français parfait et tout à fait sexy. Le fait qu'elle connaisse si bien l'Histoire. Ou le fait que Clarke ait choisi de s'habiller comme la femme connue comme le plus grand amour du roi Louis XIV.

***

La semaine d'après, il est habillé en révolutionnaire français. Pantalon à rayures tricolores, veste bleue en laine tombant jusqu'aux hanches, chemise blanche et chapeau rouge. Il s'avère que Clarke a l'air vraiment impressionné quand ils ouvrent mutuellement leurs portes pour que leurs élèves passent de la classe de Bellamy à la sienne. Dommage qu'elle soit déguisée en Marie-Antoinette, tout son effet est un peu gâché par le fait que la Révolution française l'a fait guillotiner.

Mais elle rit quand il lui dit ça et d'une certaine manière, ça rend absolument tout meilleur. Ça et le fait que Madi et Jordan suggèrent tous les deux en passant qu'ils devraient mieux assortir leurs tenues afin que Bellamy puisse avoir un peu de compétition pour le prix du meilleur enseignant cette année.

S'il ne savait pas que Clarke avait un côté compétitif avant d'entendre cela, la façon dont ses yeux brillent et son sourire devient sauvage ne laisse désormais aucun doute sur ses intentions.

La nouvelle prof d'art sexyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant