Je m'arrête, surprise par le silence pesant, voir trop lourd à supporter. Mes poils se hérissent sur mes avants bras, mes cheveux se dressent sur ma nuque alors qu'un bruit de métal se fait entendre à ma droite. Malheureusement, c'est un cul de sac, personne ne s'y trouve, pas même un chat. Un crissement strident et désagréable retentit alors juste au dessus de moi, alors je lève la tête pour y voir une ombre. Puis plus rien durant de longues minutes, qui me paraissent être une éternité. Je reste parfaitement immobile, consciente de ne pas être seule, et observée qui plus est. Je tressaute lorsqu'un rire mauvais atteint mes oreilles, jusqu'à faire sauter mon coeur en dehors de ma cage thoracique. Avec vivacité, je pivote pour me retrouver face à un homme plus grand. Aussitôt, mes yeux et ma tête se mettent en marches. Ses cheveux sont taillés en une sorte de coupe au bol, il mesure dans les alentours du mètre quatre-vingt, et il est plutôt fin. Il porte une paire de lunettes assez étrange, comme pour se protéger du soleil, et il tient à la main une mallette. Il doit être plus âgé, et a le parfait profil d'un homme dangereux. Ma main descend à mon ceinturon pour y effleurer mon revolver, dans le simple but de me rassurer. Son regard suit mon mouvement, et un rire cynique franchit a barrière de ses lèvres.
- Alors voilà ce que devient la justice ? Ils envoient des gamins dans... Oh, et bien, ma mallette t'intéresse ?
Son apparence me dis quelque chose, mais je ne parviens pas tout de suite à y mettre un nom. Jusqu'à ce qu'il pose son paquetage sur le bitume, les rouages de mon cerveau se remettent enfin en route. Il s'étire lentement en regardant dans mon dos, avant de commencer à marmonner des choses sur l'univers. Son nom me vient soudain à l'esprit. Motojirō Kajii. L'homme citron, voilà comment il était appeler chez nous. Je lâche un léger soupire avant de me détendre, les sourcils tout de même froncés. Pourquoi fallait-il que cela tombe sur moi ? Shun se serait fait un plaisir de lui mettre une dérouillée...
- Eh tu m'écoutes ? Tu aimes l'opéra ? J'espère au moins que les citrons t'intéressent...
- Alors voilà ce que deviennent les criminels ? Des gens qui parlent opéra et agrumes ?
Son rictus se transforme en grimace. Il n'aurait peut-être pas imaginé me voir reprendre mon calme avec autant d'aisance et de rapidité, j'imagine. Les secondes passent à une vitesse inimaginable, jusqu'à ce qu'il recommence à rire comme un fou. Ce son résonne à mes oreilles, avant de se réverbérer sur les mur délabrés du quartier. Un son qui me mets en alerte dans l'immédiat, encore une fois. Il écarte les pants de sa veste juste avant d'écarter les bras sans jamais cesser de me regarder.
- Tu sais, si j'ai bien un intérêt autre que les citrons, ce sont les embuscades... Tu vas avoir l'honneur d'être la première à tester mes nouveaux joujoux.
Mes paupières s'entrouvrent en grand, lorsque l'information atteint enfin mon cerveau. J'ai à peine le temps de reculer d'un pas, qu'il sort un objet de couleur jaune de sa poche. Il le lance d'un geste vif, et l'objet vole droit dans ma direction. Je me décale d'un pas sur la gauche et le citron explose à l'endroit où je me trouvais un instant plus tôt. Le souffle me projette, me faisant trébucher. Ma cuisse érafle le sol, avant que je ne roule sur le sol afin de me relever. Il me sourit en en relançant une que je m'efforce à éviter. Je pose mon pied sur le sol, et un déclic se fait entendre. Une autre explosion me percute de plein fouet, m'envoyant valser sur le béton. Ma hanche me fit souffrir, mes oreille sifflent, le monde me semble flou. Et malgré tout, son rire revient une nouvelle fois, ayant presque le pouvoir de refaire surgir ce sentiment indésirable. celui qui ferait trembler n'importe qui. Plier le plus brave des officiers. La peur. Mais elle ne parvient pas à se frayer un chemin jusqu'à atteindre la lumière. Je ne la ressens pas. Je passe outre la douleur lancinante, le sol qui tangue sous les paumes de mes mains, ce sifflement strident qui perce mes tympans, et je me relève. Il s'apprête à me lancer quelque chose d'autre en gloussant une nouvelle fois, alors je m'élance droit vers lui.
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The Dark Side.
Hayran KurguEtre flic dans une ville où les problèmes s'annoncent en permanence n'est pas de tout repos. Pourtant, Mademoiselle Inoue s'en sort très bien, et est très reconnue chez les autorités. Compétente, habile et rusée, rares sont les affaires qu'elle n'a...