Un jour de congé, c'est tout ce que j'ai eu. Plus d'une semaine s'est écoulée depuis ce qu'il s'est passé à l'infirmerie, et je n'ai pas revu cet inconnu depuis. Alors tout va pour le mieux, si on veut. L'affaire concernant Motojirō Kajii n'avance pas, et je n'ai pas le droit de m'en approcher. Les nombreux interrogatoires ne donnent toujours rien. Aucune information de plus n'a été dénichée. Mes supérieurs ne cessent de m'éloigner de l'affaire par peur que je ne m'y implique trop, comme la dernière fois. Je me suis enfin décidée à quitter mon appartement pour profiter de cette journée de congé. Mes pieds me portent à travers la ville depuis quelques minutes déjà. Je ne suis pas d'humeur enjouée, mais pas irritée non plus. Je ne pense à rien de particulier, juste avancer sans but précis. Pas d'obligation, pas de mission, pas d'agitation pesante autour de moi. Je suis loin de l'ambiance du bureau, de la tension du commissariat. Loin des questions incessantes de Hisaé, loin de ce criminel. Loin, je l'espère, de cet inconnu suicidaire et de son comportement plus qu'agaçant. J'ai mal au crâne à force de rester éveillée nuits et jours. Mon corps est endolori par endroit. Repenser à lui me donne une migraine pas possible et je n'ai qu'une envie, lui mettre une droite si puissante qu'il s'en souviendra toute sa vie. La grande rue commerçante n'est pas bien remplie aujourd'hui, ce qui n'est au final pas si étonnant : les gens travaillent plus que d'habitude, ces derniers temps, et il ne vaut mieux pas trop traîner à l'extérieur. Je marche encore durant de longues secondes, jusqu'à ce qu'une discussion m'interpelle.
- Monsieur Dazai, vous ne pouvez pas acheter ce livre, voyons !
- Pourquoi pas ? Il a l'air fort intéressant.
Lorsque je quitte le centre de la rue pour me diriger vers la petite boutique d'où viennent les protestations de l'inconnue, je tombe sur le suicidaire de la dernière fois, et une jeune femme de petite taille, aux joues rebondies. Elle semble complètement paniquée à côté de cet écervelé qui sourit comme si de rien n'était. En faisant plus attention, je remarque que le titre du fameux bouquin est "Comment se suicider en toutes circonstances ?". J'écarquille les yeux, et alors que je m'apprêtais à avancer vers les deux jeunes gens, un passant me fais malencontreusement trébucher sur un pavé.
- Attention mademoiselle ! s'écrit quelqu'un derrière moi.
Alors que je me rapproche du sol, une main se glisse sur mon ventre, et une autre dans mon dos pour me maintenir. Je reprends lentement mon souffle avant de relever la tête pour découvrir l'identité de mon sauveur, mais ce que je vois ne me plaît guère. Ses cheveux châtains tombent sur son visage, et ses yeux sombres ne me quittent pas. Les gens ont repris le court de leur vie, mais le temps semble s'être arrêté ici-même. Il ne sourit pas vraiment, mais il ne grimace pas non plus. Oui, le temps s'est arrêté. Nous continuons de nous regarder, durant de longues secondes, voir des minutes interminables. J'en oublie presque l'endroit où je me trouve, et ce que je fais ici, jusqu'à ce qu'il prenne enfin la parole.
- Et bien, Mademoiselle Hana, vous avez réfléchi à ma proposition ?
- Quelle proposition ? Hein ? Ma réponse reste la même ! Mais vous êtes dingue !
- Monsieur Dazai, vous allez bien ? Vous connaissez la demoiselle ? s'écrit soudain la jeune femme, me ramenant ainsi à la réalité.
- Tout va bien Anzu.
- Vous auriez pu me parler de votre amie !
- Nous ne sommes pas amis. Maintenant si vous pouviez me lâcher, je vous en serais reconnaissante.
Ses mains quittent mon corps avec lenteur, à tel point que lorsque le contact disparaît, je me sens déboussolée. Je me redresse, afin de me tenir droite, et je regarde la femme qui nous accompagne. Ses yeux sont fixés sur moi, parcourant mon corps et détaillant mon visage avec grand intérêt. Je fronce les sourcils en soutenant son regard un instant, avant d'enfin me détourner. Je me retrouve de nouveau nez à nez avec le garçon, qui me regarde en souriant, toujours avec moquerie. Un soupire d'agacement franchit la barrière de mes lèvres.
VOUS LISEZ
The Dark Side.
FanfictionEtre flic dans une ville où les problèmes s'annoncent en permanence n'est pas de tout repos. Pourtant, Mademoiselle Inoue s'en sort très bien, et est très reconnue chez les autorités. Compétente, habile et rusée, rares sont les affaires qu'elle n'a...