The Dark Side.

3. Un problème ?

⚠️ TW: Tentative Suicide.

- Franchement, je ne comprends pas. T'aurais pu passer à l'infirmerie avant de rentrer.

- Je ne t'ai pas obligée à me soigner, Hisaé...

- Oui je sais, mais je joue trop bien le rôle de l'infirmière. 

Assise sur le canapé de mon appartement, et mon amie à genoux sur le tapis, nous nous chamaillons quelque peu quant à ma façon de m'occuper de moi-même. Shun est parti acheter à manger dans un petit restaurant dans le quartier, donc nous en avons profité pour soigner mes égratignures. Je m'en sors étonnement bien pour quelqu'un ayant croisé un criminel fan d'explosifs. Malgré le fait qu'elle soit d'une nature assez brute, Hisaé s'occupe de moi avec une grande douceur. Le désinfectant me pique. Ma hanche me brûle. Mais la douleur est moins intense qu'avant. Je sais qu'ils font tout ça pour ne pas me laisser seule avec mes idées noires, comme il y a quelques temps. Je ne les remercierai jamais assez, même si je m'en veux de prendre leur temps.
Une fois terminé, elle range la trousse de soin dans le placard à l'entrée avant de revenir pour s'affaler sur le canapé. Elle me met une claque dans le dos avant d'allumer la télévision en gloussant comme une dinde. Je ne fais aucune remarque quant au coup qu'elle vient de me mettre, même si ça fait un peu mal sur le coup.

- Il est loooong, j'ai trop faim.

- Tu n'avais qu'à y aller avec lui, comme il te l'a si gentiment proposé.

- Mais orh, c'est beaucoup trop loin. On regarde quoi sinon ? 

- On peut...

- On va regarder L'Oie Sauvage, piaille-t-elle sans me laisser le temps de réagir. 

- Hors de question. C'est toujours toi qui choisis, et en plus ce sont toujours des films romantiques ! 

Les bruits de la clé dans la serrure puis de la poignée qui s'active nous interrompent. La tignasse ébouriffée de notre ami apparaît au bout du couloir. Il dépose les sacs de nourriture sur la table nasse devant nous, après avoir retiré ses chaussures, puis il va se laver les mains. Nous recommençons à discuter du choix de films, sans qu'il n'ajoute son grain de sel, jusqu'à ce qu'il s'installe par terre à côté de nous.

- Ne me dites pas que... Je te jure que si elle a propose L'Oie Sauvage, je prends la porte.

- Ne prends pas la porte, Poppet, je dis d'un ton moqueur.

- Ah si si, prenez la porte tous les deux ! Orh, Shun, tu proposes quoi, toi ?

- J'apprécie tout, mise à part la romance.

- Mais vous n'avez aucun goût en matière de cinématographie. Je choisis pour ne fois, je m'exclame en me dirigeant vers les étagères près de la télévision.

Pas besoin de regarder mes deux camarades pour savoir qu'ils lèvent les yeux au ciel, donc je décide de les ignorer. Je parcours tous les films du regard, ne sachant pas lequel regarder avec eux, jusqu'à ce que mon regard tome sur deux petites pochettes. Un sourire se dessine sur mes lèvres, lorsque je me tourne vers mes deux amis alors qu'ils répartissent le repas sur la table.

- Vous avez le choix entre Harakiri, et Karaté Kid. 

- Mais ce sont de vieux films...

- L'Oie Sauvage est de 1953, Hisaé, donc tu n'as pas vraiment ton mot à dire là-dessus.

- Merci Shun. Alors, choisissez.

- Karaté Kid, répondent-il en coeur.

Un peu déçue par leur manque cruel de goût, je me résous donc à lancer Karaté Kid sans protester plus longtemps. Je m'assois par terre entre mes deux amis, et j'ouvre la boite contenant mes Tokyo Abura Soba. Le film débute et nous regardons en silence pendant quelques minutes, jusqu'à ce que les discussions commencent enfin, comme toujours. Les films finissent toujours en bruit de fond lorsqu'ils sont avec moi, et cela me permet de ne pas me perdre dans mes pensées au point de me faire du mal mentalement.