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La classe se remplissait au fil des secondes. Yoongi était le dernier à passer le pas de la porte. Un premier regard fut lancé dans sa direction, celui de Namjoon qu'il lui souriait amicalement.

Il lui rendit son sourire avant de s'installer à sa place habituelle, celle du premier rang. Il aimait cette place, il ne croisait pas le regard de ses camarades, il ressentait seulement leurs pupilles braquées dans son dos.

Lorsque Monsieur Wang referma la porte derrière lui, Yoongi su que c'était le moment, son moment, celui où il allait enfin s'exprimer, s'excuser. Il ne savait pas s'il allait avoir le courage d'aller jusqu'au bout de son récit. Il savait seulement qu'il ne serait pas seul aujourd'hui et que ses trois étoiles allaient le soutenir de là-haut.

« Bonjour à tous ! s'exclama monsieur Wang. Je vais commencer par faire l'appel. »

Il alluma son ordinateur avant de s'exécuter.

« Hoseok.

— Ouais.

— On dit  "oui Monsieur".

— Ta gueule Jin. »

Leur professeur ne perdit pas de temps pour prendre leur carnet en signe d'avertissement. Les deux garçons se regardèrent une dernière fois avant de continuer leur discussion avec leurs voisins.

Monsieur Wang continua l'appel avant de prononcer le prénom du mentholé.

« Yoongi »

Il ne put s'empêcher de rajouter.

« J'espère que tu as profité de ton absence pour travailler sur ton texte. »

Un coup de pression pour l'adolescent qui hocha la tête timidement.

« Namjoon. Souffla le professeur en terminant l'appel.

— Oui je suis là.

— Bien, avant de commencer la nouvelle séquence, nous allons écouter le travail de Yoongi. »

Ce fut le moment le plus stressant de toute sa vie.

Il se leva, presque au ralenti, pour se placer au milieu de toute sa classe. Le stress le submergeait peu à peu pour venir prendre possession de son corps, qui tremblait légèrement.

Il fixait un point en face de lui, et il ne se rendait pas compte que ce n'était pas le mur qu'il fixait mais bien Taehyung.

« Nous t'écoutons. » souffla son professeur en croisant les bras contre son torse.

Yoongi prit une grande inspiration.

Et il commença à lire doucement son texte, le cœur rempli d'angoisse.

« Da...Dans un coin de mémoire, il y a un piano brun. Dans un coin de la maison de mon enfance, il y a un piano brun sur le côté. »

Il ferma les paupières un instant avant de continuer.

« Je me souviens, il y avait ce piano brun qui me dépassait. Je te dévorais des yeux, tu m'attirais. Dès que je t'effleurais de mes petits doigts, je me sentais si bien. Je me souviens, quand je suis rentrée au collège. J'ai commencé à te négliger. » souffla-t-il en s'adressant à cet objet qui était la cause de son pincement au cœur.

Il se souvient de ce jour.

Celui où il avait lâchement abandonné son meilleur ami, cette pensée eut le don de briser son cœur en mille morceaux.

« La poussière s'accumulait sur tes touches. Mais malgré cela, partout où j'errais, toi, peu importe la situation, tu me suivais.

" Ne me laisse pas ainsi ", disais-tu

Je t'avais répondu dans un souffle rempli de désespoir. " Je partirai peut-être, mais ne t'inquiète pas, tu arriveras à t'en sortir sans moi "

Son professeur avait arrêté de respirer un instant abasourdi, par les mots tout droit sortis du cœur de son élève.

« Je suis parti peu de temps après avoir prononcé ces mots. Dans cette voiture, j'étais parti avec eux. J'étais mort moi aussi. »

Il marqua une pause avant de caresser le collier qui se trouvait autour de son cou, la seule chose qu'il lui restait de sa mère.

« À mes 17 ans, lorsque je t'ai refait face, j'étais gêné, mais quand je t'ai touché. Tu ne m'as pas repoussé malgré tout le temps écoulé. Tu m'as accepté. »

Une larme coula le long de sa joue pour venir s'échouer sur le sol.

« Ensemble, on regarde le soleil se lever. Ensemble, on regarde le soleil se coucher, ne laisse pas ma main s'en aller, je t'en prie. Je ne te quitterai plus jamais, tu es la seule chose qu'il me reste. Je me souviens de la fin de mon adolescence. On l'a brûlée ensemble, et notre avenir, on ne l'apercevait pas ; à l'époque, on ne faisait que pleurer, que rire. On était ensemble à ces moments-là. À chaque fois que je voulais renoncer. Tu étais à mes côtés, et tu me disais que je devais vraiment me battre. »

Taehyung sentait son cœur battre, il sentait celui-ci s'emballer à l'entente de ces jolis mots. La voix de Yoongi était si douce, si belle qu'il ne voulait pas que ce moment se termine.

« Je me souviens du temps où j'étais crevé, où je ne voyais plus cette lueur d'espoir au fond de ce tunnel. Du temps où j'avais basculé dans un gouffre de désespoir. Celui où je n'arrivais plus à sourire. Même si je te repoussais, même si j'appréhendais nos confrontations, tu restais fermement à mes côtés. Alors, ne lâche jamais ma main, je ne t'abandonnerai plus. »

Il porta sa main à sa bouche pour venir y déposer un baiser, et rapidement celle-ci se dirigea vers le ciel.

« Jusqu'à la fin de ma vie, je ne vous oublierai pas. Dans un coin de mémoire, il y a un piano brun. Dans un coin de la maison de mon enfance, Il y a un piano brun sur le côté. Celui qui actuellement me fait tenir sur mes deux jambes. »

Un nouveau soupir, celui qui clôturait son monologue rempli d'émotions.

Il chiffonna le bout de papier sous les yeux remplis de larmes de ses camarades époustouflés par son intervention.

Yoongi se sentait à présent vide, son cœur semblait avoir relâché toute pression. Son sourire se fit grand sur son visage qui semblait montrer une douleur insupportable.

C'est déjà fini, pensa-t-il avant de se tourner vers son professeur qui l'invita à s'approcher.

« Je n'ai pas de mots pour décrire ta prestation. » soupira son professeur en déposant une main sur son épaule tendue.

Yoongi voulait le remercier mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. Seulement, son immense reconnaissance se lisait dans ses yeux plissés et son sourire qui adoucissait ses traits.

Des applaudissements se firent entendre dans la salle de classe, ceux de Taehyung qui incitait le reste de ses camarades à faire de même. Namjoon et Hoseok ne mirent pas beaucoup de temps à le rejoindre.

Yoongi, actuellement, ne savait pas comment interpréter ce qu'il se passait à l'intérieur de lui.

Une immense joie sans doute.

Un sentiment longtemps enfoui.

My eyes on you  || TaegiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant