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Ce soir là, comme aujourd'hui, on m'avait dit que tout irait bien.
On m'avait dit :
-Ne t'inquiète pas, nous sommes là pour toi.

Un jeune homme allongé à mes côtés ce soir là m'avait souris sous son masque d'oxygène.
-Il en faut peux pour être heureux L.

Du haut de ses 30ans, au delà de sa peau jaunie, des ses yeux en larmes et avant de sombrer dans son sommeil, il me souffla :

-Promet moi, que jamais tu n'iras te coucher sans te rappeler que même au delà de ces 4 mûrs, le bonheur existe.

Samuel, 30 ans à peine, sans famille, Oligodendroglioma, 74% de chance de survit (~5ans).
Décédé ce soir là, comme aujourd'hui.

Bonheur
nom commun
État satisfaction complète, stable et durable.

En d'autres termes,  il ne suffit pas de ressentir un bref contentement pour être heureux.
Une joie intense n’est pas le bonheur, un plaisir éphémère non plus.
Le bonheur semblerait être un état global.
Une personne heureuse est comblée. Elle vit une forme de plénitude. Sa situation est stable : elle présente un équilibre et seul un élément extérieur pourrait la modifier.

Un élément extérieur.
Que faire lorsque cet événement vous ronge de l'intérieur, reste t-il une place au bonheur ?
Ce bonheur, ce sentiment universellement recherché.
On le présente souvent comme le but le plus élevé de l’existence. Celui que tout homme cherche à atteindre, consciemment ou non.

Le but, de l'existence.
Ne pas atteindre ce but, doit-on alors conclure que qui ne le trouve pas n'a pas vécu ?
Suis-je en vie ? Ai-je un but ?

On pose en général le bonheur comme la fin suprême de l’existence humaine. Le bonheur serait la fin en-soi vis-à-vis de laquelle tous nos autres buts seraient seconds. Toutes nos actions seraient faites en vue d’être heureux, de façon plus ou moins directe.

Dans cette perspective, sa recherche semble inévitable. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’admette ou pas, le bonheur serait impossible à ne pas rechercher.

Or pour moi, il me semblerait incertain que le bonheur soit atteignable. Ce pourrait bien être un idéal inaccessible, un optimum fantasmé, mais impossible à réaliser.

Ce soir là, comme aujourd'hui, je cherche encore mon bonheur avant de me couché, en espérant ne pas me réveiller.
Ce soir là, comme aujourd'hui, le pronostique tombe.

L, 17 ans, famille adoptive, metastatic medulloblastoma, 60% de chance de survit.

Ce soir là, comme aujourd'hui, comme tous les soirs, une année après, avant de me couché, je pleure tes larmes Samuel.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 07, 2021 ⏰

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