Jonathan Stevens tourne la poignée et entrouvre la porte.
Être confiant, c'est la clé.
A l'intérieur, tout semble calme. Il ne voit qu'une infime partie de la grande pièce. Il pousse davantage la porte, ce qui permet aux contours de l'appartement de se préciser.
Il est collé au mur, dans la pénombre du salon non éclairé. Assis dans un large fauteuil, la tête du preneur d'otage est positionnée en arrière. L'ombre est petite. Le psycho-criminologue ne voit pas les otages. Il ne perçoit que de minces bruits, de légers gémissements qui se faufilent à ses oreilles. Il tente de les localiser, le bruit vient d'une autre pièce.
Un son étouffé d'une voix frémissante intervient :
- Bonjour cher Docteur, tout ce temps... Enfin nous nous rencontrons.
J. Stevens identifie que la voix provient bien du siège collé au mur. Cette voix écorche chaque mot en deux parties bien distinctes « bon... jour », « doc... teur ». Une salutation mélodique mais horripilante. Le psycho-criminologue répond d'une voix posée qui masque son stress :
- Bonjour Monsieur Sallow. Puis-je vous appeler Jack ?
- Mais qui a dit que je m'appelais Jack ? Ce n'est... pas moi, plus moi, jamais moi. Non, non, non... ça n'a pas l'air d'être moi si je ne réponds pas.
Jonathan Stevens est troublé. Il ne comprend pas. Pour la première fois dans sa carrière, il se sent en insécurité. Il n'avait pas ressenti cela depuis son enfance. Selon J. Stevens, il est évident que le sujet qui lui fait face souffre d'une psychose grave. Il ne parvient pas à se concentrer et se contredit dans ses propres réflexions.
Néanmoins, son comportement ne laisse pas apparaître ces failles. L'apparence, seul élément qu'il parvient encore à contenir tant bien que mal. Dans la pénombre de la pièce, il ne voit toujours pas le visage de son interlocuteur. Le corps étalé dans le large fauteuil ne le laisse apercevoir que les contours de la silhouette.
- Si Jack Sallow n'est pas présent, à qui je m'adresse dans ce cas ? L'individu répond toujours de la même façon, en chantonnant.
- Ouuu... Mais qui donc a dit que Jack n'était pas parmi nous ? Il est seulement absent. Ou bien il est là et on ne le voit pas ? Peut-être qu'il est là sans le savoir ? C'est un farceur, ce Jack. Mais qui est Jack ? Un ami à vous ?
- A toi de me le dire.
- Oui, c'est un ami à moi et je ne laisserai personne lui faire de mal. Je l'ai promis. Je tiens toujours mes promesses. Il répète un rire étouffé plusieurs fois. Quel drôle de jeu que celui de garde du corps de son meilleur ami, n'est-ce pas ? Vous êtes là pourquoi, cher Docteur ?
- C'est Jack Sallow qui m'a demandé. Un léger silence s'installe.
- Vous êtes un ami de Jack ? murmure-t-il d'une voix basse et lointaine.
Jonathan Stevens évalue que le sujet ne maitrise pas les frictions. Il interprète les questions sur un mode d'agression de type paranoïaque. « Je parle forcément à Jack Sallow. Il semblerait que la communication s'établisse avec une personnalité connexe, protectrice, utile pour ne pas être confronté au danger. »
- Oui, il m'a demandé de l'aider, confirme le négociateur.
- Mais Jack n'a pas besoin d'aide, je suis là moi. Je suis son ami. Il marque une pause, puis ajoute : le docteur Jonathan Stevens, docteur... j'aime les docteurs. J'aime les journalistes aussi. J'aime les hommes.
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L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 1) [vainqueur des WATTYS21... -Edité-]
Mystery / ThrillerVainqueur grand prix WATTYS 2021, Watts2022, deux Watt'Cheers 2022, Genesys ! Edité par ©2PO Science & Fiction, livres accessibles sur Amazon (Kindle & format Livres) : https://www.amazon.fr/s?i=stripbooks&rh=p_27%3ADr+Erwan+Dieu&s=relevancerank&tex...