Esperanza Caprio

Sœurette 1

Luca de Marcopieza avait déjà hérité d'environ cent mille livres de son père.

Celui-ci, qui espérait acheter sa propre maison, avait manqué de volenté pour exécuter son projet.

À dix-sept ans, Luca avait la même intention et sa mère adorée, espérait la lui voire réaliser.

Il y a à peine deux mois, Luca avait aperçu ce domaine à l'ouest de Rush. Lorsque quelques jours plus tard, par un effet de hazard, avait entendu parler de ce domaine à la télévision, il était allé le visiter.

Seulement, l'ayant parcouru une demi-heure, il avait pensé que finalement, il ne l'acheterait pas.

" Je ne supporterais jamais de vivre loin de ma famille, loin de maman..."

Luca avait un meilleur ami, il s'appellait Arturo. Arturo Locusco.
Ces deux là étaient unis par une solide amitié. Luca aimait Arturo pour sa nature confiante et docile.

Arturo de son côté, avait la plus grande admiration en la personne de Luca et s'était juré de ne jamais le trahir un jour. Il lui était inférieur par la gentillesse mais possédait tellement de fortune !

Luca s'était toujours comporté de façon appréciable avec son ami. Pourtant, aux yeux des autres, Luca se montrait distant, d'une courtoisie froide et décourageante, hautain et parfois même vaniteux.

"Peut-être avait-il hérité ce caractère de sa mère "

C'était pourquoi, lorsqu'ils marchaient ensembles, Arturo était toujours sûr de prendre l'avantage, surtout devant les filles. Partout où ils passaient, Arturo était certain de plaire.
Le comportement de Luca ne suscitait très souvent que de l'éloignement.

Aujourd'hui, les deux amis avaient passé toute la journée à jouer aux jeux vidéo sur leurs ordinateurs, dans la salle de jeu, qui se trouvait dans la maison de Fernando.

Arturo avait profité d'un petit instant de répit pour demander à Luca ce qu'il pensait de se trouver une petite amie à Rush. Lorsqu'il était allé à la fête d'été, il avait aperçu beaucoup de jolies personnes dans le coin. Les danseuses étaient particulièrement agréables à voir.

"Ne te l'ai-je pas répété ? Ces filles ne m'intéressent pas "

" Oh ! C'est parce que tu n'as pas encore vu les danseuses ! Surtout cette Manuella... "

Luca avait regardé son ami d'un air amusé.

" Elle est si belle que ça ?"

Celui-ci n'avait pas perdu un instant. Il s'était fait un plaisir d'y répondre.

"Vois-tu ! Eh bien ! Voilà qui est bien parlé. Cette fille est une fée Luca !" Avait-il répondu sans tarder.

Dans un premier lieu, Luca entreprit de se rapprocher de cette fille d'une quelconque manière. Ensuite, il lui sembla en effet que, tout ceci ne le mènerait à rien.

Très bientôt, il allait changer de domicile et, dans sa nouvelle demeure, il se permettrait de côtoyer toutes les filles qu'il croiserait.

" Tu sais bien que je n'ai pas besoin d'une copine. Pour l'instant, c'est toi qui me suffit" avait-il dit tout bas, pour amadouer son ami.

" Eh bien !" S'était contenté de répondre Arturo.

Apres cela, les deux amis ne tarderent pas à se remettre à leurs occupations. Plus tard, alors qu'ils étaient tous deux très épuisés, ils entreprirent d'aller s'installer dans l'une des chambres de Luca.

" Allons dans ma chambre bleue, j'y avais laisser mes écouteurs"

Luca avait toujours eu deux chambres. C'est ainsi que sa mère lui avait appris à s'organiser. Il avait une chambre où il ne rangeait que ses vêtements anciens et ses vieilles paires de chaussures, c'était la chambre bleue. L'autre chambre par contre, était tout à fait ordinaire.

De ses deux chambres, Luca passait bien évidemment, plus de temps dans la chambre blanche, comme il l'appelait lui-même. Donc, cela pouvait arriver qu'il passe un mois entier sans se rendre dans l'autre.

C'est ce qui avait d'ailleurs pousser Fernando à y installer Esperanza.

" Luca n'a plus besoin d'avoir deux chambres" avait-il pensé. Il est bien trop grand pour ça.

Arturo, qui était passé devant, avait été le premier à découvrir cette jeune fille dans la chambre de son ami. Luca, qui avait placé une main sur l'épaule de Arturo, avait immédiatement placé l'autre sur sa bouche, désorienté.

" C'est qui ça, Luca ?"

" Je n'en ai aucune idée... Elle... la peau foncée." Avait-il lâché avec une voix tremblotante, comme s'il avait lui-même peur de ce qu'il disait.

Tels des gamins, Ils s'étaient mis à observer Esperanza, très silencieusement depuis le seuil de la porte.

Tandis qu'il observait ainsi Esperanza, Luca était loin de soupçonner que la jeune fille sombre aussi le fixait très profondément. Comme si elle fouillait quelque chose au fond de ses yeux.

En l'analysant intérieurement, Luca avait refusé tout d'abord de la trouver jolie. Peut-être par fierté. Ensuite, il s'était approché d'elle d'un visage froid, et lui avait parlé d'un ton si amer. Ses poings étaient fermés et son regard était devenu agressif.

S'était-il fâché ?

" Sortez d'ici immédiatement"

Arturo connaissait toutes les filles de la région. Pourtant, ne se souvenait-il pas être déjà tombé sur une fille sombre. Même à la fête d'été, il ne l'avait pas vu.

Mais à peine s'était-il attardé sur les yeux gris de la jeune fille, qu' il avait compris qu'elle n'était pas de Rush.

" Le monsieur m'a placé ici. Alors, je vais rester ici ! "

Esperanza ne supportait pas l'agressivité avec laquelle lui parlait le jeune garçon.

Elle ne tolérerait pas qu'un garçon qui, pensa-t-elle, avait probablement le même âge qu'elle ne lui manque de respect.

Quand elle était à l'orphelinat, elle était la plus impolie et la plus agressive. Personne, même pas les tutrices, ne pouvaient tenir face à son caractère.

" Sale imbécile ! Tu vas sortir de ma chambre"

Sous une impulsion, Esperanza se leva du lit et se rapprocha de Luca. Elle était allée si proche de lui que, Arturo depuis le seuil de la porte, avait pensé que les deux s'étaient entrelacés.

Alors qu'elle examinait de près le garçon, elle remarqua que ces yeux étaient d'un noir intense et que sa peau sentait l'eau de rose. Il n'avait pas d'acné mais une énorme tâche de naissance sur le front.

Luca quant à lui, remarqua sans le faire exprès, le petit collier de coquillages qui se trouvait sur le cou de la fille sombre.

Le collier était d'un état tellement abîmé. Luca n'avait jamais vu un collier aussi vieux de toute sa vie. De plus, il remarqua pour la première fois à quel point la salopette de la fille était dédaigneuse. Pourquoi cette fille était-elle si mal entretenue ? D'où venait-elle et comment avait-elle osé entrer dans sa chambre ?

" Je ne sortirai pas "

Contrarié, Luca n'avait pas hésité à gifler immédiatement la fille. Elle semblait insolente et manquait d'éducation.

Seulement, et à sa plus grande surprise, la fille avait riposté et l'avait frappé fort dans le ventre.

Arturo qui était a deux doigts de céder à la panique, s'était placé entre les deux, les obligeant à reprendre leur calme. Il s'était ensuite tourné vers son ami et avait parlé le plus sereinement qu'il pouvait.

" On ne se bat pas avec les filles, voyons Luca "

" Je déteste les filles à la peau foncée. Maman doit venir voir ça !"