Chapitre 6

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Le sang de Will ne fit qu'un tour dans ses veines. Les trois brutes qui l'avaient malmenés lui et Horace était de retour malgré leurs bannissement. Puis il se leva et courut vers la porte, suivit de près par Gilan.  quand ils sortirent, ils entendirent des bruits de sabots : ils avaient fui à cheval...

-Pas question de les laisser s'en tirer, on selle les chevaux et on les poursuit ! proposa Will.

-Je suis avec toi ! On y va, sinon leur avance deviendra irrattrapable, le pressa Gilan.

Ils sellèrent leurs chevaux en vitesse et partirent au galop pour rattraper leurs adversaires.

Et mes pommes ? demanda Folâtre. 

-Au retour mon grand, promis ! 

Will entendit Gilan dire exactement la même chose à son poney, ce qui confirma qu'il n'y avait pas que lui qui avait l'impression que son cheval parlait. Les trois brutes étaient simples à pister, car ils étaient partis au galop directement et ne s'étaient pas arrêtées ou n'avaient pas ralenti pour prendre une autre piste plus compliquée à trouver. Puis au bout de quelques minutes, ils les aperçurent enfin au loin : ils montaient sur des chevaux qui n'avaient pas l'air en formes ; "Sans doutes les brigands les avaient souvent poussés au galop ses derniers temps" se dit Will avec dégout ; et ils semblaient perdre de la vitesse. Will et Gilan s'enfoncèrent dans les bois à côté du sentier avant que l'un des trois ait la bonne idée de se retourner.

-J'ai un plan, dit Will.

-Venant de toi ça ne m'étonne pas, sourit Gilan.

-On va rassembler des fagots et bourrer nos capes avec, puis on va les mettre sur les chevaux pour qu'ils croient toujours être suivis. Puis quand ils seront tournés pour fuir, on fera chuter les mannequins avec nos flèches : ses imbéciles nous sous-estiment, tu l'as bien vu dans l'auberge. Ils croiront que l'on est tombé de cheval puis ils ralentiront. De notre côté, nous avancerons rapidement dans la forêt et nous les assommerons en lançant nos percuteurs sur les deux premiers que nous verront, puis le troisième connaitra la douleur que peut procurer une flèche plantée dans le mollet.

-C'est parfait ! Regarde, on a de la chance pour une fois, ils font une pause ! dit Gilan en pointant du doigt les brigands. C'est parfait, on va pouvoir rembourrer nos capes pendant ce temps !

Les deux rôdeurs se mirent à l'œuvre en prenant par terre les branches qui étaient déjà coupés et en se promettant de les rendre aux paysans qui les avaient disposaient là.

-Vite, ils repartent Gilan ! le pressa Will.

-C'est bon j'ai fini.

Ils posèrent les mannequins sur leurs chevaux en leur ordonnant de s'arrêter et de fuir quand ils n'auraient plus rien sur le dos. Cet ordre faisait partis des nombreux que les chevaux apprenaient durant leur dressage pour devenir monture de rôdeur.

Tu veux vraiment que je fuis devant ces trois andouilles ! eu l'air de dire Folâtre, avec un regard étrangement indigné.

-Ne t'en fais, je sais que tu pourrais les battre à toi seul, lui dit Will d'un air amusé. Mais ils ont des arbalètes, alors les poursuivre comme ça seraient dangereux pour nous.

J'esquiverais les tirs, répliqua le petit cheval.

-Pardon mon grand, mais tu en serais incapable...répondit Will d'un air désolé.

Pour seule réponse, le cheval pouffa. Une fois les mannequins installés, les rôdeurs lancèrent leurs montures au galop. Les brigands, se retournèrent, alertés par le bruit, et partirent précipitamment. Les rôdeurs s'enfoncèrent alors dans les bois, et quelques minutes plus tard, ils tirèrent sur leurs mannequins respectives, en s'assurant que les trois brutes ne les regardaient pas au même moment.

Environ dix secondes plus tard, Alba entendit les sabots s'éloigner. Il se retournait et constata que les chevaux fuyaient, sans leurs cavaliers dessus. Confiant, il crut évidemment qu'ils avaient réussi leur fuite. Mais il devait quand même s'avouer que l'adresse des jeunes gens l'avait surpris. Puis la silhouette du deuxième homme lui avait parut familière. Il fut tout à coup saisi d'un horrible doute : si l'un des deux rôdeurs était justement Will, qui n'avait pas quitté son territoire natal... Si tel était le cas, ils avaient perdu leur effet de surprise en s'annonçant aussi bêtement. "Tant pis" se dit-il.

Pendant ce temps, les rôdeurs suivaient les brigands, qui avaient amplement ralentis l'allure. Les deux jeunes hommes se faufilaient en silence dans le bois, tels des fantômes. On n'entendait aucun bruit, mis à part le bruit des animaux nocturnes qui commençaient à s'éveiller, des branches qui craquaient sous le vent. La forêt s'assombrissait, ce qui donnait un avantage considérable aux deux rôdeurs. Ils se rapprochaient doucement mais sûrement de leurs "proies", sans que celles-ci ne se doutent de rien.

-On s'arrête là pour la nuit, cria Alba. Cela faisait une demi heure qu'ils avaient semés les rôdeurs, et ils ne donnaient aucun signe d'existence. On alternera les tours de garde : je commence, puis je vous laisse vous répartir la suite.

-Pourquoi on fait des tours de garde ? demanda Jérôme. On est en sécurité maintenant.

Alba inspira profondément. Ses deux acolytes n'étaient vraiment pas malins, ils ne se croyaient jamais en danger.

-Parce que, commença t-il calmement, deux rôdeurs sont au courant que nous existons et que nous voulons tuer Will. Et même si ils ne sont pas aussi dangereux que le racontent les récits, ils faut admettre qu'ils peuvent nous apporter quelques ennuis...

-Mouais, se contentèrent de répondre les deux autres.

"Patience" se dit Alba en son fort intérieur...

De leurs côtés, les rôdeurs avaient eux aussi établi un campement, non loin de celui des brigands. Mais eux ne pouvaient pas se permettre de faire du feu.

-Je n'ai pas envie de pourchasser ces idiots pendant des jours Will, dit Gilan. Si on a la moindre occasion d'attaquer ce soir, on attaque !

-Je suis de ton avis. Il est temps de leurs faire comprendre que les rôdeurs ne sont pas le moins du monde incapable de battre des pourritures de leur genre...

L'apprenti d'Araluen 13 : Rêves et légendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant