Jonathan Stevens se sent aspiré dans un espace froid, obscur. En ce lieu, il se tient face à une forme aux contours humains. Il la reconnaît, parfois elle se manifeste.
La gardienne du néant, la protectrice des mémoires.
Des sanglots s'écoulent de cette forme jusqu'à l'ombre de ses mains, des sanglots noirs. Le « Docteur » s'aperçoit que ses chaussures sont recouvertes de ce liquide gluant qui s'étend sur une grande partie de la surface du sol.
"Depuis combien de temps la forme pleure-t-elle ainsi pour avoir tant alimentée la surface ?"
Il n'y a aucun son en ce lieu, ni aucune lumière. La forme regarde J. Stevens. Nul mot ne sort d'un visage sans bouche. Elle baisse la tête vers le liquide étendu, et une lumière se reflète légèrement. Elle s'intensifie, puis devient une projection lumineuse qui sort du sol, comme le rayon projeté d'un escalier vers un sous-sol jusqu'ici caché.
La forme s'abaisse et regarde les images qui apparaissent dans le liquide... les mémoires. Elle prend la main de J. Stevens qu'elle serre de douleurs face à la dureté des souvenirs.
J. Stevens est revenu en 1989 dans l'enfance de Jack Sallow, quelques semaines avant le dernier entretien avec Hart Bietez, son intrusion précédente.
- Ah t'aimes le fouet sale garnement, mécréant impur qui ne respecte rien ! Allez dis le fort, que j'entende ! Dis-le !
L'imposant homme est positionné sur le gamin. Il le frappe. L'homme salive tandis que les coups portés engendrent les cris de douleur du jeune Jack Sallow. Il se passe un mouchoir sur le front humide. L'insonorisation du garage rappelle à l'enfant sa solitude envahissante. La douleur, il la sent, mais il n'a pas mal, il n'a plus mal, il n'a jamais mal.
L'adulte pénètre à l'intérieur de son âme, et avec son corps lui fait souffrir un martyre psychologique. Pendant ce temps, il hurle en le fouettant. Jack Sallow est pris dans la scène. Toutefois, il parvient dans le même temps à observer l'événement de l'extérieur, extirpé de son corps, point commun de survie de toutes les personnes dissociées, devant mettre les souffrances à distance.
La femme au visage marqué et aux habits froissés est à côté. Elle regarde. Nous pourrions penser qu'elle ne réagit pas. En réalité, elle rit nerveusement. A un certain degré de peur et de traumatisme, les sujets réagissent de manière opposée à ce qu'ils ressentent, principe de la discordance émotionnelle. Les pieds attachés à la vieille machine à laver, elle tend un bâton à l'homme violent qui lui rend un sourire en échange. L'enfant, intrigué, la regarde et lui dit :
- Mère, je pensais que vous n'étiez pas au courant ! aidez-moi ! supplie J. Sallow.
- Jess... murmure t-elle difficilement.
Le père lui flanque un violent coup de bâton dans le dos qui le projette contre le sol en commentant :
- Qui t'a autorisé à parler toi ! Tu aimes vraiment te faire redresser ! C'est ton truc ! On t'a dit de ne pas gueuler. C'est normal, je sais, de crier quand on extrait le mal d'une personne, mais hurle moins fort espèce d'injure au Seigneur et erreur de la Famille ! Mets-toi là, dessous, que je te purifie l'âme sale batard.
Les cheveux courts en bataille sous les efforts, le marcel transpirant, les bretelles qui tombent jusqu'aux chaussures délavées, le sexe serré par du métal, Amar de Gama met également son propre corps au supplice. L'odeur ne fait qu'ajouter à l'humiliation du garçon, que l'homme recouvre de pisse jaune, puis blanche...
La mère rit toujours nerveusement, les larmes aux yeux et la bave aux coins des lèvres qui ne cessent de s'ouvrir pour geindre. La perte de l'esprit est une absence discrète que son propriétaire ne peut remarquer. Son mari la menace pour qu'elle se joigne aux ébats.
VOUS LISEZ
L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 1) [vainqueur des WATTYS21... -Edité-]
Mystery / ThrillerVainqueur grand prix WATTYS 2021, Watts2022, deux Watt'Cheers 2022, Genesys ! Edité par ©2PO Science & Fiction, livres accessibles sur Amazon (Kindle & format Livres) : https://www.amazon.fr/s?i=stripbooks&rh=p_27%3ADr+Erwan+Dieu&s=relevancerank&tex...