Les 28 ships d'Ateez

Mon coeur dévoué

- Je me dévoue aux dieux, je leur livre mon âme, mon coeur, ma foi, et tout ce que leur bonté a pu me donner en ce monde.

La voix tremblante, je récite cette phrase d'acceptation de mon sort, les genoux nus à même le sol de marbre alors que de l'eau glacée se déverse en continue sur mes épaules, et mes mains pressent le sceptre que des milliers d'autres ont tenu avec la même ferveur et la même peur que moi.

Aujourd'hui, j'offre ma vie aux temples, je m'abandonne complètement du monde civil pour entrer dans l'état des hommes de foi, et si cela est un honneur, cela me galvanise tout de même.

Je sais que je n'ai pas la carrure d'un prêtre, nombreux sont ceux qui m'auraient désiré en soldat, mon corps grand et musclé n'a rien à faire dans un temple disent-ils.

Peut-être ont-ils raison, au fond, j'aurais sans doute été plus à ma place dans une salle de gardes ou dans une tente que devant les autels, mais j'ai fait une promesse que je me dois de tenir.

La cérémonie va durer toute la nuit, une nuit où je resterais agenouillé sous l'eau glacée qui tombe en rigole sur mon corps nu, à prier et écouter vaguement les chants des prêtres confirmés autour de moi.

Une nuit où de nombreux croyants vont passer près de moi pour s'irradier de la magie divine que je pourrais dégager.

Mes yeux se ferment et je me laisse emmener par le fil des prières répétées des années durant.

C'est la dernière nuit où je me nomme encore Jeong Yunho, la dernière où je conserve mon identité. Après cela, je prendrais le nom d'un des temples, abandonnant jusqu'à ma personne pour les dieux.

C'est cela pour moi le plus dur. J'aurais aimé conserver mon nom, ils ont une symbolique après tout, ce sont eux qui me font exister, mais bientôt, je n'aurais plus à me soucier de qui je suis. 

Je ne serais plus personne, qu'une âme vouée à ne plus penser qu'aux dieux.

La nuit de vocation est la plus dure affirment les prêtres, et après, on oublie bien vite.

Le froid engourdi mon corps, et je me laisse porter par mes pensées.

Hongjoong... Qu'est-ce que je ne t'aurais pas promis... Pour ton amour, j'ai donné ma vie, mais tu n'es pas là pour le voir...

Cette nuit est la dernière où je peux penser à toi en tant que Jeong Yunho.

L'image de ce jour où je t'ai rencontré pour la première fois est si nette dans mon esprit, comme gravée dans le cristal.

J'avais douze ans, je ne sais quel âge était le tien à ce moment-là, tu devais en avoir un peu plus, tu étais plus grand que moi à ce moment, aujourd'hui, on en rirait de ce détail, toi qui m'arrivait au menton...

Je rentrais d'une course avec des amis, j'étais essoufflé, rieur, complètement plein de l'adrénaline d'une victoire, tu étais calme, assis sur le bord de la route, à regarder l'horizon. Nos regards se sont croisés, cela aurait pu s'arrêter là, mais je me suis arrêté, et tu t'es levé. 

Pour qui, pourquoi, je l'ignore, ce jour-là a scellé nos existences.

«Bonjour, je suis Hongjoong.»

Je n'avais pas été capable de te répondre, j'étais resté planté là comme un idiot, bouche-bée, et tu avais rit.

Tu sais, déjà à ce moment-là, je m'étais dit que ton rire était la plus belle chose qui ne m'ai jamais été donnée d'entendre.

J'ai bégayé un bonjour aigu, je commençais à muer, et tu m'as pris la main, comme pour me calmer.

Tes mains étaient minuscules, les miennes déjà grandes, ce constat m'avait fait sourire, et je t'ai dit mon nom.