(Chapitre (court) écrit juste avant le message précédent, merci pour vos retours ! ^^)
L'air frais de l'hiver pointait le bout de son nez tandis que les dernières feuilles rejoignaient le sol, formant un tapis brun qui craquait sous les pas des passants. Le vent agitait les branches désormais dénudées et s'échouait sur les grandes baies vitrées de l'immense bâtiment, refroidissant ses pièces endormies.
Les jours de week-ends, la bâtisse prenait l'aspect de vaisseau fantôme. Rares étaient ses habitants qui parcouraient les longs couloirs et occupaient les salles désertes. La sonnerie hibernait pour quarante-huit heures et la plupart des lumières étaient éteintes, comme si un nuage gris passait, juste un instant, au-dessous d'un ciel étoilé.
C'était là un moment de répit, une expiration, l'arrêt soudain d'une animation fourmillante et d'une tension permanente qui laissait place à un calme et une sérénité que rien ne pourrait déranger.
Enfin, c'était sans compter les exclamations rauques et courroucées qui rugissaient de la salle des professeurs depuis déjà une bonne demi-heure.
Postée devant l'imprimante de l'établissement, Haruka ne cessait de secouer l'engin avec une certaine férocité. Cela avait beau être un établissement de prestige, il semblait que personne n'échappait à la malédiction des imprimantes bloquées.
La jeune fille avait pris la peine de se lever tôt un jour de week-end, plus tôt même que ce que lui demandait sa punition hebdomadaire, afin d'imprimer une petite photo de rien du tout. Juste une feuille, un bout de papier, une petite carte, un minuscule timbre. Mais le destin en avait visiblement décidé autrement.
Et la voilà, au niveau mille de l'exaspération humaine, à allumer et éteindre l'appareil, enlever et remettre du papier, taper le code encore et encore avec l'espoir, qu'avec un petit peu de chance peut-être, la garce de métal gris se décide à remplir sa seule et unique tâche dans l'univers.
Bien sûr, rien de tout cela ne changea quoique ce soit.
C'était une adolescente au bord du gouffre, étalée sur la machine à copier des exercices pour les élèves que Cementoss trouva en entrant dans la salle des professeurs, un thé chaud à la main.
« Haruka, dit-il plus surpris de voir la jeune fille que le câlin de désespoir qu'elle faisait à l'imprimante, Comment vas-tu ? »
Pour tout réponse, un faible pouce tremblotant levé en l'air.
« Un problème avec Heiwa ? demanda-il en s'approchant de la jeune fille. »
Cette dernière dégoulina de l'appareil pour s'étaler sur le sol, déjà vidée de toute son énergie.
« Vous lui avez donner un nom ? réussit-elle à dire.
-Oui. Heiwa, ce qui signifie paix.
-Personnellement je l'aurais appelée, Mendokuse, casse-coui... »
Soudain, un ronronnement se fit entendre et une feuille commença à apparaître comme par magie de l'autre bout de l'appareil. Ebahie, Haruka leva les yeux sur Cementoss qui venait, dans un geste doux et tendre, simplement d'appuyer sur un bouton de l'imprimante.
« Comment t'as fait ?? demanda l'adolescente, les yeux grands ouverts.
-Heiwa. La paix, Haruka. »
Elle leva les yeux au ciel. Cette explication ne la satisfaisait à peine. La prochaine fois elle prendra le temps de faire de la méditation avant d'exploser ce ramassis de pièces métalliques, si cela marchait aussi bien que le professeur le disait.
Cementoss saisit la feuille enduite d'encre d'une douceur qui lui était si singulière et la tendit à la jeune fille.
« Voilà, dit-il de sa voix profonde.
-Merci. »
Haruka se saisit du bout de papier et un sourire satisfait vint apaiser son air boudeur. Juste à quelques centimètres d'elle, le grand homme de béton posait un regard suspicieux sur la fille de son collègue, après avoir aperçu le contenu de l'image, quelques questions lui étaient venues en tête.
En temps normal, son esprit si calme ne se serait pas soucié des affaires de quelqu'un d'autre, et il serait parti vaquer à ses propres occupations sans s'en faire le moindre souci. Cependant, il s'agissait d'Haruka. Et, Haruka, ce n'était pas n'importe qui.
« Qui est-ce ? »
La jeune fille ne nota pas le ton légèrement plus grave qu'avait pris le professeur, et elle ne se doutait pas des arrières pensés qui l'animaient au travers de sa simple question. Alors, d'un ton léger, elle répondit :
« Ce sont des personnes qui étaient présentes au Festival, mais Nezu a supprimé leur photo du site de Yuei. Ils doivent être importants et je voudrais demander à Nezu qui sont-ils... Est-ce que tu le sais ? »
Cementoss scruta quelques secondes le bout de papier qu'elle lui tendait avant d'expliquer de sa voix douce et calme :
« Je n'en ai pas la moindre idée. Si Nezu les a retirés de tes photos, c'est qu'il devait avoir une très bonne raison. Ne t'en préoccupe pas trop, ce sont les affaires de Nezu après tout... »
Haruka haussa les épaules, n'ayant écouter qu'une oreille ce que venait dire le professeur. Elle le remercia pour son aide et le salua avant de tourner les talons pour se replonger dans l'immense labyrinthe qu'était Yuei. Cementoss la regarda partir, ne sachant pas vraiment quoi penser.
De sa haute stature, il haussa simplement les épaules et s'installa à son bureau, balayant toutes ses mauvaises idées pour se concentrer sur son travail.
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Avec l'énergie d'un blob Fish, la jeune fille triait pour la millième fois peut-être les archives de l'immense bâtiment. Déjà remontée à seize ans dans le passé, elle se demandait jusqu'où elle allait finir, jusqu'aux dinosaures si personne ne la sortait de là.
Oui, elle avait fugué Yuei. Oui, elle avait déjoué le système du lycée tout ça pour tomber dans les crocs d'une psychopathe. Si elle méritait une punition, Haruka aurait préférer subir une humiliation en place publique plutôt que de continuer cette activité épuisante et aussi vide d'intérêt que le lit de Minoru.
Son réveil prématuré et sa grosse colère matinale ne l'avaient pas mis de très bonne humeur, cependant, quelque chose la maintenait éveillée et parfaitement en alerte. Haruka voulait parler à Nezu, quoiqu'il en coûte.
Pour cela, elle avait un plan : la jeune fille devait attendre patiemment que le mini-directeur passe devant la salle des archives avant de l'appeler pour lui demander de l'aide. D'abord, elle lui demanderait où elle devait mettre cette pile de factures sans adresse qui ne cessaient de s'entasser, puis elle glissera discrètement quelques questions sur la photo qu'elle gardait précieusement dans sa poche. Etape un : attirer l'attention de la cible ; étape deux : obtenir les informations souhaitées. Et, d'une pierre deux coups, Haruka aura enfin sa réponse pour ces factures venues de nulle part.
Bien que son plan ait été parfaitement calculé, la jeune fille n'avait pas mesurée l'ampleur de l'étape zéro : attendre que la cible se présente. Et cela faisait maintenant trois heures, sans interruption, qu'elle triait toutes ces feuilles en sursautant au moindre bruit de couloir, mais toujours pas signe de Nezu.
Malgré son épuisement et son ennui des plus profonds, Haruka ne perdait pas espoir. Le soleil ne serait plus dans le sienne qu'elle attendrait encore ses réponses, quoiqu'il lui en coûte !
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Haruka Aizawa (Partie 4) [MHA]
FanfictionDans un monde où 80% de la population est dotée de supers pouvoirs nommés alters, ce sont les héros et les héroïnes qui maintiennent la Paix dans la société. Protégeant et défendant les civils des vilains, sauvant des centaines de vies des catastrop...