Haruka Aizawa (Partie 4) [MHA]

Chapitre 1

             Les sacs de poubelle s'entassaient dans un coin tandis que, dans l'autre, des montagnes de fiches bien triées grandissaient de plus en plus. Seulement éclairée par les plafonniers aux couleurs criardes et peu chaleureuses, la pièce à l'aspect austère ne devait son animation qu'au bruit constant de feuilles manipulées.

Assise en tailleur au milieu de ces tas de papiers et de sacs en plastique, la jeune Haruka Aizawa s'appliquait à accomplir sa punition avec son habituelle rigueur. D'un geste habile, et maintenant très habitué, elle prenait une liasse sur l'étagère pour la porter à son regard noisette avant de trier son contenu à la droite ou à la gauche de sa personne.

Les tas respectifs de déchets et de dossiers à garder étaient de tailles démesurées, témoignant du temps perdu dans la petite salle. Les heures s'accumulaient, tout comme l'ennui et la fatigue de la tâche qui lui était imposée.

Imposée et méritée, si la jeune fille se trouvait dans cet endroit, ce n'était pas en toute gratuité. Alors qu'elle se trouvait sous l'autorité d'une assignation à résidence, Haruka avait décidé de se rebeller en défiant les règles de l'établissement qui était pourtant son foyer.

La suite de son escapade, elle ne voulait pas y penser. Tout ce qui comptait pour elle, à présent, c'était de se faire pardonner pour cette bêtise qu'elle ne commettra plus jamais. Il n'était pas question de trahir de nouveau Yuei, alors que ce lycée était sa maison.

Les professeurs formaient comme une famille pour elle, et ses camarades de classe étaient ses amis. Elle était l'une d'entre eux, à part entière, et ils partageaient ensemble le même rêve de devenir des super-héros. Leur joie de la voir participer au concert du Festival avait été si grande, et l'émotion après la représentation si forte, qu'elle ne voulait plus leur causer du tort au nom de son unique égoïsme.

Il fallait protéger ce lieu qui était le cocon d'un avenir plus radieux, et effacer le tort qu'il lui avait été fait, en finissant sa punition par exemple.

La jeune fille releva le regard sur les étagères des archives. Des dizaines et des centaines de dossiers s'adossaient les uns contre les autres, attendant patiemment de se faire trier à leur tour. La jeune fille ne put s'empêcher de pousser un soupir de fatigue. Elle allait y avoir droit encore trois semaines, ou peut-être plus. Ce qui était sûr, c'était qu'elle n'en avait pas fini de sitôt.

Trois week-ends qui lui étaient encore retirés, pour le bien de tous évidemment. Avec cette punition salée, la jeune fille se dit qu'elle n'était pas prête de refaire une bêtise et que toutes ses envies de délinquance avaient disparues pour de bon. C'était ainsi qu'il fallait procéder, punir ce genre de comportements le plus tôt possible pour anéantir les potentiels agissements de vilains dans le futur.

Haruka marqua une pause à cette idée.

Elle prit quelques secondes pour prendre une longue respiration, et chassa les obscures pensées de son esprit. Puis son regard se posa de nouveau sur les feuilles qu'elle tenait entre ses mains.

Un nouveau soupir s'échappa de ses lèvres, agacé cette fois-ci. Il s'agissait encore de l'une de ses factures quasiment vierges, seulement affublées d'un numéro et d'un montant variant d'un mois à l'autre. D'un geste rapide, elle plaça la facture sur un troisième petit tas non loin d'elle, où d'autres de ses semblables attendaient patiemment.

Depuis des jours la jeune fille voulait demander à Nezu où elle devait mettre ces fichues feuilles, mais Monsieur Le Proviseur était bien trop occupé à régler la déconstruction du Festival qu'il n'avait pas le temps pour ce genre de question. Et Haruka avait sans cesse l'impression que ce petit tas ridicule l'empêchait d'accomplir totalement sa mission.