Chapitre 1

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Elle était sortie de chez elle en trombe après avoir attrapé son sac et enfilé ses chaussures, à cloche pied dans la rue, puis elle avait couru à en perdre haleine à travers la ville. Tournant de droite à gauche sans faire réellement attention à ce qui l'entourait, elle évitait les passants ainsi que les panneaux de signalisation avec miracle. Il n'était pas encore huit heures trente du matin et la sonnerie du lycée n'avait sans doute pas encore sonné mais en comptant la distance entre elle et le bâtiment, elle savait qu'elle louperait le début des cours. Son but était de limiter la casse et de ne pas dépasser les dix minutes de retard. Bien qu'habituée aux efforts physiques réguliers, ses poumons la brûlaient comme si sa dernière séance de sport datait d'il y a des mois. Arrivée au bout de la rue, elle se risqua à tenter un raccourci et prit donc le petit chemin isolé sur sa droite pour continuer sa course contre la montre. A sa droite, un long et haut mur cachait la ville se trouvant de l'autre côté, et à sa gauche, un petit ravin donnait sur un fin ruisseau d'eau clair. Lorsqu'elle était en avance, il lui arrivait souvent de s'arrêter quelques minutes pour observer le paysage qui décorait l'arrière de la ville mais pas aujourd'hui. Le long et interminable mur en pierre laissa sa place à une longue et épaisse haie verdoyante. Seule, sur le petit chemin étroit, la jeune fille accéléra la cadence et tapa le sprint du siècle. Elle avait presque atteint son but et se félicita de ne pas avoir trébuché une seule fois depuis le début de son périple. Un sourire se dessina sur son visage malgré l'épuisement bien visible qu'il affichait. Elle était fière. Puis la haie bougea. Tout se passa si rapidement qu'elle n'eut pas le temps de voir grand-chose. Elle sentit son corps percuter une surface dure et un gémissement plaintif lui échappa. Elle pu distinguer vaguement un torse s'écraser contre son visage transformant son sourire en une grimace caricaturale à mourir de rire. Ou de honte. Elle avait la désagréable impression qu'un rugbyman venait le lui faire le plaquage du siècle. Les deux corps roulèrent à l'unisson dévalant le ravin en plusieurs saltos digne des plus grandes gymnastes du pays pour finir par s'écraser l'un sur l'autre dans le petit courant d'eau gelé tout en bas.

Un grognement rauque et non dissimulé resonna dans l'air tandis que la jeune fille peinait à retrouver ses esprits tout en essayant de sortir son visage de l'eau pour ne pas finir noyée par inadvertance. Elle toussa plusieurs fois pour tenter de reprendre son souffle, coupé provisoirement par la douloureuse chute, avant de sentir la charge mouvante se dégager de son dos. Elle avait mal partout, ses vêtements étaient imbibés d'eau et ses long cheveux bruns dégoulinaient en cascade. Elle se redressa à genoux en tentant d'ignorer en vain la pique lacérante lui traversant la colonne vertébrale et tourna la tête dans un mouvement lent. Derrière elle, un jeune homme d'à peu près son âge était en train de se redresser avec bien plus de facilité. Elle lui adressa un regard aussi noir que son humeur et capta immédiatement son attention.

- Putain mais t'es qui toi... ?

La douleur grandissante à travers chaque membre de son corps venait de parler à sa place et le ton froid qu'elle venait d'employer sonna comme une agression. Elle vit le garçon devant elle cligner des yeux plusieurs fois avant d'entendre un « heu... ? » presque imperceptible. Elle le détailla avec minutie et haussa un sourcil en voyant son uniforme scolaire. Il était aussi trempé que le sien mais ce qui la frappa le plus fut plutôt les couleurs identiques à son propre uniforme. Ils venaient visiblement du même lycée. Le garçon frotta ses cheveux avec embarra, des cheveux blonds à l'aspect décoloré, et un sourire compatissant s'afficha sur son visage. Elle pu l'entendre de nouveau baragouiner une sorte de « héhé... » assez faible qui l'irrita fortement.

- « héhé » ... ? Je peux savoir ce qui te fais rire ? Tu aurais pu sérieusement me blesser et tu trouves ça drôle ?

Le blond fronça les sourcils presque immédiatement et son air embarrassé se transforma bien vite en un rictus de contrariété.

Monstre Marin [Atsumu x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant