Chapitre 2

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Debout, sur le quai de métro, elle attendait patiemment de pouvoir rentrer chez elle. Ses amis avaient changé de station, et elle était désormais seule au bord de la rame avec ses pensées. Aujourd'hui avait été le dernier jour de corvées forcé imposé par le principal du lycée. Il était tard et elle était ravie de pouvoir reprendre son rythme de vie habituel. La voix au micro indiqua l'arrivée du véhicule sur les rails et avant même de s'en rendre compte, elle s'était déjà faufilée à l'intérieur. L'une de ses mains était fermement accrochée à une barre en métal sur le côté, pour lui éviter une chute qui pourrait lui coûter une diminution de sa propre estime de soi, pendant que son autre main faisait défiler les actualités sur son téléphone. Rien de véritablement intéressant, sauf peut-être la qualification d'une lycéenne renommée à Tokyo, pour le tournois national d'art martiaux qui aura lieux en fin d'année. Elle détailla l'article avec attention et commença le lire à mille lieux de s'imaginer qu'elle serait les conséquences de son inattention dans un lieu public. Des doigts effleurèrent la peau de ses cuisses dénudées et elle releva instinctivement la tête. Elle vit vaguement dans le reflet de la vitre une silhouette masculine la surplomber de dos, tête baissée. Un frotteur l'avait prise pour cible et c'est dans ce genre de moment qu'elle regrettait de ne pas être née avec le sexe masculin. Elle n'aurait pas besoin de se promener avec une jupe à longueur de journée sous prétexte que l'école réclamait un uniforme féminin et décent. Elle se décala de quelques pas pour tenter de s'extirper de la situation désagréable qu'elle était en train de vivre mais vit l'homme à ses côtés se décaler à son tour, tentant de la suivre en toute discrétion. Elle ne voulait pas provoquer de scandale mais avait du mal à s'imaginer collé serré avec un inconnu pendant encore quatre arrêts, alors elle se décala à nouveau, tentant de prendre de l'espace. Ce genre d'homme était réputé imprévisible et persistant, et elle se demanda comment le pousser à arrêter son petit jeu déplacé. Elle n'eut pas le temps de réfléchir très longtemps qu'une autre silhouette, masculine et de grande taille, se dessina sous ses yeux, la séparant indéniablement de son harceleur. Elle en fit presque tomber son sac, tant la stupéfaction était de mise.

- Hana-chan, depuis quand est-ce que tu prends cette rame ? Je ne t'avais jamais vu ici.

Devant elle, la toisant de toute sa hauteur, Miya Atsumu dans toute sa splendeur lui faisait face. Elle l'observa quelques secondes sans réagir avant de reprendre son entrain habituel.

- Atsumu-kun ? Je pourrais te poser la même question.

- Je prends cette voie tous les jours pour rentrer chez moi en fait.

- Moi aussi...

Tous deux se dévisagèrent quelques instants sans réellement comprendre comment deux personnes prenant le même chemin tous les jours avait pu ne jamais se voir jusqu'à maintenant. Derrière Atsumu, le frotteur pesta, visiblement mécontent d'avoir été interrompu. Ce ne fut que lorsque le lycéen, bien trop musclé, pour son âge se retourna pour poser son regard sur lui que l'homme s'éloigna définitivement. Hana l'analysa longuement avant de croiser de nouveau son regard. Il était à seulement quelques centimètres d'elle et la frôlait parfois quand le métro s'arrêtait pour laisser sortir les passagers à leurs côtés. Elle fût de nouveau prise d'un sentiment incontrôlable d'infériorité en se rendant compte de la différence de taille flagrante qui les séparait. S'il ne baissait pas la tête pour la voir, il pourrait lui marcher dessus sans s'en rendre compte. Elle resserra inconsciemment la prise sur son sac et se colla davantage à la barre de métro. Sans doute par gêne, elle ne s'avait pas trop.

- Tu ne rentres pas avec ton frère ?

- On ne rentre pas toujours ensemble, et puis, j'étais puni je te rappelle. Tu devrais le savoir aussi bien que moi, camarade de corvées.

Monstre Marin [Atsumu x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant