Receuil D'idées

Le Retour

Mystère / Énigme / Exploration
__________________________________

Le matelas semblait engloutir mon corps alors que je luttais contre le sommeil. Comment cette chambre pouvait-elle être la mienne ?
Le regard rivé sur le petit lampion rouge éclairant la salle, j'essayais de me souvenir comment je m'étais retrouvé dans cette situation des plus étranges...

...Voyons, je marchais sur la côte sous un magnifique soleil couchant, jusqu'ici rien d'anormal, avant qu'un arbre solitaire ne rentre dans mon champ de vision.
Un arbre ? Je me souviens de lui, c'est comme ça que tout a commencé. Sur cette bande de terre recevant l'air marin et où je pouvais admirer les vagues orangées du soir, c'est lui qui m'a poussé à m'aventurer loin des derniers vacanciers. Il était à peine plus grand que moi, mais son tronc, lui, était assez massif pour me faire comprendre qu'il n'était plus tout jeune. Ses branches et ses feuilles sombres semblaient former un abri, déployé comme une large ombrelle pour qui viendrait s'installer contre lui.

Naturellement je m'en suis approché avant d'entendre un bruit étrangement familier sous mon pied, loin d'être le genre de bruit que l'on pourrait entendre en pleine nature. Un parquet ? Non, non évidemment qu'il n'y a pas de ça, ici, je m'étais donc accroupi pour en savoir plus sur l'origine de ce craquement, avant d'apercevoir une large planche en bois enfoncée dans le sol.
Elle possédait une poignée de fer finement décorée, à peine rouillée malgré l'humidité de l'air, quelqu'un aurait perdu cette chose récemment ? Encore une fois, non.

C'était en fait une trappe. Oui, une trappe sur une étroite bande de terre sur la côte, prise entre la mer et la lagune qu'elle formait en s'engouffrant plus loin dans les terres. Cela n'avait en aucun cas l'air d'appartenir à ce monde, ainsi disposée. Sans vraiment y réfléchir - car quel aurait été l'intérêt de le faire sinon ? - ma main s'est agrippée à la poignée pour tirer la planche vers le haut.

Quand j'étais petit, je m'amusais à soulever des pierres dans le jardin de mes parents. Il y avait tout un fourmillement d'insectes en dessous ! Cela ne cessait jamais de me fasciner. Mais cette-fois ci ce n'était pas un spectacle de rampants, de pattes grouillantes et de jeunes racines entremêlées, mais quelque chose de plus surprenant encore.

"Surprenant", pourrais-je trouver un terme suffisamment fort pour exprimer mon sentiment ce jour là ? Aujourd'hui, cette étonnante découverte fait mon quotidien. Sous cette trappe se trouvait un tunnel, pas de ceux sombres et humide mais de ceux qui, inexistant à mes yeux avant tout cela, sont aussi bien entretenus qu'un hôtel où jamais mon porte monnaie ne me permettrait de mettre les pieds, et pour couronner le tout, dont l'éclairage se reflète sur un carrelage de losanges.

Poussé par une force bien plus importante que ma simple curiosité, et malgré mon choc, je me surpris à quitter la surface en empruntant un escalier habillé d'un tapis rouge, la trappe se refermant après mon passage. Droit devant moi se dévoilait un couloir doté d'innombrables portes, au loin se trouvaient encore d'autres couloirs, en possédant sûrement eux aussi un nombre impressionnant. Le carrelage était brillant comme s'il avait été frotté durant des jours entiers, il était parsemés de losanges blancs et verts. Les murs étaient rouges, alliance de couleurs plutôt particulière, mais j'avais d'autres choses à penser.

Disposés au dessus de chaque portes, des lampions rouges semblaient épier mon avancée dans ce premier couloir, comme les sentinelles de ce lieu "hors du monde". Ma stupeur fût plus grande encore lorsque, au détour d'un couloir, le détail d'une porte m'interpella. Une petite plaque en bois se trouvaient en dessous du judas, et sur celle-ci, était écrit en fines lettres dorées un prénom.

De toutes celles devant lesquelles j'étais passé, aucune porte ne portait ce genre de plaque. Et sur cette porte était inscrit mon prénom. Devrai-je être terrifié ? J'étais beaucoup trop confus pour savoir quelle émotion il serait logique de ressentir.

- Pincez-moi, je rêve...

J'ai sifflé entre mes dents, parlant pour mon propre inconscient. Absorbé par l'observation de cette porte mystérieuse, j'y avais appuyé ma main. Très légèrement, je le jure ! Mais cela suffit à faire entendre un "clic", et la porte s'est ouverte devant mes yeux.

Comment cette salle pouvait être ma chambre ? Comment cette chambre pouvait-elle être la mienne ?