Chapitre 5. « For "if" is purely panic, and "when" is solemn sorrow »

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Je suis enfin de retour !

Je sais, ça fait bientôt un mois, c'est honteux. Mais mon excuse c'est que j'ai écris 5 chapitres sur 10 du bonus sur Ken et Alice. J'y suis presque !

Comment ça va vous sinon ? Vous passez de bonnes vacances ?

Plein de bisous et bonne lecture ! ❤️

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J'évaluerais à deux microsecondes le temps qu'il faut à mon père pour me prendre dans ses bras : j'ai à peine le temps de baisser la tête et de faire pivoter ma chaise de bureau pour lui tourner le dos dans une tentative nulle pour cacher mes larmes qu'il a déjà bondi de mon lit pour venir s'accroupir devant moi et m'attirer brusquement contre lui. « Brusquement » parce que je résiste d'abord en restant rigide vu que je veux pas qu'il me voit dans un été pareil et qu'il se sente encore plus mal qu'il doit déjà l'être. Mais je mets vraiment pas longtemps avant de baisser les armes et de me laisser mollement tomber dans ses bras.

Je suis comme un gosse : avachis plutôt que penché en avant pour que mon père m'étreigne, j'ai mon menton posé sur son épaule et mes bras passant sur ou sous ses épaules pour m'accrocher à son t-shirt de mes deux mains comme si j'avais huit ans. C'est rare qu'on se fasse des câlins. C'est rare qu'on en ait besoin.

Sanglotant pendant que mon père essaye maladroitement de me calmer à base de « chut j'suis là mon fils », d'étreinte forte et de quelques brefs bercements, j'ai trop mal au bide. Un nœud immense s'est formé autour de mon estomac et une angoisse que j'ai rarement ressenti commence à m'étouffer.

Si mon corps réagissait pas aussi violemment, je pourrais presque croire que je rêve : j'arrive pas à croire que ça arrive. J'arrive pas à croire que ma génitrice veuille réapparaître dans ma vie. Le concept de mère est tellement flou pour moi, son existence est tellement immatérielle que j'arrive pas à concevoir que je vais devoir faire le choix de pouvoir mettre un visage sur le bail ou non. Y'a juste le fait que j'ai envie de vomir qui me fait comprendre que je suis pas en train de rêver cette scène avec mon père.

Même si j'aimerais rester dans ses bras comme quand j'étais gosse pour qu'il me donne la sensation d'être en sécurité, je suis obligée de me détacher brusquement de lui et de foncer vers les toilettes.

J'arrive juste à temps pour par dégueuler mon repas du soir en début de digestion sur le sol. Putain je pensais pas avoir une réaction aussi violente. 

Fin'... Comment j'aurais pu prévoir ma réaction alors que jamais de ma vie j'avais pensé à l'éventualité que ma génitrice veuille faire ma connaissance ? Les seuls trucs que j'avais envisagé, c'était que même si je disais tout haut à Jude que je voulais pas la revoir, je m'étais quand même émis tout seul l'hypothèse qu'un jour en vieillissant j'allais peut-être avoir envie de la retrouver. Mais jamais le contraire. Putain, j'avais jamais envisagé qu'elle veuille revenir un jour. Pas après m'avoir abandonné.

Alors que je croyais m'arrêter à un premier vomissement, cette pensée me donne un nouveau haut-le-cœur, et je replonge la tête dans la cuvette. 

Je sens la main de mon père se poser sur mon dos et le frotter délicatement.

– Ça va, je parviens à dire d'une voix super faible pour le rassurer. Ça va passer.

Mon père répond rien, et il me serre simplement la nuque avec fermeté. Je le vois pas mais j'arrive quand même à ressentir un mélange de colère, d'inquiétude et d'amour dans son comportement. Je sais, c'est bizarre de percevoir tout ça, mais je le connais par cœur.

Bal MasquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant