Chapitre 6. « If you loved me how'd you never learn »

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Coucou, je suis de retour !!

Comment ça va vous ? Vous avez passé de bonnes vacances/fêtes ? Vous avez eu quoi comme cadeaux ceux·elles qui ont fêté Noël ? Et vous avez fait quoi de beau pour Nouvel An ?

Désolée d'être si longue à publier, j'ai aucune excuse, j'arrive juste pas à écrire. J'essaierai de faire de mon mieux à l'avenir

Plein de bisous et bonne lecture ! ❤️

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Le lendemain matin, j'ai pas la nausée. J'ai pas non plus envie de pleurer comme la veille. Mais je sens que mon ventre est noué, comme si j'appréhendais quelque chose sans pour autant arriver à trouver quoi.

Chialer m'a tellement vidé de mon énergie que je me suis endormi sans galérer, tenant la main de mon frère comme quand on était gosses, son front collé au mien en guise de soutien. On faisait toujours ça quand on dormait l'un chez l'autre étant petit, je sais pas pourquoi. Avant hier soir, ça faisait peut-être huit ans qu'on l'avait pas fait, dormant juste chacun sur notre matelas respectif. Mais ça m'a fait un bien fou de me retrouver de nouveau dans cette position, et ça m'a rassuré de ouf quant au fait que peu importe qu'on ait aucun lien du sang, Jude sera toujours plus ma famille que la vieille meuf qui veut me rencontrer.

Je me pose toujours mille questions à propos d'elle, je me demande toujours ce que j'ai fait de travers pour qu'elle veuille m'abandonner, mais ce matin je relativise de ouf : y'a aucune raison valable pour que je laisse une inconnue foutre en l'air ma vie alors que je peux totalement continuer d'ignorer son existence. Je suis plus fort que ça, avec mon père on est plus forts qu'elle et on va lui montrer qu'on a plus besoin d'elle depuis longtemps.

C'est avec cette détermination que je me lève aux alentours de onze heures. Jude a bougé vers neuf heures, histoire d'assister à au moins un cours de la matinée, mais il a passé tellement de temps à se préparer et à me demander si je voulais pas qu'il reste qu'il est sûrement arrivé en retard. De mon côté, j'ai pas encore eu la force de me lever, et je cogite depuis le moment où mon frère est parti tout en fixant le plafond : est-ce que j'ai quand même envie de la rencontrer pour lui faire bouffer mon bonheur et lui expliquer que j'ai jamais eu besoin d'elle et que c'est pas maintenant que ça va changer ? Ou est-ce que je continue d'ignorer son existence ?

Dans tous les cas, je pense qu'avant de prendre ma décision, j'ai besoin d'avoir des réponses de la part de mon père. Je veux savoir comment elle est, qui elle est. Maintenant je dois savoir. 

Pendant quelques années, la psy qui s'occupait de moi quand j'étais petit essayait de me pousser à poser des questions à mon père. Sous ses conseils, mon père me lançait des trucs du genre « est-ce que tu veux que je te parle de ta mère » ? « Mère ». Jamais « maman ». Parce que ce mot portait une marque d'affection que je ressentais pas du tout pour elle depuis le jour où j'avais été assez débile pour demander à mon père pourquoi j'avais pas de maman comme les autres enfants. Du coup à chaque fois qu'il me posait cette question, je répondais négativement. J'avais aucune envie de savoir qui elle était, parce que mes parents se résumaient à « papa » et « papa » depuis ma naissance, le concept de « mère » de mes zéro à sept ans s'articulant autour de l'image de celle de Jude. Mon père faisait le taff pour deux et j'avais pas besoin de connaître une personne supplémentaire alors qu'elle m'apportait rien à part des heures et des heures de psy et des traumas. Puis un jour, en sortant d'une énième séance - je devais avoir dix ans, je sais même plus - j'ai dit mot pour mot à mon père : « J'ai pas peur de te demander, elle est morte et c'est tout ». Il m'a plus jamais proposé de parler d'elle, et la psy m'a plus jamais conseillé d'engager une conversation sur le sujet avec lui.

Bal MasquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant