Chapitre 40 : Un Vice évalué (époque : 2021)

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Bureau du Vice-Président, 18H.

- Monsieur le Vice-Président. Je suis le Dr Estelle Dadavi. On a fait appel à moi pour vérifier votre santé, notamment mentale.

- Ma santé mentale ? reprend A. Buore.

- Oui, c'est une procédure classique. Je m'assure que vous n'êtes pas en état de choc, et si c'est le cas, que vous ne développiez pas un état de stress post-traumatique par la suite.

- Vous êtes sérieuse ma grande ? Je ne suis pas si fragile. Si vous pensez que c'est la première fois qu'on tente de mettre fin à mes jours. Je ne vais pas me laisser faire !

- Un état de stress aigu n'a aucun lien avec l'expérience ici. Je dois seulement vous poser quelques questions standardisées.

L'experte S. Dadavi prend soin de ne pas froisser l'homme puissant et autoritaire qui se tient devant elle. Une spécialiste de la santé mentale, spécialiste noire homosexuelle, n'est pas idéalement placée pour annoncer à ce Vice-Président américain qu'il souffre possiblement d'un psychotraumatisme.

- Il ne s'agit que d'une échelle de base, centrée sur les expériences d'adversité, qui nous indiquera s'il y a lieu d'approfondir l'entretien. Je vous pose douze interrogations, vous me les notez simplement de zéro à trois.

- Allez-y, qu'on en finisse vite Dr Papadi.

- Dr Dadavi, monsieur Buore.

- Qu'importe, faites vite.

Elle ne se réjouit pas de ces mots. Si A.A. Buore a ses expériences, S. Dadavi a les siennes. Aussi, elle poursuit ses explications.

- Zéro est l'absence du critère, un sa rareté, deux sa présence passagère, trois sa présence importante. Normalement ce test ne doit pas intervenir si vite, mais j'adapterai mon système de notation. Allons-y.

Après l'évaluation, elle conclut que A.Al. Buore a un score bien inférieur à vingt-deux, aucun trouble psycho-traumatique n'est alors détecté. Elle continue l'expertise sous la forme d'un entretien semi-directif mené à deux en la présence d'un agent de la CIA. Le Vice-Président explique qu'il n'a pas vu d'où l'agresseur est arrivé.

- L'homme avait le visage abimé, ensanglanté. Il s'est jeté sur moi. Il m'a tailladé le bras que j'avais placé devant mon visage pour me protéger. Ma secrétaire est apparue derrière le terroriste. Elle l'a propulsé contre le bureau. Je n'ai pas vu comment elle l'a désarmé. Mais... en réfléchissant, l'homme paraissait affaibli face à moi, avant même que sa tête heurte le sol. Ma secrétaire...

- Qu'est-ce qui vous fait sourire ? demande le Dr E. Dadavi.

- Je comptais la virer, juste avant l'agression.

- Vous la garderez finalement, commente l'agent de la CIA, certain de sa réponse.

- Etes-vous sérieux jeune homme ?

- Ce n'est pas tous les jours qu'une secrétaire sauve physiquement un homme politique de votre trempe.

- Je la renvoie quand même.

En constatant les propos du Vice-Président, le Dr E. Dadavi sourit à son tour. Cette affirmation était tellement prévisible.

- Bien entendu, je la remercierai d'être venue m'aider, nous ne sommes pas des bêtes, reprend-il en s'allumant un de ces cigares. Mais cela ne conditionne pas la sécurité d'emploi. Ou bien, dit-il en pensant tout haut et en caressant son fidèle chien, je la transfère dans mon équipe de garde du corps. A cette idée, il sourit.

Durant le reste des échanges, le Vice-Président explique le processus de civilisation de N. Elias. Il se lance dans un monologue, ne prêtant plus attention aux professionnels présents dans son bureau. Il conclut :

- Appelez-moi le journaliste Farrison, qu'il se rende utile pour une fois. Nous ajouterons quelques morts à l'histoire pour la rendre plus percutante, je me sens d'une âme romancière.

Dr J. Stevens FACE au NEANT [WATTYS21, 2 Watt'Cheers... -Edité-] (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant