04 - Dépression/Danse

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Peinture de Lucie Llong 

Mouvements amples et corps tremblant.
Le rythme s'emballe puis se calme.
Je vis le rythme.
Je danse comme si ma vie dépendait.
La musique se joue, s'arrête, s'embrase, se pose.
Mon corps suit et subit tant bien que mal tout ses ordres, haletant et transpirant. 

Même épuisé, je continue mes mouvements, mes pas, ma danse.
Il ne faut pas que je m'arrête.
Si je cesse de danser, je tombe et je meurs.

Le rythme m'appelle et mon corps y répond de gré ou de force. Même si le sol donne l'impression de s'écrouler, même si la tête me tourne, je dois continuer.
On me l'ordonne.
Danse ou meurs.
J'écoute.
J'abdique.
J'obéis. 

Mais, mon corps, tel un rouage, rouille. Je danse, encore et encore puis jette un œil autour.
Je danse seul.e

Mes mouvements se font moins précis. Mes pas se précipitent.
Puis je tombe.
Il faut que je me relève.
Mais comment y parvenir sans aide ?
Personne n'est là.
Je ne peux plus continuer.
Que dois-je faire si l'on ne me dit quoi faire ?
Quoi danser ?
Quel rythme suivre ?
Peut-être la mort serait-elle une délivrance ? 

Mais, une fois de plus, on m'intime de me relever.
On me force.
Encore.
Et encore.

Si je me relève, me dira-t-on quel pas je dois faire ?
Quel rythme je dois suivre ?
Quelle vie je dois vivre ?

Je n'ai plus la force de me relever. Cette-fois-ci, je préfère rester au sol et cesser de danser. Ce rythme que l'on m'indique, que l'on m'impose, que je me dois de faire est bien trop complexe, bien trop délicat à suivre.

Ce rythme qu'est celui de celui de la vie.
Je ne peux plus le continuer.
Je ne veux plus persévérer.

- Writober 2021 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant