Chapitre 5

64.3K 3.1K 2.3K
                                    

Abords d'Hell Street, Esolford

Lundi 29 mars

[Rosalia]

Après avoir fini mon service au Golden Steel, je marche dans les rues longeant Hell Street d'un pas rapide. Cela fait une heure que la nuit est tombée et traîner dans le coin si tard ne me rassure pas, surtout depuis cette histoire de supérette et de cristal.

Alors que la bouche de métro n'est plus qu'à une dizaine de mètres, j'aperçois une silhouette imposante prostrée devant celle-ci. Je ralentis le rythme de mes pas, ne lâchant pas la silhouette du regard.

Voyant que celle-ci ne bouge pas, je m'écarte le plus possible d'elle lorsque j'arrive à son niveau. Je m'applique à garder les yeux rivés devant moi afin d'éviter tout contact visuel, m'empêchant de voir qui c'est.

- « Rosalia », lâche la voix d'un homme.

En entendant mon nom, je me fige. Je reconnais cette voix. C'est celle de Dromos, le bras droit de Kahel.

- « Qu'est-ce que vous me voulez ? », dis-je sur un ton sec en continuant à fixer le sol. Je me concentre pour ne pas trembler. Il ne faudrait surtout pas que je lui montre que j'ai peur.

- « Viens avec moi », se contente-t-il de me répondre.

- « Et si je ne veux pas ? ». Je proteste sans bouger.

- « Je vais alors devoir utiliser la force », lâche-t-il en se rapprochant de moi, me surplombant de toute sa carrure. « Estime-toi heureuse que je te laisse une chance de me suivre sans faire de vague, l'humaine », ajoute-t-il avec mépris.

Un silence s'installe. Nous pouvons entendre le vent souffler, soulevant mes longs cheveux attachés en queue-de-cheval. Détestant le fait qu'on me dicte ma conduite, je serre les poings et sans crier gare, je me mets à dévaler les escaliers pour m'enfoncer dans la bouche de métro.

Surpris, Dromos décampe de sa position et me poursuit. Alors que je n'ai même pas atteint le premier couloir souterrain, je me heurte à une masse dure, ce qui me fait tomber en arrière, en plein sur les fesses.

Je lève la tête et croise le regard sévère de Dromos qui me toise de toute sa hauteur. Comment a-t-il fait pour me rattraper en si peu de temps ? Je ne l'ai même pas vu bouger. Est-ce ça la fameuse vitesse surhumaine des démons ?

- « Tu n'espères quand même pas m'échapper ? Ou bien es-tu idiote ? », me lance-t-il avec sarcasme.

J'avoue que pour le coup, mon plan n'était pas très réfléchi. Mon entêtement m'a fait oublier que j'avais affaire à une créature aux capacités physiques supérieures aux miennes.

- « Je ne vous suivrais pas. Je vous l'ai dit l'autre jour, je n'ai pas ce que vous semblez chercher », dis-je en me relevant.

- « Tu nous as menti et tu le sais. Pas de chance pour toi, un de tes voisins t'a vue rentrer chez toi avec ce sac de courses contenant le cristal. J'ai fouillé chez toi et il n'y est pas non plus », grogne-t-il. Je sens qu'il perd patience.

- « Peut-être parce que je ne l'ai pas ». Je m'entête à répondre avec mépris.

- « Ça suffit, tu m'agaces, petite insolente », lâche-t-il.

Sans me laisser le temps de réagir, il me donne un coup à un endroit très précis sous la nuque. Avant même de pouvoir réaliser ce qu'il vient de faire, je tourne de l'œil et m'effondre.

* * * * * * * * * *

Hell Street, Esolford

DARKLESS (édité chez Korrigan éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant