Chapitre 6

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Hell Street, Esolford

Lundi 29 mars

[Rosalia]

Assise dans cette pièce vide et humide, je pose mon menton sur mes genoux repliés contre ma poitrine. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis enfermée ici. Cela peut faire une demi-heure tout comme deux heures, je n'en sais rien.

J'ai atrocement besoin d'aller aux toilettes et je ne sais pas si ces monstres me laisseront sortir de temps en temps d'ici. Ils ne vont quand même pas me laisser nager dans mes besoins ? C'est dégueulasse.

Je pousse un soupir désespéré quand il me semble entendre un bruit derrière la porte. Soudain, celle-ci s'ouvre sur Monsieur Arius. Sans même attendre un mot de sa part, je me lève précipitamment.

- « Eh bien, ma chère Rosalia, on peut dire que tu es dans de beaux draps », commente-t-il avec son sourire habituel.

- « Sans blague, je ne l'avais pas remarqué ». Je chuchote avec ironie.

- « Je t'entends, tu sais », répond-il.

Foutue ouïe de démon surdéveloppée.

- « Je suis venu te sortir d'ici », reprend-il en me fixant.

- « Et Kahel vous en a donné l'autorisation ? », dis-je en haussant un sourcil.

- « Évidemment. Sinon je ne serais pas ici », se contente-t-il de me répondre.

Bien sûr, à quoi je m'attendais ? Il ne désobéirait pas à son maître pour une vulgaire humaine comme moi, employée ou pas.

- « Quelles sont les conditions ? ». Je demande après quelques secondes de silence. Je suppose que je ne suis pas libérée gratuitement.

- « Tu es maligne, à ce que je vois », constate Monsieur Arius. « Tu ne devras parler de ta situation à personne. Tu devras faire le moins de déplacement possible et ne jamais entreprendre des voyages particuliers sans nous en avertir. De plus, tu n'effectueras plus le trajet de chez toi au Golden Steel en transport en commun. Un chauffeur te conduira », m'explique-t-il.

Je ne vais pas me plaindre d'avoir un chauffeur, mais ces conditions énoncées ont clairement pour objectif de garder un œil sur moi. Pour ce qui est de garder ma situation secrète, c'est trop tard, Will est au courant. J'espère qu'il ne lui arrivera rien. J'ai au moins besoin d'une personne à qui parler de tout ça.

- « Suis-moi, sortons d'ici, tu veux ? », me lance-t-il ensuite.

Je le suis et quitte cette maudite pièce qui fut ma prison pendant cette soirée. Nous montons un escalier en colimaçon avant de déboucher sur un couloir. Le changement d'ambiance me frappe. Là où le sous-sol était lugubre et humide, le couloir dans lequel nous continuons notre avancée est parfaitement entretenu.

Lorsque nous arrivons dans un grand hall après plusieurs bifurcations, mes yeux s'écarquillent. On est loin de la maison hantée pleine de toile d'araignée que je m'étais imaginée. Le carrelage d'un noir parfait ne présente aucune trace d'une quelconque saleté et un magnifique lustre de cristal pend au plafond. Je constate que la salle dans laquelle nous nous trouvons est ronde et présente une multitude de portes dans son contour. Mais où est-ce qu'on est ?

Laissant mes yeux se balader sur les lieux, je continue à suivre Monsieur Arius d'un pas machinal. Nous prenons une porte, traversons une sorte de hall d'entrée avant de nous retrouver à l'extérieur.

La fraîcheur de la nuit me mord la peau. Je serre ma veste contre moi, essayant de me couvrir un maximum puisque Kahel m'a impunément déchiré mon haut.

DARKLESS (édité chez Korrigan éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant